𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕

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AVA

J'ouvre les yeux lorsque j'entends toquer à la porte de ma chambre. La tête blonde de Louise apparaît d'en l'entrebâillement de la porte.
– Les gars arrivent dans deux minutes si jamais tu veux te changer en speed ou quoi.
– Ok, merci beaucoup, lui souriais-je.
Elle referme la porte et je me regarde dans mon miroir. Bon, bah je pense que je vais juste changer de chaussures et mettre une veste, parce que, malgré l'air chaud de la Californie, je pense qu'il va faire frais. Autant être prête. Oh pitié, revoilà ma facette « juste au cas où ». Pff. Je souffle et mets des Air Force 1 avec ma veste Ferrari par-dessus mon sweat. Je brosse mes cheveux bruns rapidement afin de les attacher en un chignon coiffé/décoiffé. Je sors de ma chambre rapidement et rejoins les garçons dans le salon.
– Eh bien ! Elle a enfin daignée se montrer la brune ! Fait Lewis lorsque j'arrive.
– Désolée, je dormais, j'étais claquée.
– T'inquiètes, je disais ça en rigolant.
Je lui souris et nous sortons après que j'ai fait un bisou mimé à Louise.
Au bout de quelques minutes de marche, je demande :
– Vous avez une voiture ou un truc du genre pour y aller ?
– Nan, du tout, on va dans un parking et on te propose de t'emmener à une course qui est à une demi-heure d'ici, mais c'est vrai qu'on a pas de véhicule.
Je lève les yeux au ciel en souriant.
– J'avoue, question stupide.
Nous montons dans une Audi noire aux vitres teintées.
– Oula, vous êtes sûrs que vous me kidnappez pas ?
Les deux garçons se regardent à l'avant, Andrew au volant et Lewis sur le siège passager.
– Dommage... ce n'est désormais plus un secret, fait Lewis théâtralement.
Je secoue la tête et nous parlons de courses tout le long du trajet.

Nous arrivons une demi heure plus tard devant un parking. Nous nous garons et descendons. Alors qu'on se dirige vers l'entrée, Andrew et Lewis sortent une carte. C'est une carte d'adhésion. Merde. Je fais comment moi ?
– On va t'en faire faire une t'en fais pas, me répond Andrew qui a compris mon stress.
J'acquiesce et nous entrons dans la grande bâtisse. Sur le mur de l'accueil, des lettres forment le nom du circuit « Auto Club Speedway ». Je sens l'excitation monter. Roh c'est génial. Je ne pensais aller voir une course dès la première semaine, du deuxième jour même ! C'est super.
– Bonjour Alicia, fait Lewis, on vient voir la course.
– Salut Lew', oui pas de soucis, montrez moi vos cartes.
Ils la lui tendent et elle me regarde.
– Euh, je n'en ai pas mais je compte piloter ici, donc je pensais m'en procurer une ce soir justement.
– D'accord, je scanne la-leur et après je te crée la tienne, me sourit-elle.
Pendant qu'elle s'affaire, je la détaille. Elle est grande. Très grande même. Elle a un carré blond et maximum trente cinq ans. Elle doit connaître les garçons depuis longtemps. Elle porte une veste de racing floquée au nom du circuit.
Elle tend après quelques minutes leur cartes aux garçons et me demande mon nom, prénom et mon âge.
– Ava Wilson et j'ai 19 ans.
– Bien, adresse mail ?
Je la lui donne et elle me donne une carte. Je souris rien qu'en la regardant. J'ai tellement hâte de voir la course ou même de re-piloter ! Les deux garçons doivent avoir remarquer mon enthousiasme puisqu'ils me regardent en rigolant.
– Toi t'es heureuse, fait Lewis tout sourire.
– T'imagines même pas à quel point ! Lui souriais-je.
Il rit et nous nous installons dans les gradins. Le circuit est ovale, comme dans Cars ! Bravo les références Ava. C'est génial. Le monde arrive petit à petit et je discute tranquillement avec les gars. De là où on est, on voit les paddocks en bas. Les différents pilotes se préparent. C'est dingue de se dire qu'un jour ce sera peut-être moi ici. Enfin, dans ces paddocks, parce que j'ai déjà fait des courses. C'est d'ailleurs la dernière fois que j'ai piloté. Peut-être même conduit. Mon Dieu, il va falloir que je m'y remette immédiatement.
On entend d'ici les moteurs des voitures qui chauffent en bas. Elles se mettent une à une sur la grille de départ, et, lorsque les trois cercle rouge disparaissent, les voitures foncent. C'est génial ! On les voit faire un tour de chauffe et ensuite passer aux choses sérieuses. Je suis la troisième des yeux. Je pense que c'est la personne qui a le plus de chances pour cette course. On en est au trente cinquième tour sur quatre vingt dix et elle a remonté de sept places. Il suffit qu'elle ai été mauvaise aux qualifications. Le véhicule a l'air plus adapté à ce genre de circuit. Le pilote doit être très compétent. Il vient justement de passer deuxième.
Ce fut cela pendant une bonne heure. Le premier et le deuxième se débattait et les dernières places étaient assez mobiles aussi. Finalement, c'est celui que j'avais prédit qui arrive premier. Je saute de joie et les garçons à côté de moi aussi. Ça a été très animé de leur côté : Lewis n'arrêtait pas de faire des « merde » ou des « vas-y vas-y double-le » ou encore « putain, sa roue arrière est crevée et personne fait rien ». Car oui, celui qui est arrivé cinquième avait aux quarantième et quarante-et-unième tours la roue arrière droite crevée. Son équipe a fait quelque chose seulement trois tours après s'en être rendue compte. Pas hyper efficace tout ça.
Nous sortons finalement après tout ça. Il y avait une queue phénoménale.
– Eh, vous voulez qu'on aille voir les pilotes ? Demande Andrew.
– On peut ?
– Évidemment. On est pilote aussi, on peut aller dans les paddocks où on a l'habitude de courir.
Je hoche la tête. C'est assez étrange de pouvoir aller voir les autres pilotes sous prétexte d'en être aussi, mais, après tout, cela peut peut-être créer des affinités.
– Tu penses qu'il y aura Jake dans les stands ? Demande Lewis à Andrew.
– Oui. À mon avis ouais parce que c'est le mécanicien de cette écurie.
Le blond hoche la tête et je les suis derrière tout en admirant les locaux. Il y a beaucoup de salles. J'ai aperçu deux salles de réunions, une de meeting, et il y avait une énorme pièce où se déroulait les interviews. Ce monde m'a manqué. Beaucoup manqué. Lewis se retourne pour s'assurer que je les suis et sourit face à mon admiration.
– C'est beau hein ?
Je hoche la tête rapidement ce qui le fait rire discrètement. Les locaux sont beaucoup plus modernes que là où je courais quotidiennement. Bien évidemment, j'ai déjà vu des locaux semblables à ceux-là mais, c'était totalement différent. Je ne l'avais pas l'occasion de les détailler comme je le fais actuellement. J'ai fait des courses dans presque tous les états du pays, mais jamais en Californie (c'était d'ailleurs une des raisons pour laquelle j'ai voulu venir ici).
Je détourne finalement le regard des locaux pour le poser sur les garçons.
– Dites, on va au stand de quelle écurie ? Je leur demande alors que nous arrivons au niveau des stands.
– Ferrari.
J'écarquille les yeux. Je ne suis jamais rentrée dans leurs paddocks ni leurs stands. Ou peut-être une fois. Oui, en fait, j'y suis allée avec Lycia, mon ancienne partenaire de course. On était toutes les deux chez Aston Martin. Et puis, un jour, elle a décidé d'arrêter. Peu importe. Ferrari représente tout pour moi. C'est pour cette écurie que je rêve de piloter. Bien évidemment, je n'ai pas le niveau requis, mais, qui sait, peut-être que dans un futur proche je me serais améliorée et je courrais pour eux ?
Les garçons avancent tranquillement vers le stand de Ferrari tandis que je tente tant bien que mal de contenir mon excitation. Lewis se dirige vers l'un des mécanos et lui fait une tape amicale.
– Salut mec, lui fait ce dernier. Ça fait un bail qu'on vous a pas vu ici.
– Ouais, désolé Jake, on était occupé avec la rentrée à la FAC et tout le reste.
– Ah ouais, c'est vrai, vous bossez à côté. Putain je sais vraiment pas comment vous faites.
Andrew rit en secouant la tête et lui dit :
– On nous a laissé champs libre le temps du mois de septembre.
– Putain la chance, refait le châtain.
– Oui, ça a ses avantages d'être chez Mercedes mon pote, fait Lewis.
Le dénommé lève les yeux au ciel et les pose sur moi. Il hausse un sourcil en direction des garçons.
– Oh, ouais, se rappela le blond. Je te présente Ava Wilson. Elle pilote mais ça fait un p'tit moment qu'elle a pas conduit. Elle va s'entraîner ici de temps en temps avec nous. Ava, voici Jake Harris, le meilleur mécano de tous !
– Arrêtes, tu vas me gêner, dit ce dernier.
Je ris et tends la main vers lui.
– Enchantée.
Il la sert et me sourit gentiment :
– J'espère qu'on te comptera rapidement parmi les pilotes de la saison.
J'hoche la tête et lui réponds :
– Aucun souci, c'est mon objectif numéro 1 ce mois-ci. Me faire remarquer par une bonne écurie.
– T'as raison, fait Lewis. T'étais chez qui avant ?
– Aston Martin.
Andrew hausse un sourcil et dit :
– 'Scuses nous.
Je ris et leur rappelle qu'ils sont chez Mercedes.
– C'est vrai, elle a raison, fait le blond.
Nous discutons encore un peu. Jake nous a emmené dans une des salles de repos de chez Ferrari. Tout est très... rouge. J'aime bien. Ils parlent des prochaines courses et j'essaie de me fondre aux conversations. L'heure vient finalement pour nous de partir étant donné qu'il est 1h du matin. Ce n'est pas qu'on a cours demain à 8h mais quand même un peu. Nous saluons donc le mécanicien et le reste de l'équipe qui nous a accueillie.
La route du retour se fait dans le calme. Malgré la superbe course à laquelle nous avons assisté et le super moment passé avec Jake, nous sommes tous épuisés. Je ne comprends d'ailleurs pas comment Andrew arrive à conduire.
Les garçons m'ont déposé devant mon immeuble et sont repartis juste après m'avoir salué. J'avance jusqu'à l'ascenseur d'un pas lourd. La fatigue se fait de plus en plus ressentir. Ce n'est que la première semaine et je suis déjà claquée. Eh bah ! Ça promet ! Le ding qui m'annonce que je suis à mon étage me réveil. Je peine à trouver le trou de la serrure et rentre dans l'appartement en m'affalant sur le canapé. Ma chambre et mon lit sont bien trop loin pour moi. Je ne me sens même pas m'endormir.

– Ava ! Ava ! Réveilles toi sale marmotte !
– Humpf...
La voix de Louise me tire de ma rêverie.
– Tu t'es bien éclatée hier, c'est génial, mais là, t'as cours ma vieille, tu ferais bien de te dépêcher.
Je me lève dans un sursaut et cours jusqu'à ma chambre. Je me regarde dans mon miroir et remarque avec horreur que je ne suis pas démaquillée et que ce qui me servait, fut un temps, de cheveux me sert aujourd'hui de choucroute !
– Roh c'est la merde ! Dis-je à haute voix en fouillant avec empressement dans mon tiroir.
Je prépare mes affaires rapidement et fonce à la salle de bain. L'eau est froide, ce qui signifie qu'Adri' a pris sa douche il y a un moment déjà.
Je me lave rapidement et m'habille. Je déverrouille la porte de la salle de bain, la brosse accrochée à mes soi-disant cheveux et toutes mes affaires dans les mains. J'entends les filles pouffer depuis le salon. Tu m'étonnes ! Je regarde l'heure et découvre qu'il me reste seulement dix minutes pour me maquiller et déjeuner. Je me maquille donc rapidement et enfile mes Jordan bleu marine que j'accorde avec mon sweat Nike bleu électrique et mon jean noir. Je cours à la cuisine et déjeune en vitesse. Lorsque le téléphone de Louise sonne pour nous annoncer qu'on doit partir, je viens de ranger mon bol dans le lave-vaisselle. Les filles m'applaudissent et je mime une révérence. Elles rient et nous sortons de l'appartement. Je suis toute essoufflée lorsque nous descendons les escaliers.
– Quelle idée de rentrer aussi tard en même temps ? Me fait Adrianna alors que je me plains de mon manque de sommeil.
– Je sais pas, j'ai pas vu l'heure tourner. Et puis dans tous les cas, je suis censée être emmenée par les garçons. Je me vois mal réclamer rentrer.
– Vu comme ça, fait la blonde. Bon, je vous laisse, moi c'est par-là ! Bisous !
Elle s'éloigne de nous vers le côté Est du campus. Adrianna et moi avons cours dans le même bâtiment. Mon CAA est au troisième étage, tandis qu'elle est au cinquième. Nous discutons en chemin et je lui demande :
– Alors, toi et Logan ça donne quoi ?
Elle soupire.
– Oh tu sais, « c'était juste pour un soir ».
Elle détourne le regard vers le gymnase qui cache le terrain de soccer et de football.
– Tu aurais aimé plus ? Je demande calmement.
– Je ne sais pas. Tu sais, on a beaucoup discuté et il est vraiment sympa. Je ne le connais pas assez pour vouloir quoique ce soit, tu vois ? Mais je me vois pas ne plus lui adresser la parole et rester « Adrianna la meuf d'un soir ». J'ai peur qu'il m'ignore totalement après ça.
Je pose ma main sur son épaule.
– Écoutes, pour l'instant tu ne l'as pas revu, mais, ne te poses pas trop de questions. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire mais franchement décompresses. Au pire c'est qu'un mec parmi 4 milliards d'autres. Au mieux, c'est « Logan, notre pote et peut-être mon plus ».
Elle me sourit et me remercie.
– Merci beaucoup, t'es un amour !
Et elle part vers son étage. Je me rends donc tranquillement vers mon cours. J'aime bien cette option mais ce n'est pas celle que je préfère. Certes, j'aime dessiner, mais je n'en ferai jamais ma vie.
Après mon cours, j'envoie un message aux filles sur le groupe pour leur demander ce qu'elles ont comme cours.
– Je vais en psycho, m'informe Louise. T'as pas cours toi ?
– Nan, c'est pour ça que je vous demandez.
– Merde. C'est pas un cours que je peux rater en plus, je veux avoir mon année. Demandes aux gars sinon.
Je réfléchis. C'est vrai que les gars ont plus ou moins les mêmes cours que moi.
– Je vais appeler Andrew.
– Vas-y, appelles le. Tu me redis par message ce qu'il en est.
– Oui pas de soucis ! Bisous ! Bon cours !
– Merci ! Bisous Vava !
Je raccroche en souriant. Je chercher dans mes contacts Andrew. J'ai prit son numéro lundi pour le circuit ou même pour les cours. J'ai aussi celui de Lewis mais je ne me vois pas l'appeler à 9H. Alors qu'Andrew, ça ne me dérange pas de le faire chier un peu.
Et c'est après deux sonneries, quelques insultes sur l'heure, une discussion entre un ogre et une étudiante, et dix minutes, que je me retrouve sur le parking de l'une des entrées de l'université. J'aperçois la voiture dans laquelle j'étais la veille. Je la détaille longuement : c'est une Audi S5 noire avec des vitres teintées. Ça ne m'étonne pas vraiment, le modèle lui correspond assez bien je trouve. Lorsqu'il arrive à mon niveau, il abaisse la vitre avant côté passager et me fait signe de monter. Je sens que le voyage va être sympa.

Race Of My Heart (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant