Race Of My Heart (Tome 1)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟕

ANDREW

     Le bruit des moteurs de l'avion me réveil. J'ouvre les yeux doucement et regarde à travers le hublot les nuages que nous surplombons. Le ciel bleu matinal est magnifique. Il y a une odeur de chocolat chaud à ma droite, et, lorsque je tourne la tête, je découvre Lewis, un bol de lait à la main. 

– Tu en veux ? L'hôtesse (très charmante au passage) me l'a apporté quand tu dormais.

     Je secoue la tête négativement et reporte mon attention autour de nous. Des passagers dorment tandis que d'autres parlent et rient. De l'autre côté de l'allée, Ava est endormie et semble avoir un sommeil assez agité. Elle a des espèces de sursauts de temps en temps. 

     Après qu'on se soit embrassé jeudi soir, j'ai pris conscience que la date de son décès était on ne peut plus proche. Malheureusement, demain, cela fera deux ans qu'elle est morte dans cet accident. Et ça me rappelle que ça peut arriver à Ava à tout moment. Je risque trop en m'attachant à elle comme je le fais. Il n'est pas trop tard. Et puis il faut que je me concentre sur ma course. Elle va piloter au mois de février. D'ici là, j'ai le temps d'être tombé fou amoureux d'elle au moins trois fois. Ce serait de la folie. Et si il lui arrivait la même chose qu'à elle ? Je refuse de revivre ça une seconde fois. J'ai perdu trop cher en offrant mon cœur à quelqu'un qui n'en prenait pas soin. Ma relation avec elle, avec Émilie, était carrément toxique. Prononcer son nom, même dans ma tête est horrible. C'est insupportable. À l'époque, lorsque je pensais à son nom, je pensais directement à quel point je l'aimais, à quel point j'avais besoin d'elle. Aujourd'hui, je ne l'associe plus qu'à de la peur et de la toxicité. Cela fait longtemps et pourtant c'est toujours aussi douloureux. J'essaie de passer à autre chose, mais, chaque fois que je me retrouve au volant de ma monoplace, j'ai la boule au ventre. J'ai l'impression qu'il pourrait s'agir de la dernière fois, pas nécessairement pour moi, mais aussi pour Lewis et maintenant pour Ava. Seigneur merci elle ne pilote pas ce week-end, elle vient juste pour assister à la couse et nous soutenir, ou nous donner des informations sur le circuit ainsi que des techniques de conduite. La dernière fois, elle a réussi à gagner en pratiquant l'Undercut. Le truc c'est que j'ai peur de lui parler parce que je sais que je vais m'attacher à elle encore plus. Je pense que la meilleure solution est donc que je m'éloigne d'elle. Oui, c'est ça, c'est ce que je vais faire. Il faut vraiment que je me concentre. 

     Lewis me donne une tape sur l'épaule me sortant de ma rêverie. 

– Mec, même les yeux ouverts on dirait que tu dors.

– Te fous pas de ma gueule, j'suis fatiguée à mourir. J'ai l'impression que je vais pas tenir le grand prix, c'est horrible.

     Il s'incline sur le côté de façon à se trouver en face de moi. Son regard a changé. Ses yeux expriment toute la douleur que je ressens. 

– Écoutes Drew', je sais que c'est difficile pour toi. Je sais que demain est pour toi la pire journée de l'année et probablement la plus insupportable. Mais je te demande, pour moi, pour les gars, pour nous tous mais surtout pour toi d'essayer de t'amuser, de profiter et de t'éclater. Tu dois avancer, même si c'est dur. Ce n'est pas parce que sa vie s'est arrêté ce jour-là que la tienne devrait faire de même. Ici, il y a des gens qui t'aiment, qui te soutiennent. T'es Andrew Anderson merde ! T'es un des meilleurs pilotes de cette saison, tu cours chez Mercedes ! Il y a des gens qui payent une fortune pour venir te voir dans cette bagnole putain ! Profites de l'instant présent au lieu de rester bloqué dans un passé qui te bouffe en continu, dit-il d'une traite, en manque de souffle.

     Je ne sais pas quoi dire. Je le regarde longuement, cherchant quoi lui répondre. Je sais qu'il a raison. Sur toute la ligne. Mais, je refuse d'oublier ce qu'il s'est passé. Comme s'il m'avait entendu, il ajoute :