𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟗

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ANDREW

     La Q3 est dans quinze minutes. Le massage que m'a fait Esteban hier m'a fait le plus grand bien, mais ça n'attenue pas la douleur que je ressens aujourd'hui. Putain ça fait exactement deux ans qu'elle est décédée. Je ne sais plus où donner de la tête. Je reçois des regards tristes de la part de tout le monde. Les filles ne comprennent rien et moi je stresse juste pour ma course. Enfin bref, la misère quoi. Je fais comme je peux pour garder la face, comme si de rien n'était, mais franchement, avec tous les regards qu'on me lance, j'ai du mal. Je marche à travers le stand à la recherche de quelque chose à faire pour me changer les idées ou, je sais pas, m'occuper quoi. J'aperçois au loin Ava parler à Lewis. Il me regarde de loin et hoche la tête en regardant à nouveau la brune. 

     Je souffle un grand coup et part vers Logan. 

– Eh, ça va ? Me demande-t-il lorsque j'arrive à son niveau.

– Super, lui répondis-je en souriant comme je peux.

     Il me regarde hoche la tête et se reconcentre sur ce qu'il fait sur ma monoplace. Je sais qu'il voit que je ne vais pas bien, mais, contrairement aux autres, il ne pousse pas plus loin. Il me tend une clé à molette et m'indique quoi faire. J'ai beau être pilote, j'aime beaucoup l'aidé sur les voitures, c'est cool. Et puis ça me détend. 

– Vérifie ce côté là, je me charge de l'autre, m'indique-t-il.

     Je fais ce qu'il me demande et le quart d'heure qui précédait la Q3 passe plus vite que prévu. On nous annonce qu'on doit aller dans les monoplaces et je m'y rends donc, réticent. Je cherche toujours un moyen de me calmer lorsque je vois au loin Ava. Mon cœur ralenti au fur et à mesure que je me concentre sur ses faits et gestes. Au travers de mon casque baissé, on ne voit que mes yeux, et bien-sûr, ses yeux croisent les miens. Notre échange n'a pas dû durer bien longtemps mais j'ai l'impression que cela fait une éternité que nous nous observons jusqu'à ce qu'elle rompe le contact visuel. 

     Mon ingénieur se dirige vers moi et me dit alors qu'il se tient au halo :

– Tu vas y arriver Anderson. Décroches une bonne place et tu te faciliteras la tâche pour le course.

     Je hoche la tête en le remerciant et regarde devant moi. Les paroles de Lewis me reviennent en tête. T'es Andrew Anderson merde ! T'es un des meilleurs pilotes de cette saison, tu cours chez Mercedes ! Il y a des gens qui payent une fortune pour venir te voir dans cette bagnole putain ! Profites de l'instant présent au lieu de rester bloqué dans un passé qui te bouffe en continu ! Il a raison. Il faut que j'avance. Je ne peux pas la laisser me contrôler même lorsqu'elle n'est plus là. 

     Je garde la tête haute et me rend sur la ligne de départ à la suite des autres. Nous ne sommes cette fois-ci que dix, puisque ce sont les dix plus rapides de la course précédente qui courent. 

     Les feux s'allument encore une fois et s'éteignent, provocant mon démarrage au quart de tour. Je ne fais plus la course pour arriver le premier. Je fais la course pour fuir et battre mon passé. 

     Bon. Ma course contre mon passé ne s'est pas passée comme prévue. Je suis arrivé huitième sur dix. Je ne vais pas dire que c'est la cata parce que franchement, il y a pire, mais c'est pas fameux non plus. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé mais j'ai totalement perdu le contrôle, je suis même persuadé de m'être quasiment endormi le temps de quelques secondes. C'est vrai que je n'ai pas dormi de la nuit, ce qui n'est pas l'idéale la veille d'une course.

     Au moment où je pose mon pied sur le sol de la piste, Lewis saute de sa voiture et me pose pleins de questions :

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qu'il t'arrive Andrew ?! Merde quoi ! Tu nous la fait tous les ans, il faut que t'arrives à te ressaisir un jour !

Race Of My Heart (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant