Butterfly | 𝐋𝐞𝐞 𝐇𝐞𝐞𝐬𝐞𝐮𝐧𝐠

Chapitre 7

J'aurais dû avoir deux cœurs,
Le premier insensible,
Le second constamment amoureux,
J'aurais confié ce dernier à celle pour qui il bat,
Et avec l'autre, j'aurais vécu heureux.

Amin Maalouf, Les amants du Pont-Neuf

La séance venait de s'interrompre afin de laisser le temps au juge de délibérer.

Les plaidoiries avaient été faites, accompagné de larmes et de cris de contestation.

Heeseung serrait les poings alors que des larmes de rage coulaient le long de ses joues.

Treize ans.

Trois ans pour les blessures infligés à Heeseung et dix ans pour la mort de Seori. Le tout avec une peine de sûreté de cinq ans avec possibilité de libération conditionnelle et une amende de cinq cent millions de won.

Dix ans. C'était tout ce que la vie de Seori coûtait au yeux de la loi.

Après des mois et des mois de procès, sous prétexte que cet homme était un père de famille, il ne recevrait qu'une peine de treize ans alors qu'il avait ôté une vie parce qu'il n'avait pas eu la sagesse d'esprit de regarder le feu.

Heeseung était totalement sidéré.
Il tremblait de colère et de tristesse. Il sortit précipitamment de la salle d'audience pour attendre le verdict.

Il voulait juste aller respirer. Mais une main retint son poignet. Le brunet se retourna violemment et vit une femme d'âge moyen accompagné de deux enfants en bas âge et d'une adolescente. Cette petite famille était en larmes et celle qui semblait être la mère de jeta au pied du jeune homme en frottant énergiquement ses paumes entre elles.

-Je vous en supplie jeune homme... Faites alléger la peine....

Heeseung connaissait bien cette dame. Elle l'harcelait depuis qu'il avait porté plainte contre son mari. Au début, il lui répondait poliment qu'il ne pouvait pas faire ça, mais aujourd'hui, il était à bout de nerfs.

-Vous êtes vraiment culotté de me demander ça comme si j'en avais le pouvoir. Et même si je le pouvais, je ne le ferais jamais.

-S'il vous plaît, mon père n'était pas conscient, intervint l'adolescente.

Il rit nerveusement en serrant encore plus les poings. Même avec les analyses sanguines et les tests, ils continuaient de lui donner le même argument ?

-Et bien laisse moi te dire que ton père était parfaitement conscient. Il se pensait plus pressé que tout le monde et n'a pas été fichu de regarder un p*tain de feu !

-C'est faux, dit un des petits garçons. Mon papa n'est pas comme ça !

-ET BIEN TON PAPA EST UN P*TAIN DE MEURTRIER !

Heeseung n'aimait pas hausser le ton, mais il n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus de voir le déni de cette famille, de voir leur énorme culot lui demander d'avoir pitié de leur père. C'était tellement insupportable.

Il avait de visage déchiré en une grimace de tristesse, noyée de larmes.

-Vous croyez sincèrement que treize ans suffiront pour qu'il paie son crime ? (Il leva le bras et pointa du doigt les parents de Seori). Vous voyez ces gens là ? Et bien ils ont perdu leur fille unique.

Puis, pointant un groupe de personnes, il dit:

-Eux, ils perdus leur amie.

Et enfin, se désignant lui même, la voix brisée, il déclara:

-Moi, j'ai perdu la personne à laquelle je tenais le plus au monde. Tout ça à cause de cet homme qui n'a pas pu s'empêcher de brûler un p*tain de feu !

La femme eu un léger mouvement de recul en voyant la mine brisée du jeune homme. Sa fille le dévisagea avec compassion et chercha quelque chose à dire pour le contredire ou l'apaiser. Mais aucun mot de pouvait sortir de sa gorge face à tant de désespoir.

-Quelqu'un à perdu la vie à cause de lui. Et tout ce qu'on réclame contre lui, c'est treize pauvres années... Et uniquement dix ans pour sa vie.

-Jeune homme, pensez à mes enfants... Grandir sans leur père à la maison...

-Il lui restait seulement dix ans à vivre à Seori ?

Il posa cette question dans le plus grand des calmes, malgré le tsunami d'émotions qui semblait le submergé.

-Seori est morte. Si c'était votre fille à sa place, vous aurez accepté que son meurtrier ne passe que treize ans en prison ?

Et là, la vérité qu'ils avaient tant refusé d'accepter les figea sur place. Cet homme qu'ils appelaient père et mari avaient ôté la vie d'une personne. Une famille avait perdu son enfant. Des gens avaient perdu leur amie. Et un jeune homme avait perdu l'amour de sa vie.

Et rien ne pourrait racheter ça.

La mère se relava, croisa le regard fatigué d'Heeseung et baissa la tête. Le reste de sa famille en fit de même.

-Même si j'en avais le pouvoir, je ne ferais jamais alléger cette peine. Au contraire, j'aurais tout fait pour qu'il pourrisse en prison.

Il tourna les talons et inspira lourdement avant de prononcer:

-Vous, vous pourrez toujours continuez à le voir, mais moi, je ne reverrais plus jamais Seori. Honnêtement, j'espère ne plus jamais avoir affaire à vous après ce procès.

Et il partit, les laissant à leur larmes, sans état d'âme.

Il n'éprouvait aucune culpabilité, parce qu'en ce moment, personne ne souffrait autant que lui.