GROSSE ET ALORS ? [Tome 2]

49. Invitation surprise

Le bourdonnement dans mes oreilles est insupportable. Mon corps exprime à quel point il est en colère envers cette femme que j'ai le malheur d'appeler maman. Notre dernière confrontation remonte dans ma mémoire et me rappelle la douleur éprouvée et le chagrin indescriptible qui me consume encore. Le goût de la trahison est encore amer dans ma bouche. Comment ose-t-elle débarquer le soir du réveillon et amener son fils ? Un frère dont nous ne connaissons rien.

Je recule de quelques pas en les fixant avec amertume. Témoin de la scène, mamie ne tarde pas à nous rejoindre afin de découvrir la source de ce changement d'ambiance. Elle écarquille les yeux en voyant son ex belle-fille sur le perron. Je présume qu'elle n'avait pas anticipé la venue de ces personnes pour notre soirée.

― Nous n'allons tout de même pas attendre dans le froid ! s'exclame grand-mère.

― Qu'est-ce que tu fais ici, Mary ? demande froidement mon père.

La concernée se racle la gorge avant de prendre la parole.

― J'ai reçu une invitation de ta part pour passer le réveillon en famille. Nous attendions ce moment avec impatience afin de reconstruire ce que nous avons perdu. Je suis responsable de ce désastre, mais je tiens sincèrement à réparer mes erreurs et revenir dans la vie de mes filles.

― Quel intérêt aurions-nous à vous inviter ? C'est une soirée familiale, je doute que nous puissions vous placer dans cette catégorie, dit mamie d'une voix dénuée de gentillesse.

― Inutile de vous montrer grossière, Elena.

Mon regard croise celui du jeune homme derrière ma génitrice. Il contemple ce spectacle avec une expression triste dans les yeux. Ce détail me trouble durant quelques secondes, nous avons exactement les mêmes yeux. Sa présence me perturbe, mais je ne dois pas flancher parce qu'il n'est pas question de lui. Il devrait comprendre mieux personne la douleur de ne pas avoir de mère, elle l'a abandonné durant une grande partie de son enfance. Papa s'énerve davantage lorsque grand-mère Powell s'attaque à mamie.

― Vous n'avez aucune raison de vous attarder dans cette maison ! Je ne doute pas de tes bonnes intentions, Mary, mais ce n'est certainement pas le meilleur jour pour toquer à ma porte pour la tournée des excuses.

― Je souhaite renouer avec mes filles, Noah.

― Et si nous n'en avons pas envie ? demandé-je.

Les regards se tournent dans ma direction.

― Une bonne mère n'aurait jamais eu de relation interdite avec un autre homme et ne serait jamais tombée enceinte de lui. Une bonne mère n'aurait jamais abandonné sa véritable famille pour retrouver son amant ainsi que le fils qu'elle a volontairement laissé. Alors ne cherche pas à te faire pardonner parce que je ne le pourrais pas même avec la meilleure volonté du monde.

― Il est temps pour vous de retourner dans votre maison et ne plus revenir. Je suis désolée Mary, mais je respecte les décisions de mes filles. Nous souhaitons passer une bonne soirée alors veuillez partir avant que je n'appelle la police.
Grand-mère Powell écarquille les yeux face au ton bourru de mon père.

― Je ne suis pas surprise de la mauvaise éducation de mes petites filles, il suffit de vous voir pour comprendre à quel point vous n'êtes pas un bon modèle. Maxine n'aurait jamais eu ses kilos en trop si vous aviez suivi mes conseils sur une bonne alimentation.

Il n'est pas rare que ma grand-mère s'attaque à mon poids parce que je ne rentre pas dans son standard de beauté. Elle profitait de chaque visite pour commenter mes assiettes et glisser des numéros de nutritionniste pour me prendre en main. Je n'ai jamais eu la moindre marque de gentillesse de sa part. Papa garde son calme et lance un regard noir à son ancienne belle-mère.