Dans les entrailles de la Forêt
Damon
L'air est étrange dans la forêt. Je ne respire pas aussi bien qu'en ville. La nature ne doit pas franchement me réussir ! Nous avançons lentement, selon un parcours bien défini comme le Centre nous l'a enseigné. Le but est de parcourir sans cesse les bois pour ne laisser passer personne. Sur le papier, ça semble simple. Sur le terrain, ça devient un peu plus complexe. Il suffit d'un regard pour comprendre que la Forêt d'Estampe est immense, elle paraît même infinie. Les arbres forment une masse compacte et sombre qui ne laisse pas les rayons de la lune pénétrer dans les bois. L'obscurité est partout autour de nous. L'ambiance est étouffante.
J'entends les pas de Logan derrière moi. Il foule la terre avec une hargne non dissimulée, sa respiration est lourde, il semble agité. Depuis que nous avons pénétré dans la forêt, il n'a pas décroché un mot, c'est pesant. J'aimerais lui parler mais j'ai comme l'impression qu'il va m'envoyer bouler. Vadim commence à s'éloigner, je lui fais signe de ne pas franchir son secteur. D'autres groupes de loups patrouillent et nous ne sommes pas censés les croiser, nous avons tous notre territoire à surveiller.
J'ai beaucoup trop chaud, ce n'est pas normal. Ma tête bourdonne, je ressens comme un engourdissement dans mes membres, une anesthésie progressive qui s'étend lentement de mes bras à mes jambes. Marcher me paraît de plus en plus pénible. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. J'essaie de ne rien montrer mais j'ai comme l'impression que je ne suis pas le seul à me sentir étrange. Peter me donne l'impression de tituber. Vadim est pâle comme la mort. Je jette un coup d'œil en direction de Logan, ses traits sont figés, il a un air sévère mais ne semble pas diminué par la chaleur soudaine. J'ignore si l'air de cette forêt est maudit ou si les arbres dégagent une toxicité particulière mais une chose est sûre, nous ne sommes pas dans notre état normal.
Je ressens soudain une vive douleur au niveau de l'endroit où la puce a été implantée. Je passe ma main sur ma nuque pour la masser légèrement en serrant les dents pour ne rien laisser paraître. Logan fait un pas vers moi avant de s'immobiliser. Nos regards se croisent un instant, je le vois hésiter quelques secondes, puis il détourne les yeux.
Les chemins que nous suivons sont tortueux et protégés par des centaines de branches qui ralentissent notre progression et entravent notre vision. La lune ne parvient pas à percer cet amas de végétation et l'obscurité nous enveloppe comme un immense manteau noir. J'ai l'impression d'entendre des pas derrière moi, des pas qui ne sont pas ceux de Logan. Ceux-là sont beaucoup plus légers, plus délicats. Ils ne laissent derrière eux que l'écho aérien d'une feuille qu'on froisse de sa semelle avant de lui rendre sa liberté. Ils sont également plus difficiles à localiser. Je fais signe aux autres de s'immobiliser. J'ai besoin de savoir d'où viennent ces pas.
Vadim me questionne du regard mais reste silencieux en regardant tout autour de lui, Peter hausse les épaules, une certaine incompréhension se lit dans ses yeux et Logan nous fixe tous les trois comme si nous étions complètement cinglés.
— Je peux savoir ce qui vous arrive ? finit-il par demander en chuchotant.
— T'entends pas les voix ? demande Vadim en se rapprochant de lui.
— Ce ne sont pas des voix, intervient Peter, ça ressemble davantage à des souffles, des respirations bruyantes comme si quelqu'un cherchait à attirer notre attention en respirant de manière exagérée.
— Je n'entends rien, répond Logan avant de capter mon regard. Tu entends quoi, toi ?
— Rien de tout ce qui vient d'être évoqué. J'entends des pas.
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Un si joli chaperon rouge
FantastiqueUne ville sans époque Un village aux allures de conte de fées Un centre qui forme des chasseurs de sorcière qu'on appelle les loups Une forêt immense et sombre Et Un joli chaperon rouge... Voici les ingrédients magiques et mystérieux qui composent c...