4- Hôpital et équation

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Robin

Je n'arrive pas à y croire, la fille totalement effondrée que j'ai croisé hier et moi avons tous nos cours en commun et elle est souriante depuis ce matin. C'est une très bonne comédienne, je suis sûr qu'au fond d'elle, elle est brisée. Elle est bien différente des autres filles que je connais, elles seraient actuellement en train de pleurer en jouant la victime pour que tout le monde soit à leurs pieds et qu'ils aient pitié d'elles. Mais elle, elle cache sa douleur derrière un magnifique sourire. Je l'admire.

Aujourd'hui, j'ai eu cours de 8h à 15h après je suis allé faire un tour pour découvrir la ville. Elle est beaucoup plus grande que la ville où je vivais avant.

En ce moment, je suis en route pour l'hospital, je vais voir ma mère. Ça fait 6 mois maintenant qu'elle est dans le coma. Elle a eu un accident de la route et a fini dans un sale état. Les médecins ne sont pas sûr qu'elle se réveille mais je ne peux qu'espérer. Au fond de moi, je suis persuadé qu'elle va finir par se réveiller un beau matin en me disant "Surprise, je suis là, je t'ai manqué ?". Elle avait le don pour rendre tous les moments triste joyeux. Elle me manque énormément, sa joie de vivre me manque.

Je me dirige vers sa chambre, l'infirmière à l'habitude de me voir, elle ne me demande même plus mon nom, j'essaye de venir voir ma mère au moins une fois tous les 2 jours. Je me dis que peut être elle m'entend de là où elle est et que je peut l'aider à se réveiller en lui montrant à quel point elle me manque. Je n'arrive toujours pas à réaliser qu'elle n'est plus cette femme qui sourit tout le temps et qui me fais rire à chaque fois que je la vois. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une personne allongée sur un lit d'hôpital, le visage aussi pale que le drap du lit et qui est relié à des dizaines de machines. Cette vision de ma mère me fait peur.

Je me met à lui raconter tout ce qu'il s'est passé depuis la dernière fois que je suis venue, la rentrée dans mon lycée et j'en viens même à lui raconter ma rencontre avec Helena.

Au bout d'une heure, l'infirmière ouvre la porte et me dis que l'heure de visite est terminée et qu'il faut que je rentre chez moi.

Quand je passe la porte, je vois dans ses yeux ce regard de pitié qu'elle affiche à chaque fois qu'elle me voie.
Sur le chemin du retour je me demande comment ma vie a pu dérapé autant. Il y a 1 an j'étais chez moi avec ma mère ou dans des fêtes jusqu'à pas d'heure avec tous mes amies et aujourd'hui je me retrouve ici, à 10 heures de mon ancienne maison, avec ma mère dans le coma et plus aucun amis, non pas que j'ai l'envie de m'en faire. J'ai déjà tout donné en amitié et vu ce que ça a donné la dernière fois je ne suis pas prêt de renouveller l'expérience.

Perdu dans mes pensées, je ne me rend même pas compte que je suis déjà arrivé devant ma porte.

L'appartement dans lequel je vis à beau être petit et plein de cartons, il me paraît vide. Je suis vide. Vide d'émotions, de sentiment. J'ai tout laissé là bas. Le peu d'émotions qu'il me reste je le réserve à ma mère, je pourrai tout sacrifier pour la personne qui a auparavant tout sacrifié pour moi.

De toute façon, montrer ses émotions revient à saigner à côté d'un requin.

Je m'endors l'estomac vide et l'esprit aussi, je me sens toujours aussi mal quand je rentre de l'hôpital. Je n'ai plus envie de rien alors je me laisse tomber sur mon lit et attend que la fatigue m'emporte.

***

C'est la sonnerie de mon réveil quie tiré de mon sommeil. Je me prépare rapidement et file prendre mon bus. Comme hier, le bus est remplie d'hommes mûrs ou des collégiens immatures. Le contraste est effrayant.

En arrivant au lycée, je remarque une blonde qu'il me semble avoir déjà vu dans ma classe me fixer. Je continue mon chemin mais son regard est toujours posé sur moi. Elle se penche vers son amie et me montre du doigt. C'est trop pour moi.
Pendant que je m'avance vers elles, je vois ses yeux se mettrent à briller.
"- Salut ! elle lance quand j'arrive à sa hauteur.
- Ouais, tu pourrai arrêter de me reluquer, je lui lance d'un ton froid.
Elle frisonne.
- Euh.... Ouais."
Et elle s'enfuie en courant, sa copine m'observe un instant puis pars à sa suite.
Je me retourne et reprend mon chemin où je l'avais laissé.

En arrivant dans ma classe, je remarque tout de suite Helena, elle est totalement absorbée dans un livre. Je décide de lui laisser un peu d'air et vais m'assoir à l'autre bout de la salle.
À peine assis, le prof de maths, Mr Brany entre dans la salle.
Dès qu'il a passé la porte, tous les élèves se taisent. Je comprends alors que ce qu'Helena m'a dit est vrai. Tout le monde semble avoir peur de lui, pendant toute l'heure aucune personne n'ose parler à son camarade ni dévier son regard du prof. Ils font semblant d'être totalement à l'écoute mais je suis sûr qu'il ne comprennent strictement rien à ce que le prof raconte et que dès qu'ils passeront le pas de la porte ils auront déjà tout oublié.

Après un long moment d'explications, le prof écrit une équation au tableau et nous demande qui serait capable de venir la résoudre. Tout le monde fais les gros yeux puis se met soit à chercher quelque chose dans leur trousse soit à écrire un cours imaginaire dans leur cahier.

Tous, sauf une, Helena, elle lève la main, timidement. Puis, elle me regarde, étonnée. Je me demande pourquoi jusqu'à ce que je découvre que moi aussi, je lève la main. Quand est-ce que j'ai levé la mains moi ?
Je n'ai pas le temps de la baisser avant que le prof m'interroge:
"- Le nouveau, tient ça ne m'étonne pas au vue de ton dossier, prennez en de la graine, les autres, en général quand je pose des questions ce serai bien de lever la main."

Je jette un regard vers Helena, elle a l'air vexée et baisse sa main, doucement. Le prof n'a pas eu un seul coup d'oeil vers elle, je ne sais même pas si il a vue qu'elle levait la main, elle aussi. Elle s'est pris la remarque comme une pique alors qu'elle n'est même pas concernée...

Le prof me tire de mes pensées "Bon et bien tu viens au tableau puisque personne d'autre n'est volontaire"
J'ai de la peine pour Helena, je la comprend, c'est horrible comme sensation quand on se sent invisible, que personne ne semble se soucier de nous.

Je descend alors les marches de l'estrade et me rend au tableau pour résoudre cette équation.
Je la résous en moins d'une minute et regarde le prof en attente de son approbation. Il me tend la main pour que je lui rende le feutre puis me dis que c'est très bien et que je peux retourner à ma place, ce que fais non sans jetter un coup d'oeil vers Helena qui soutient mon regard quelque secondes en me souriant avant de détourner le regard.

Pour la vie et à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant