6- Les joyeux souvenirs peuvent aussi être tristes

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Robin

Je me suis pris deux heures de colles parce que je me suis "battu" avec ce con d'Alexander.
Ce sera l'enfer pour moi quand ma tante va le découvrir, ça lui fera une raison de plus pour que je rentre chez elle où je vivais avant de venir rejoindre ma mère ici.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, dès qu'il s'est mis à insulter Helena, je suis entré dans une colère noir.
Si le prof ne m'avait pas séparé de lui, je pense que je l'aurai plongé dans un coma artificiel, ce petit con.

Ça ne m'étais jamais arrivé d'être autant en colère pour une personne que je ne connais pas mais dès qu'elle a parlé de tromperie, c'est devenu plus fort que moi.

"- Monsieur Elliot, est-ce que vous pouvez me répondre quand je vous pose une question.

- Euh, oui, bien sûr monsieur.
Le proviseur me regarde, il se passe plusieurs minutes de silence avant qu'il ne m'interroge d'un ton ferme,

- Et bien, je vous attend, vous pouvez me dire pourquoi vous vous êtes battus.

- Pff, je l'ai à peine poussé, marmoné-je.

- Ne me répondez pas jeune homme.

- .... Il a insulté Helena.

- Et en quoi est-ce qu'il l'a insulté, je vous prie ?

- Il l'a traitée de pute.

- Oh mais ce n'est pas si grave que ça, il n'y a pas matière à se battre, il faut vraiment que vous arrêtiez avec ces remarques infantiles. Si je devais punir chaque personne qui dit un simple gros mot ou un petite remarque comme celle là je ne m'en sortirai jamais. Maintenant vous allez vous excusez auprès de Monsieur Julieto et nous n'en parlons plus, me répondit-il d'un ton qui me glaça le sang, tout comme ses paroles.

- Je ne vois pas pourquoi je devrai m'excuser monsieur, je n'ai fait que répondre aux questions qu'il me posait et à défendre une camarade qui s'est fait accuser de baiser tous les mecs qu'elle voit. Je ne vois pas en quoi ce n'est "rien", monsieur le proviseur. Sauf votre respect, bien sûr.

- Vous arrêtez maintenant et vous allez faire ce que je vous dis, vous allez vous excuser auprès de votre camarade et vous retournez en cours. Et je vous rappelle que si monsieur Connelly ne s'était pas interposé, vous vous seriez jetté sur ce pauvre garçon.

- Et bien sûr c'est lui qu'on défend murmuré-je en levant les yeux au ciel.

- Bon, ça suffit maintenant, vous allez faire ce que je vous dit et arrêter d'être insolent sinon ce n'est pas deux heures que vous allez prendre mais un samedi entier."

Sur ces mots, je sors en claquant la porte. Je ne prends même pas la peine d'écouter ces hurlements, je sais que je suis bon pour passer un samedi entier en sa charmante compagnie. Je viens de me faire un ennemi à peine une semaine après être arrivé, bravo Robin, tu es un champion.

Lorsque je vois Alexander assis sur une chaise en face de moi, je me rappelle ce que je dois faire alors je m'avance au ralentis et lui sort un "je suis désolé" pas du tout sincère avant de sortir du secrétariat.

Je regarde mon emploi du temps et me rend en histoire.
Deux cours d'histoire depuis que je suis arrivé et deux cours où j'arrive en retard, merde.
Moi qui voulais me faire bien voir par les profs, c'est loupé.

Arrivé devant la porte, j'hésite à entrer. Puis je me dis que plus j'attendrai plus je le ferai mal voir par Mr Tregaud, alors j'entre.

"- Encore en retard, vous, m'annonce t-il l'air blazé.

- Désolé monsieur...

- Bon, allez vous asseoir."

Je monte en direction de ma place, à côté d'Helena. Je guette sa réaction face à mon arrivée. Dès qu'elle croise mon regard, elle baisse les yeux.

"- Je suis désolé si j'ai fait quelque chose qui ne fallait pas tout à l'heure ?

- Ce n'est pas toi, je n'ai pas l'habitude qu'on prenne ma défense, c'est tout.
Je décèle dans son regard de la tristesse, je ne voulais pas la blesser mais je crois que j'aurai du réfléchir avant d'agir, je n'ai pas envie que mon attitude lui attire des ennuis. Notamment auprès d'Alex, je ne le sens pas ce mec.

- Je suis désolé si ça t'a blessé, je ne recommencerai plus à m'immiscer dans tes histoire mais si jamais tu as besoin d'aide je suis là, ne l'oublie pas.

- Je sais que je te l'ai déjà demandé mais pourquoi est-ce que tu fais tout cela pour moi, m'interroge t-elle.

- Parce que je me dis que j'aurai aimé être entouré pendant les périodes difficiles. Alors si je peux être là pour quelqu'un qui en a besoin ça me fait plaisir.

- Qu'est ce qu'il t'es arrivé, tu y avait déjà fait révérence la première fois qu'on s'est vu.

- Je n'aime pas en parler, désolé...

- Ce n'est pas grave, je peux comprendre. Sinon, pourquoi est-ce que tu es venue t'installer ici.
Je remarque qu'elle a complètement changé de sujet mais je m'en fiche, je ne voulais pas qu'on continue à parler de cette période de ma vie.
Les flashback me reviennent soudain comme un mauvais rêve qui vient de hanter toutes les nuits.
L'odeur de cette maison, mes pas sur le carrelage froid, la couleur de ses yeux et ses cheveux en bataille...
- Hé, tu es toujours là, me parvient la voix d'Helena.

- Oui je m'étais perdu dans mes pensées, je lui confis les yeux perdus dans le vague.
Je ne cesse de me rappeler ce moment à chaque fois que je pense à mon ancienne maison, mon ancienne ville.

- Euh... Tu m'écoutes ?

- Quoi?
Je ne m'étais pas rendu compte que je ne l'écoutais plus.

- Je te demandais pourquoi tu étais venu t'installer ici.

- Ma mère a trouvé du travail ici.
Je reste vague. Je ne sais pas pourquoi je n'arrive jamais à dire la vérité.

- Et tu as des frères et soeurs ?
Je décèle dans son ton une once d'hésitation. Comme si elle hésitait à me poser des questions sur ma vie privée. Peut être a t-elle peur que je ne veuille pas en apprendre plus sur elle en retour.

- Non, je suis fils unique, et toi ?
Après tout ce n'est pas faux, je n'ai plus de frère

- Pareil.
Son regard fuyant m'indique pourtant le contraire mais je ne veux pas l'embêter plus.

Je ne continue pas la conversation et me détourne d'elle pour suivre le cours.
Que je n'arrive pas à suivre, j'écoute le prof sans comprendre, comme si aucunes informations ne voulait entrer dans ma tête.
J'ai l'esprit perdu dans mes souvenirs, je repense à mon frère, à notre famille heureuse et réunie dans notre grande maison, celle où j'ai passé la plus grande partie de mon enfance. Une belle villa en pierre beige au bord d'un lac où il m'arrivait souvent de me baigner l'été avec mon frère. De nombreuses baies-vitrées nous dévoilaient l'étendu et la clarté du lac et de son épaisse et sombre forêt alentours depuis le salon et la salle à manger. J'avais la plus belle des chambres, avec un petit balcon qui surplombait tout notre jardin. J'avais une superbe vue de la roseraie de ma mère, se fut à l'époque son endroit refuge, son havre de paix, un endroit où elle se sentait libre, en paix avec elle même. Lors des belles après midi d'été, je pouvais l'observer s'occuper de ces roses depuis mon balcon, elle arborait un sourire que je ne lui voyais jamais en dehors de son petit coin de bonheur.

Je me demande à quel moment ça a déraillé.
À quel moment mon père a commencé à rentrer de plus en plus tard, à quel moment ma mère a commencé à se refermer sur elle, à quel moment mon frère à commencé à sombrer du mauvais côté, à se plonger dans la drogue et l'alcool.
Les roses ne portaient plus leurs couleurs vives, ma mère ne vint plus les voir alors je pris le relais.

Tout a empiré après leurs départ.

Pour la vie et à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant