Au delà des Apparences

Focus

Isaac

Je prends mon temps pour déballer mes affaires, sous le regard noir de mon paternel.

Le temps c'est de l'argent fiston... alors moins tu en perds, plus tu gagnes de fric...

Sauf que... J'aime prendre mon temps... et pas que dans le travail... et le fric, j'en ai plus qu'il n'est raisonnable d'en avoir à mon âge.

CQFD.

— Janis... commence mon père, d'une voix chargée de miel.

— Jenny, le reprend mon assistante.

— Pouvez-vous nous laisser Isaac et moi mon petit.

Mon petit ! Je m'esclaffe dans ma barbe, car d'expérience Barbie n'a rien de petit.

— B... bien sûr... monsieur Foster.

Et vas-y que je passe mes doigts dans les boucles, que je gonfle la poitrine, que je minaude.

Mon père la dévisage avec intérêt et je le connais assez pour savoir les idées qui lui traversent l'esprit. Le mot baisable en est une. Il clignote presque dans ses yeux.

— Jenny ? je ne crois pas me tromper en affirmant que tu as du travail... autre que celui de séduire, j'entends !

Ses yeux me crucifient, pourtant, d'un mouvement de mains je l'invite à quitter la pièce.

Elle dépose des parapheurs un peu trop violemment sur ma table de travail, pivote pour sortir, sans manquer de me donner un coup d'épaule au passage. Ce qui m'agace prodigieusement.

D'abord parce que je reste son patron. Et ce n'est pas parce que je lui autorise l'accès à ma queue de temps à autre qu'elle a tous les droits. Et ensuite, avec la nuit que j'ai passée, il vaut mieux qu'elle ne me cherche pas.

— Si tu ne veux pas pointer au chômage et troquer tes talons contre des tennis, tu éviteras à l'avenir ce genre de stupidité Jenny.

Ma voix est ferme et mon ton n'autorise aucune répartie.

Je sens les yeux de mon père dans mon dos. Je suis à peu près certain qu'il sourit.

Quand elle a enfin déserté, mon attention se dirige vers Henry.

— Jolie fille.

C'est un fait. Je passe au sujet suivant.

— Si tu n'as pas autre chose à faire que d'évaluer le personnel féminin ... Moi, ce n'est pas le cas. J'ai du taf. Dois-je te rappeler que le temps c'est de l'argent ? Et puis franchement, draguer mon assistante sous mes yeux...

— Ne me prend pas pour un imbécile Isaac. Je suis sûr qu'elle est passée sous ton bureau. Je ne vais pas te rappeler les risques que tu prends en plus du non-respect du règlement intérieur.

Ne voulant pas avoir ce genre de discussion avec mon paternel, car lui et moi savons que je passe outre certaines clauses, je change la conversation d'orientation.

— Tu n'as aucun respect pour maman.

Pas que ça me chagrine, mais elle reste ma mère malgré tout.

— Il y a longtemps que le mot respect entre elle et moi est caduque Isaac.

Nous nous fixons d'un regard franc, honnête, et pour la première fois de mon existence, je me demande si Henry a été heureux au moins une fois avec ma mère au cours de sa vie.