Déception

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Il y eut quand même beaucoup d'ambiance dans la pièce, enfin, avant que le moment tant attendu n'arrivât: Samba Diallo souleva le pagne "raba" de la mariée, et j'eus sursauté de surprise; c'était... DIEYNABA SARR!!!!

J'eus à peine le temps de me ressaisir, que Aïssatou fit son apparition dans la pièce. Elles me fixèrent toutes les deux, un sourire narquois sur leurs visages. Je ne pourrais expliquer ma stupéfaction, il y'avait Dieynaba, Aïssatou, et le pire, Samba Diallo. Ne m'avait-il pas dit qu'il épousait une fille du nom de Rokhaya? Car celle qui se trouvait en face de moi s'appelait Dieynaba !
Hélas, pendant que j'étais submergée dans mes pensées, le nouveau couple se faisait des câlins et prenaient des photos. Cela déchira mon cœur. J'étais sur le point d'éclater en sanglots mais je ne voulais pas me faire voir. Je me suis donc dirigée vers ma chambre, j'eus fermé la porte et j'eus laissé libre cours à mes larmes qui coulèrent à ne plus en finir.
Comment était-ce possible? Trahie à la fois par ma meilleure amie et mon mari, c'était juste incroyable...

Et maintenant, allions-nous rivaliser dans la même demeure Dieynaba et moi? Le simple fait de penser que ma meilleure amie allait être ma coépouse me dégoutait. Jamais je ne pourrais le faire, encore moins vivre avec l'homme qui m'a trahie. Il fallait que je parte le plus vite possible.
Malgré mes larmes ardentes, je me débrouillais quand même à ranger quelques vêtements dans une valise. J'eus décidé que la prochaine fois que je reviendrais dans cette maison, ça serait pour faire signer à Samba Diallo les papiers du divorce.
Dans ma précipitation, Samba Diallo ouvrit soudainement la porte et pénétra dans la pièce :" Chérie, je... "
À peine fini sa phrase, il fut sans voix quand il me vit en sanglots, refermant mes valises.

Lui: Marième, qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tout ce rangement, tu_ tu pars quelque part?

Cette question m'avait rendue encore plus enragée, et j'eus immédiatement essuyé mes larmes pour lui faire face.

Moi: Oui.

Lui: Aujourd'hui? Mais.. je ne comprends pas, où vas-tu?

Moi: Tu sais quoi Samba, désormais tu ne vas plus te mêler dans mes affaires. Et oui, je pars quelque part et j'essaierai d'y rester le plus longtemps possible. C'est une bonne nouvelle pour toi, n'est-ce pas?, vu que tu auras tout le temps de profiter de ta "lune de miel".

Lui: Mais de quoi tu parles Marième?

Avant même qu'il ne finisse de parler, quelqu'un ouvrit la porte et pénétra dans la pièce: c'était Dieynaba. Aussitôt qu'elle eut aperçu ma valise, celle-ci ne put s'empêcher de sourire pendant que Samba, face à moi, lui tournait le dos. Ce dernier ne cessa de me regarder confus face à la situation.
Cependant, Dieynaba elle, ne tarda pas à aggraver les choses.

Elle: Tiens! Marième ça fait longtemps, n'est-ce pas?

Elle essayait sûrement de mettre plus en colère; ce qui fut le cas. Mais ce qui m'énerva encore plus, était le fait que Samba Diallo restât muet sur le coup, tel un agneau au sein d'une meute de loups. Il faisait une tête confuse, les yeux écquarquillés... Comme il m'énervait avec son air innocent!!!

Samba: Mais qu'est-ce qui se passe ici au juste?
Vous_ vous vous connaissez?

Dieynaba: Plus ou moins, en fait c'est juste que Marième et moi, nous nous sommes rencontrées dans un bus. Elle a été tellement gentille qu'elle a payé pour moi alors que je n'avais pas mon portefeuille sur moi. Après cela j'ai pris son numéro et on se parlait très rarement.

Waouhhh!!!! Dieynaba parlait avec une telle assurance que j'eus failli moi-même la croire, qu'elle était talentueuse cette menteuse!
Pendant ce temps, Samba la suivait mot pour mot, le cœur rassuré. Il faisait comme s'il n'avait jamais connu Dieynaba avant, après toutes les fois où je lui ai parlé d'elle, de notre amitié, et même si cela ne suffisait pas, les deux s'étaient clairement rencontrés le jour de mon mariage (la réception).
Le voir continuer à faire semblant m'énervait beaucoup. Mais je n'allais pas lui rafraîchir la mémoire car j'étais une hal-pullar et j'avais ma dignité. Chez nous, ce genre d'acte était considéré comme une insulte. Donc mieux vaut ignorer celui qui nous insulte que de perdre son temps à trouver des explications. Samba était lui aussi hal-pullar, donc il devait savoir...

Sans dire un mot, j'attrape ma valise puis quitte la pièce. Je craignais les regards des gens, même si cela me semblait que personne ne regardait en ma direction. Samba se faisait de la place pour traverser la grande foule afin de m'arrêter. Mais je m'étais juré de ne plus revenir en arrière ; ce qui est fait est déjà fait, jamais je ne pourrais rivaliser avec ma meilleure amie, même si elle ne l'était plus.
Dans mes lourdes pensées, Samba attrapa ma main pour me retenir : "S'il te plaît Marième, tu ne peux pas quitter la maison comme ça, sans me donner des explications..."

Avant même qu'il ne finisse sa phrase, je lui mis une grosse claque sur sa joue qui devint toute rouge, avant de me remettre en route. Cette fois-ci, il abandonna et retourna dans la chambre.
Je me sentais mal, tellement mal. Et maintenant que j'y repensais, épouser Samba Diallo fut ma plus grosse erreur. Pourtant j'avais catégoriquement refusé de me marier avec le choix de mon père, mais il avait fallu qu'il soit un si beau jeune homme pour que je tombe dans les pommes.
"Dis donc, l'apparence est bien trompeuse", soupirais-je. Je n'avais plus les larmes aux yeux quand je trouvais Fadel sur le pas de la porte, me demandant de me conduire au cas où j'allais quelque part. J'eus poliment refusé avant de me rendre à l'arrêt de bus. J'allais retourner chez mes parents.

Le voyage ne fut pas du tout long, une heure peut-être... Pour dire vrai, j'avais complètement perdu la notion du temps.
Ma famille n'en croyait pas les yeux, ils commencèrent à me questionner dès que j'eus affranchis le seuil de la porte. Ce fut d'abord ma mère, ensuite Aïchah, puis Salimata et ma belle-mère, et enfin mon père. De sa grande taille imposante et intimidante, mon père me demanda de le rejoindre dans le salon où un ensemble de questions m'y attendait.

Mon père: Mais.. ma fille, je ne comprends pas, qu'est-ce qui te ramène ici?

Moi: Rien papa. Tu sais, Samba s'est remarié aujourd'hui.

Mon père: Oui je sais, c'est toi-même qui m'en a informé.

Moi: C'est vrai papa. Tu te poses sûrement des questions sur ma présence ici, avec tous ces vêtements, mais je t'assure que ce n'est rien de grave. C'est juste que, j'ai voulu achever mes révisions ici, comme les examens approchent.

Mon père: Ah, comme ça me rassure de l'entendre. Quand je t'ai vu entrer, j'ai tout de suite cru que tu avais mis fin à ton mariage. Après tout, c'est juste pour ne pas me décevoir que tu as accepté cette union, n'est-ce pas?

Moi: ...

_ Comme je suis désolé Marième, et comme je regrette de t'avoir mis dans une voie qui n'a jamais été ton choix, dit-il la tête courbée.

Il culpabilisait tellement qu'il n'osait me regarder dans les yeux. Jamais je n'avais connu ce côté sensible de mon père.
Les larmes aux yeux, je répondis: "Ne dis pas ça papa, tout est dans le décret d'Allah."

Mon père: Dis-moi juste ma fille, que tu ne regrettes pas ce mariage.

Moi: S'il te plaît papa. Comment pourrais-je le regretter, alors qu'il s'agit de la porte par laquelle Allah m'a favorisée, en me donnant ce petit trésor, ton homonyme.

Cette fois-ci, mon père éclata en sanglots, c'était comme s'il avait laissé ses émotions s'exprimer toutes en même temps.

Mon père: Tu as raison, et tu ne cesseras de m'impressionner Marième. Sache que si vraiment les prières d'un père pour ses enfants s'exaucent, alors toi et tes frères et sœurs serez les plus heureux au monde.

Moi: Amine. Et ne cesse jamais d'invoquer Allah pour nous.

Mon père: Tu sais Marième, je ne te l'ai jamais dit, mais sache que je suis très fier de toi. Tout à l'heure tu m'as dit que tu es venu ici pour les révisions, cela montre que tu as beaucoup de courage et que tu es déterminée à réussir dans tes études pour devenir quelqu'un dans la vie. Et je t'en remercie, c'est tout ce que je voulais.

J'eus simplement hoché la tête pour dire merci avant qu'il me fasse signe de partir.
Mon père était quelqu'un de bien malgré son apparence. Et Samba était quelqu'un de mauvais, malgré son apparence...

Fin de chapitre...

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