17 - Håkan's palace

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                « Le Général d'armée Hathanaël vous rejoindra ici, soldat Rao., m'indique le cocher.

Je m'adosse à la berline hippomobile — ou au carrosse, si vous préférez, c'est sensiblement la même chose —, et j'attends.

Il est très très rare que je sorte de la garnison. Nous sommes autorisés à rentrer chez nous lors des jours de repos, mais ma famille habite trop loin et puis je suis mieux ici. C'est la première fois depuis peut-être, deux ans, ou un truc comme ça, que je contemple les immenses portes d'entrée d'Örn, et leurs gigantesques colonnes corinthiennes. Ça paraît surréel.

Je ne me souviens plus vraiment du jour où j'ai atterri ici. Mais je sais que mon bras me grattait à mort parce que je venais juste de me faire un nouveau tatouage, et que j'ai trouvé le bâtiment stylé. Terrifiant, mais stylé.

— Général d'armée Hathanaël. », le salue le cocher lorsque le Séraphin me parvient, mon ange divin.

Le Général l'ignore, paré de son long manteau blanc et fourreau relié d'or, sur son uniforme décoré de tous ses honneurs. Qu'est-ce qu'il en impose... Qu'est-ce qu'il m'éloigne de l'Éveil...

Le cocher lui ouvre la portière, et lui tend une main que le Séraphin n'attrape pas quand il monte le marchepied. Quant à moi, il ne me tient pas la main, ce qui est un traitement de faveur qui ne me plaît pas. Je ne suis pas n'importe quel soldat, je suis le compagnon du Général d'armée. Un peu de respect.

Je m'assois à côté de lui plutôt qu'en face.

Il ne s'y oppose pas.

« Le trajet durera deux heures, soldat Rao.

— Oh. Très bien, mon Général.

— Si vous souhaitez dormir, vous le pouvez. Faites-le simplement sur l'autre banquette, et ne ronflez pas.

— Je suis tout à fait réveillé, mon Général.

— Tant mieux pour vous.

La berline démarre.

Ça saute beaucoup, c'est peu confortable. Les chevaux font leurs bruits de soupirs que j'adore, et les paysages défilent. Beaucoup d'étendues d'eau, et des routes de graviers entourées de verdure. C'est vraiment beau.

Je colle presque ma tête à la fenêtre. Le pays que je défends. Ou défendrai. Le pays qu'il a trahi. Et qui l'a honoré.

Les voitures, ça existe, chez nous. Les voitures électriques, même, on m'a dit. Mais le Président Håkan le Romantique a horreur de la technologie. Il déteste le progrès technique, il trouve que ça perd en esthétique. Il autorise ceux qu'il trouve sont des outils, comme le téléphone à cadran dans le bureau du Général, et j'ai déjà vu une télévision, dans des livres. Mais les voitures, non, donc on se déplace en carrosse.

C'est moins rapide, mais passer du temps avec le Séraphin ne me dérange pas le moins du monde.

L'Inde, c'est l'inverse. Parce que le Président Arun de l'Ocre adore le high-tech. Les villes sont très cyber. Il y a de grands buildings avec des publicités interactives, et des intelligences artificielles, et des capsules à grande vitesse qui vont dans des tubes et transportent les gens d'un point A vers B. Ça sonne très inventé, je sais, mais j'ai vu des photographies alors je vous jure que c'est vrai.

— Les plus beaux paysages seront à droite, soldat Rao.

— Ah oui ?

— Oui. Si l'extérieur vous passionne tant, nous pouvons échanger de place.

Ropes and InkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant