Monsieur et Madame

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                     Leur amour était arrivé par hasard, un jour de printemps, grâce à une application de rencontres. Elle débarquait juste dans la région, lui était né là. Il était issu d'un milieu catholique, où un homme et une femme sont censés se jurer fidélité pour la vie. Elle avait vu sa mère avoir autant d'hommes que de mouchoirs, et avait vite appris à tenir un homme par le ventre et le bas-ventre. Lui avait été un mari infidèle, pris à son propre jeu. Elle s'était mise trois fois en relation monogame, voulant absolument conjurer les meurs légères de sa mère. Mais quand on essaie d'aller contre sa nature, le monde vous ramène vite à votre place. Elle lui apportait ce grain de folie, il lui apportait la stabilité, ils étaient si différents et pourtant complémentaires.

                    Il était rentré dans le monde libertin, tant adulé par sa douce. Elle avait accepté sa famille envahissante et bien trop présente. Seul un détail nuisait à leur relation : elle fêtarde, lui casanier, leurs envies étaient diamétralement opposées... Elle voulait tellement plus de passion, plus de folie, de spontanéité même... Mais lui ne rêvait que de grand canapé et d'un écran plat, et de repos bien mérité. Pour ces raisons simples, ils avaient conclu un règlement de conduite, car tout couple, même ordinaire avait ses règles. Elle ne lui imposerait pas les trois ou quatre sorties hebdomadaires, il ne l'empêcherait pas de sortir sans lui et ils ne s'imposeraient aucune fidélité sexuelle. Le polyamour et les relations homosexuelles étaient ses seules limites à lui. Les plans de dernières minutes, la sodomie et la non-réciprocité étaient les siennes.

                    Mais ce soir-là, il avait tout chamboulé, exprès, pour faire plaisir à sa douce, et s'assurer que son amour pour lui perdurait encore un peu plus. Il délaissa sa télé, réserva un restaurant traditionnel japonais, traça un plan de soirée organisé. Par une note posée sur la table, il avait demandé à son élue de se préparer, sexy à souhait, à passer une soirée comme elle en rêvait. Il était même allé se préparer chez sa mère, pour ne pas éveiller les soupçons. Voyant la note en rentrant du travail, elle essaya d'abord de l'appeler, sans succès. Elle n'était pas du genre à aimer les surprises. Dans son cerveau, chaque chose avait sa place, chaque soirée se devait d'être millimétrée, à part celle qui jouait la carte de la spontanéité. Elle finit par céder, prenant sur elle pour ne pas interroger tout leur entourage.


                    Elle enfila ses bas résilles assortis à un petit ensemble tangas, soutien-gorge et porte-jarretelles, le tout dans un nuancier de violine, la couleur préférée de son amoureux. Elle enfila sa robe la plus sexy et affriolante de sa garde-robe. Un décolleté très plongeant, montrant son bonnet G, si courte que l'on apercevait ses bas en entier. En allant se regarder dans le miroir, elle se sentait fabuleuse. Les mauvaises langues diraient qu'elle ressemblait à une paupiette, ses rondeurs débordant ainsi, mais elle savait que c'était ce que son homme aimait par-dessus tout. Elle avait depuis longtemps accepté son corps et prenait un malin plaisir à provoquer les grossophobes. Des chaussures compensées et la tenue était bouclée. Elle eut le souffle coupé, le voyant ainsi apprêté. Un costume noir, avec chemise et gilet, des mocassins cirés, une coiffure et rasage incapable : tout ceci était à mille lieux de lui. Elle comprit l'effort fourni, mais n'en comprenait pas la raison :

─ Ce n'est pourtant pas notre anniversaire. Tu as eu une promotion ? Tu vas me demander en mariage ?

─ Et si pour une fois, tu te laissais faire, et arrêtais de vouloir tout gérer ? Profite, mon amour.

                    Sur le trajet, il s'arrêta au bord de la route, lui demanda de mettre un masque de nuit sur les yeux, pour la priver d'un de ses sens. Il la conduisit sur un point de vue, ignoré de tous, éclairé à la bougie par ses soins, où il avait, en amont, posé des fleurs, du cidre et un matelas gonflable. Il avait conscience qu'au milieu des hostilités elle ôterait son bandeau, et il voulait que tout soit parfait à ce moment-là. Il connaissait ses fantasmes de pluralité et d'exhibition, et décida de mêler les deux en une fois. Deux beaux spécimens, dans leur plus simple appareil, les attendaient à leur arrivée, il les avait prévenus en partant de la maison, leur indiquant l'heure d'arrivée. Monsieur déshabilla et coucha madame sur le matelas. Un des deux hommes prit sa main et vint la placer sur son membre, à demi levé, mais déjà de belle taille.

De l'amour au sexe, ou du sexe à l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant