IV. Caden

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Je n'en reviens toujours pas qu'elle m'ai  planté sur place après ce qu'il venait de se passer entre nous. Je ressasse ma colère depuis ce matin comme une rengaine. En entrant dans les vestiaires, je jette mon sac contre les casiers avec vigueur et mets même un bon cou de pied dedans au passage. Deux jeunes me lancent un regard surpris mais je les décourage rapidement de toutes questions potentielles avec un regard assassin. 
Tu devrais baiser ! Me lance Noah, de l'autre côté du banc. Ça t'éviterai toute cette colère refoulée.
Les meufs, ça n'amène que des emmerdes ! Tu peux me croire !
Pas quand tu évites de leur parler ! Ricane Noah avec un regard entendu.
Évidemment. Les filles que s'envoie Noah ne sont pas capables d'aligner deux phrases l'une avec l'autre, leur parler est tout sauf intéressant. Mais je n'arrive pas à avoir de l'attirance pour une personne qui n'est pas capable de me parler d'autre choses que de fringues ou de maquillage. Les seules qui pourraient être intéressantes n'ont pas le physique qui me plaisent. Certaines sont pas trop mal mais aucune ne me donne envie de déchirer leur petite culotte. L'année dernière, j'ai bien essayé avec une fille plus vieille, Andrea, mais sa possessivité et sa jalousie m'ont vite excédé.
Aujourd'hui la seule qui obsède mes pensées est une petite boule de feu, qui n'arrive pas à aligner deux mots à la suite.
Rien que de repenser à elle, je sens tout mon corps se mettre à bouillir de désir. Mon poing se plante d'instinct dans la porte de mon casier, les muscles tendus par une passion dévorante. Bordel ! Elle a eu son plaisir, mais je suis resté sur ma faim. J'en voulais plus. Plus de gémissement, plus d'extase, plus de baisers, plus de ce plaisir unique que je n'ai jamais ressenti auparavant.
Perdu dans mes pensées, je n'entends pas Sawyer entrer dans les vestiaires et ne le remarque que lorsqu'il me tape sur l'épaule, un large sourire sur le visage. C'est fou ce qu'il se ressemble avec sa sœur. La même tignasse châtain aux reflets cuivrés, la même lueur intelligente dans le regard et même cette petite fossette au coin des joues quand ils sourient. Le jeune homme est plus grand que sa sœur et malgré des traits fins, il ne ressemble pas pour autant à une fille.
Je rêve ou tu me mates ? Me sourit Sawyer, avec son humour habituel. T'es pas trop mon genre mais je peux faire une exception pour une fois.
Mort de rire ! (Là sarcasme transpire abondamment dans le ton de ma voix)
Si tu préfères, je peux demander à Sasha, continue-y-il avec un sourire entendu et un regard appuyé.
Merde ! Est ce que sa sœur lui aurait parlé de nos ébats ? Je n'aurais jamais imaginé qu'ils puissent être si proches, mais étant donné que je ne les connais que depuis quelques semaines, tout est possible finalement.
Sawyer s'approche et penche son visage près de moi. Je m'attends à un autre sous-entendu mais le ton de sa voix prend une tournure beaucoup plus sérieuse.
Comment allait-elle quand tu l'as laissé ? Me demande le jeune garçon, tout bas.
Surpris, je lui jette un regard perplexe. Avec la crise que sa jumelle a fait, il n'a pas trouvé judicieux d'essayer de la voir avant.
Elle avait l'air d'aller mieux.
Tu es sûr ? Je sais que ce n'est pas facile pour des inconnus de voir comment elle va. Vous êtes restés longtemps ensemble ?
Jusqu'à la sonnerie. Elle est partie en cours ensuite et avait l'air d'aller très bien.
Ok, répond Sawyer, l'air pensif.
Dis moi ! Comment tu fais pour comprendre ce qu'elle essaie de dire ? Parce que, ce qu'elle disait ce matin n'avait aucun sens. Ce n'était que des sons...
Je le connais. Quand elle est en crise, c'est souvent pour les mêmes raisons et elle raconte toujours les mêmes conneries ! Dit Sawyer en haussant les épaules, s'éloignant de moi.
Je le suis, avec une envie dévorante d'en apprendre plus sur Sasha.
Elle est hyper complexée par ce trouble de langage depuis toujours. C'est super dur pour elle de se faire des amis alors que c'est facile pour moi. Du coup elle s'est mis en tête que c'est parce qu'elle est inférieure à moi ... Ce qui est complètement con !
C'est clair !
Euh ! Je sais pas trop comment je dois le prendre ! Dit-il en éclatant de rire.
Non, ce qui est con c'est qu'elle pense qu'elle vaut moins que toi juste parce qu'elle n'arrive pas à s'exprimer.
Ouais ! C'est pire depuis la mort de notre mère... Le choc a amplifié son bégaiement. Elle n'arrive quasiment plus à faire une phrase complète depuis.
Je savais pas pour votre mère... désolé.
Merci, répond Sawyer avec un sourire, tentant de masquer le chagrin dans son regard. C'était il y a longtemps. Mais c'est encore pire pour Sasha, elle était avec elle quand elle est morte.
Vous aviez quel âge ?
Huit ans.
Le coach nous appelle avant que j'ai pu poser plus de questions, Sawyer sort en courant vers le terrain, tandis que j'attrape ma crosse pour le suivre.

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