VI. Caden

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Sans m'en rendre compte, je la cherche du regard dès que je fais un pas dans le hall du lycée. Je sais pourtant que je vais la voir en cours de psycho, car on est tous les deux en classe en même temps pour cette matière.
Depuis le retour du bureau du shérif lundi soir, je ne l'ai pas croisé une seule fois. D'après Sawyer, elle a été malade jusqu'à hier mais devait être présente en cours ce matin. Pourquoi n'ai-je pas eu la présence d'esprit de lui demander son numéro ? Ça m'éviterait cette impatience et ce désir infernal de lui parler. Tout en marchant, je note tout de même qu'elle aussi n'a rien fait pour me joindre, alors qu'elle aurait pu demander mon numéro à son frère. Bon j'aurais pu faire la même chose, c'est vrai. Ferment brutalement la porte de mon casier, je me retrouve nez à nez avec Noah et sa mine patibulaire.
Je t'ai déjà dit que c'était fini alors arrête de tirer cette gueule en permanence.
Pourquoi vous n'avez rien dit à Sawyer ?
Parce que tu es un connard seulement quand tu bois à l'excès. Tu devrais faire gaffe d'ailleurs, un jour ou l'autre, tu vas faire une connerie grave et tu ne pourras t'en prendre qu'à toi si tu finis en taule.
Je suis désolée Caden ...
Je le coupe directement. J'en ai assez des gens qui font des conneries et viennent ensuite pleurer pour qu'on les pardonne.
Noah ! Cette fois tu es tombé sur une fille qui t'a éclaté avant que tu ai pu faire quoique ce soit. La prochaine ne pourra peut-être pas se défendre, alors tu feras quoi ? Ben tu la violeras. Mais ensuite, tu crois que t'en sortiras avec des excuses. Non ! Et si ça en arrive là, je serai le premier à te dire que la sanction sera méritée. T'as d' la chance de pas avoir eu le temps de la toucher avant qu'elle te tabasse, j'aurais pas été aussi tendre si tu avais posé tes mains d'ivrogne pervers sur elle... Surtout sur elle.
Je vois l'abattement tombé sur les épaules de mon pote mais je préfère ne rien dire. Quand je pense à ce qu'il aurait fait à Sasha, ou ce qu'il pourrait lui faire si je ne suis pas là et qu'il ramène des potes, ma rage montre crescendo et j'ai une furieuse envie de lui fracasser le crâne contre le mur. J'expire bruyamment, excédé par le comportement de certains de mes contemporains.
Tu seras à la fête d'Amber ce soir ?
Bien sûr, me répond-il ravi que je change de sujet. Ça va être une tuerie cette année encore.
T'es au courant pour la soirée que veut organiser Sarah samedi soir ? Vu qu'Amber prend Halloween, elle veut que le jour des morts restent dans les annales pour les vivants. Elle distribue les cartons d'invitation depuis ce matin, triés encore plus sur le volet. C'est une soirée à thème avec un jeu avant la fête. 
J'ai même pas ouvert le carton ! Ricane Noah. Je croyais à une autre fête banale.
Ils ouvrent leur enveloppe et tombe sur un carton noir, personnalisé pour chacun. Il y a des symboles ésotériques au reliefs or et un long texte. Le but du texte est d'expliquer le jeu qui permettra de pouvoir entrer dans le lieu où aura lieu la fête. Elle clôt avec une phrase qui m'arrache un sourire: « Vices et délices seront parmi nous, serez vous prêts à vous découvrir de nouvelles passions avec votre partenaire de la soirée ».
Pour résumer je vais devoir parcourir la ville à la recherche de ma partenaire de la soirée afin de me rendre dans un lieu de perdition.
Je vois Sasha me courir dessus, une enveloppe noire dans la main. Vu son regard enjoué et sa mine terriblement excitée, je sens que je vais devoir jouer à ce jeu.
Tu as vu ? Ça... ça ... a l'air ... ddd..dddrole ! Me dit-elle avec le même sourire qu'une enfant de 5 ans devant la poupée de ses rêves.
D'accord ! On y va mais tu viens chez Amber avec moi ce soir !
Et pourquoi d.. don ... d ?
Je fais l'effort d'aller dans ce lieu de perdition pour te faire plaisir alors tu viens ce soir avec moi ! On fait des compromis dans une relation.
C'est vrai, je lâche ma dernière phrase comme une bombe mais je n'en peux plus de ressentir ce besoin irascible d'elle. Au moins si c'est ma copine, je pourrais la toucher et l'embrasser quand bon me semble.
Il faut juste que je m'arrange pour que ma belle mère n'en entende jamais parler. De toute façon, il est parfaitement hors de question que Sasha mette un pied chez moi.
Tu es d'accord ? Me demande t-elle avec un regard qui ferait fondre tous les cœurs, même les plus durs.
Mais oui (Je répond en posant un baiser sur ses lèvres charnues). Par contre ça te gêne pas de me raccompagner ce soir, je passe la nuit chez vous et Sawyer doit rester à la bibliothèque pour boucler son devoir de Géo.
Non. Je dois prendre les deux petits.
C'est pas un soucis ! (Je rajoute en entendant la sonnerie et en prenant sa main dans la mienne) on devrait y aller.
Dès notre entrée dans la salle, je vois quelques têtes se tourner vers nous, étudiant notre posture et qui se mettent à chuchoter. Je secoue la tête en menant Sasha à un des tables de quatre que la prof a organisé pour ce cours.
A peine installé, Key arrive en sautillant dans la salle. Il porte une robe rose à paillette, très courte, sur un legging noir brillant et dès baskets très montantes violet clair toute nacrées. Je vois son regard s'illuminer dès qu'il nous voit Sasha et moi, installés à la même table. Il s'assoit en face de moi, me dédiant un large sourire et pose cette énorme peluche, qui lui sert de sac à dos, sur la table.
Tu crois pas que c'est too much ? Demande t-il à Sasha, les yeux brillant de joie.
Jamais, répond-t-elle en articulant chaque syllabe, avec un sourire fier et gratifiant.
Key ressemble parfois à un petit garçon, ses réactions sont encore souvent immatures malgré qu'il ait plus de dix sept ans. Il faut dire que tout le monde connaissait le père de Key, un type horrible qui tabassait sa femme et son fils à la moindre occasion. Combien de fois Key est arrivé plein d'ecchymoses et de traces sur le corps entier lorsque nous étions en primaire. Puis un jour, le paternel a disparu. Personne n'a jamais su où il était passé et personne n'a regretté ce taré, surtout pas Anggie et son fils, qui s'est épanouie comme une fleur du jour au lendemain. Il y a juste eu une histoire bizarre avec l'oncle de Key qui a accusé Anggie de l'avoir buté mais le shérif a vite conclu à un départ précipité, sûrement pour trouver une autre femme à torturer. Patrick Hamilton avait accumulé pas mal de dettes un peu partout en ville, son départ n'a finalement surpris personne, étant donné que les huissiers étaient venus plusieurs fois. Depuis son départ Anggie a pu repartir de zéro et elle a ouvert le Sunday's, un bar miteux mais où tout le monde la respecte et paît ce qu'ils consomment.
Madame Perry fait son entrée dans la salle de classe, nous intimant l'ordre de nous taire et de prendre place. Du haut de ses trente huit ans, elle est toujours aussi jolie que lors de la soirée où elle a été élue reine de Promo 2003. Sa photo avec le roi de l'époque orne encore une vitrine de l'école. Elle nous lance un grand sourire énigmatique et soulève, devant nous, les deux enveloppes d'invitations des fêtes de ce week-end. Son regard semble terriblement amusé par ce qu'elle prépare.
Voila sur quoi nous sommes tombés ce matin dans les couloirs ! Bien sûr nous avons d'un côté la soirée traditionnelle d'anniversaire de mademoiselle Taylor mais nous avons aussi mis la main sur ce jeu étrange que prépare un anonyme mais auquel un bon nombre d'entre vous vont sûrement participer. « Délices et vices » donc !
Vous savez que vous n'êtes pas invité ! Lance un élève en riant.
C'est bien dommage pour vous, car je doute que vous sachiez réellement ce que sont le vice et les délices, sourit-elle fière de son expérience dans la vie. Et vu votre âge, j'ai du mal à imaginer autre chose que pleins de couples, dans plein de chambre, qui grognent et qui besognent.
L'expression imagée déclenche un rire général. Madame Perry a toujours été douée pour se rendre sympathique auprès des élèves. Tout le monde l'adore et bien qu'elle soit sévère, elle se montre toujours juste et à l'écoute de chacun.
Donc en accord avec le corps enseignant, j'ai le privilège de vous distribuer une quantité astronomique de préservatifs en vous encourageant à ne surtout pas avoir besoin de vous en servir. Et contre l'avis du corps enseignant, et sans doute de beaucoup de vos parents, je vais avoir la joie de vous expliquer comment on s'en sert avec l'aide de mon assistant de la journée : Bob.
Elle sort de son sac un godemichet de belles proportions et le pose sur son bureau, faisant claquer la ventouse pour qu'il accroche bien. Un fou rire général emporte la classe tandis qu'elle fait signe à la première élève de venir tenter sa chance avec Bob, comme elle l'appelle. Vient le tour de notre table, madame Perry nous lance un regard chaleureux accompagné d'un large sourire. A ma grande surprise, Sasha se met debout et marche, tête haute, jusqu'au bureau. Elle attrape un préservatif et arrache naturellement le sachet avec les dents, puis le fait glisser précautionneusement sur Bob, tout en douceur. Sa petite main glissant le long du god avec délicatesse déclenche un silence lourd dans la classe. Je remarque plusieurs garçon qui lui lancent un regard de braise. Sans s'en apercevoir, elle a penché la tête et mordille sa lèvre inférieure. Sentant la jalousie me dévorer, je me lève d'un bon et la rejoint au bureau, posant une main possessive sur sa hanche.
Pressé de nous montrer tes talents Caden ? Me demande Madame Perry avec sarcasme.
C'est ça.
Le dernier à rejoindre le bureau est Key. Devant nos yeux ébahis, il arrache l'emballage avec les dents, lui aussi, et arrive, par magie je suppose, à glisser le préservatif avec les lèvres. Faisant monter une huée d'encouragement de filles, même les mecs finissent par applaudir, Key en profitant pour faire un clin d'œil aguicheur à Gavin, déclenchant un rire franc chez ce dernier.
Bien ! Ça suffit, on se calme ! Clame notre professeure. Maintenant qu'on a bien rigolé, essayez de ne pas oublier qu'avoir une vie sexuelle entraîne des conséquences, parfois définitive. Soyez responsable et conscient.
La sonnerie retentit. Avant que nous ayons eu le temps de sortir, madame Perry demande notre attention.
Et soyez gentil de me raconter lundi ce qu'était vraiment cette soirée : Vices et délices ! Déclare-t-elle avec un grand sourire sur les lèvres. Bon week-end à tous.

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On se retrouve la semaine prochaine pour le chapitre suivant !
N'hésitez pas à me donner votre avis 😉

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