Vices & Délices

X. Caden

Alors que Sacha s'est endormie, blottie contre moi, avant la fin du film, je me détache d'elle pour sortir du lit. Je la sens bouger, elle se tourne et enroule la couette autour d'elle, disparaissant quasiment presque dessous. J'attrape une bouteille de soda et l'ouvre délicatement pour éviter de la réveiller. Mon regard est immédiatement attiré par le contenu de sa corbeille à papier. Les éclats de verre brisé déplacent instinctivement mon regard vers le miroir en morceau de sa coiffeuse. Au moins j'ai la réponse à ma question : elle a explosé le miroir avec le poing, d'où le pansement improvisé sur sa main. Je me demande bien ce qui a pu la mettre dans une telle colère, ou bien est-ce un accident ? Avec Sasha je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre. Elle a l'air si douce, si vulnérable que je l'ai cru timide et réservée mais je me rends compte, avec le temps, de tout ce qui se cache derrière son sourire lumineux et son air angélique.
En regardant autour de moi, je me rends compte que tout ce que je veux savoir sur Sasha doit être là, dans sa chambre. C'est avec un brin de culpabilité, très vite effacé par la curiosité, que je me mets à fouiller en tentant de ne faire aucun bruit qui pourrait la réveiller. Sur la coiffeuse, je ne trouve que du maquillage, des bijoux et des accessoires pour les cheveux, en ouvrant un petit tiroir sous le miroir, je tombe sur une petite chaîne avec un pendentif en forme de « M » bien planqué sous un pile de petit papier plié dans une cordelette. Je continue mon excursion et ouvre un tiroir de sa commode. Sous la pile de lingerie ordinaire, j'ai le plaisir de tomber sur des dessous en dentelle et en satin noir. Tirant délicatement sur ce qui me paraît être un boxer en satin, je vois un petit sachet tomber au sol. En me penchant je me retrouve avec un paquet de comprimé blanc. Vu l'état du paquet et la planque, je comprends dans l'instant que ce n'est pas un traitement pour les maux de tête. Frénétiquement, je le transforme en chien de drogue et retourne la chambre, en silence, à la recherche d'autres substances. Un bourdonnement sourd envahit les oreilles pendant que je fouille la table de nuit à l'extrême opposé de Sasha. En soulevant un roman, je suis à deux doigts de grogner en voyant un vieux paquet de clopes, des feuilles longues et un briquet. Vu la gueule du paquet, je sais déjà que ce n'est pas des cigarettes que je vais trouver dedans. Bingo. De la weed. Et juste à côté une boîte de bijouterie dans laquelle est dissimulé un sachet de poudre blanche.
Bordel ! Je suis assis sur le lit de ma copine et j'ai dans ma main, trois drogues différentes que je viens de trouver dans sa chambre.
Mon visage cherche le sien, à la recherche de quelque chose qui pourrait expliquer pourquoi je suis tombé sur ces trucs chez elle. Hélas je ne vois que son visage apaisé par le sommeil, les lèvres étirées dans un petit sourire, ses longs cils sombres tranchant avec la blancheur de sa peau.
Durant un instant, je me demande vraiment quoi faire de tout ça. Dois-je lui en parler ?
Finalement je décide de tout ranger à sa place et de faire comme si je ne savais rien. Si elle avait un problème de drogue, ça se serait vu depuis longtemps. Surtout avec des substances comme la cocaïne et l'ecstasy. Je me remets dans le lit, le regard rivé au plafond, plongé dans un océan de pensées qui déclenche une angoisse terrible.
Dans son sommeil, je sens Sacha rouler et s'étaler sur moi, trouvant parfaitement sa place contre mon corps, ses courbes épousant les miennes à la perfection : sa tête sur mon épaule, son bras enserrant mon torse et son genoux replié sur ma cuisse. Je l'entends presque soupirer de plaisir quand je referme mon bras autour d'elle.
Mon cœur s'emballe devant son comportement. Elle est si belle, si tranquille contre moi, qu'on dirait qu'elle n'a besoin que de moi. Je décide de chasser les pensées terribles de mon esprit et d'attendre pour voir s' il y a un problème réel avec Sasha.
L'alarme de mon portable me réveille à six heures précises. Je l'entends râler et mettre la tête sous la couette. Je roule sur elle, après avoir éteint le son, et l'embrasse tendrement, trop heureux de me réveiller à ses côtés. Encore ensommeillée, elle enroule tout de même ses bras et ses jambes autour de moi, provoquant une onde de désir dans mes reins qui me colle à elle. Mes mains glissent directement sur ses hanches et je la sens onduler légèrement contre moi pendant que je la caresse. Je roule sur le dos, l'entraînant avec moi pour qu'elle se place à califourchon tout en continuant de l'embrasser à pleine bouche. Ses lèvres glissent de mon menton à mon torse, déclenchant une vague de feu à chaque passage. Je sens sa langue descendre sur mon ventre, jouant au-dessous de mon nombril et continuer sa lente descente vers mon boxer.
Une boule de dégoût se forme dans ma gorge, je sais que ce n'est pas Maddie mais la nausée me prend à l'instant où Sasha tire le tissu avec ses dents. Je me redresse d'un bond, la faisant quasiment voler mais elle reste en place. Prenant ma tête contre elle, elle l'enfouit dans son cou et murmure :
Ferme les yeux. Respire en rythme.
Ses doigts glissent de la nuque au bas du dos doucement. Je respire au rythme de ses caresses et finit par me calmer. Quand je redresse la tête vers elle, elle me dédie un sourire chaleureux, plein de tendresse. Je ne peux m'empêcher de fondre devant son air magnifique et ses yeux lumineux. Mes lèvres trouvent d'instinct les siennes pour un baiser plein de reconnaissance et de gratitude.
Tu as faim ? Me demande-t-elle en ôtant son adorable petit corps du mien.
Un café me ferait du bien, et peut-être de quoi grignoter.
J'amène tout. Reste discret.
Elle enfile mon t-shirt sur les simples sous-vêtements qu'elle avait gardé pour la nuit et ferme la porte en me lançant un baiser.
Je retombe mollement sur l'oreiller, rongé par la culpabilité de laisser Maddie s'interposer entre Sasha et moi ou du moins dans nos relations intimes.