V. Caden

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Je la serre aussi fort que je peux, enfouissant mon nez dans son épaisse chevelure, respirant son parfum fruité, de la banane peut-être. Son visage est écrasé contre ma poitrine mais je sens qu'elle est aux anges.
Je trouve que tu es plus câline quand tu as bu.
Son rire cristallin s'élève dans l'air, faisant miroiter une pluie d'étincelles dans mon cœur.
Profites-en, susurre-t-elle en levant le visage vers moi, le menton toujours posé sur mon sternum.
Instinctivement, je me penche et cueille ses lèvres pour un baiser enflammé. Je la sens se hisser sur la pointe des pieds pour s'offrir un peu plus à moi et j'en profite pour faire glisser mes mains sur ses hanches. Elles sont légèrement plus pleines que ce qu'on appelle la normale mais avec sa taille creusée, ça rend ses courbes encore plus sensuelles. Mes pouces s'insèrent, de chaque côté, dans son jean et je la tire plus haut contre moi. Je sens que mon corps est prêt à exploser. Ne sachant pas si je pourrais continuer à me contrôler, je préfère la repousser tout doucement et mettre un peu d'espace entre sa bouche pulpeuse et la mienne. Je la vois pencher la tête et une moue boudeuse sur le visage, fronçant légèrement les sourcils. Ça m'arrache un sourire et je ne me retenir de poser un petit baiser sur le bout de son nez.
Ce moment parfait est interrompu par des bruits de pas derrière nous, faisant craquer des branches et des feuilles mortes. Je n'ai pas le temps de me retourner que trois mecs de l'équipe sont déjà à côté de nous. Malgré l'obscurité, je reconnais Noah, Isaac et Matthew. Dans un geste désespéré, je tente de protéger l'identité de Sasha, en serrant son visage contre moi mais je vois bien que c'est peine perdue.
C'est pas sûr que Sawyer apprécie, déclare Noah, hilare.
- Je croyais que la sœur de Sawyer était mongole, rit Matthew, apparemment bien trop imbibé pour contrôler ses paroles. C'est pas ce qu'Amber avait dit ? 
- Parce que tu fais attention à ce que dit Amber ? Rit encore plus Noah.
Je sens Sasha se tendre contre moi. Elle se détache de mon corps et se tourne vers eux, mon bras toujours autour de son buste. Je devine à l'air de Matthew, que le regard qu'elle leur lance est tout sauf amical. Sachant très bien à quel point son regard peut transmettre les plus merveilleuses sensations, je me doute qu'il est tout aussi capable de faire peur. C'est donc, tout naturellement, que je descends mon bras, qui atterrit sur sa taille et leur lance un sourire fier.
- En même temps, elle est carrément chaude ! S'exclame Noah en approchant sa main du visage de Sasha. Tu veux pas partager un peu Caden ?
Tu vas un peu loin là !

*

Sasha

Je sens son poing se crisper contre mon ventre et je dois dire que la vue de cette main qui approche de mon visage me donne envie de le frapper. Bien que je sois légèrement alcoolisé, je suis quand même totalement consciente de mes actes et de ce qu'il se passe autour de moi. Le regard salace de Noah rampe de ma poitrine à mon bas ventre, je le vois même passer sa langue à la commissure de ses lèvres.
Y'a sûrement de la place pour deux là dedans, bave-t-il en faisant un pas vers nous.
Mon pied par tout seul vers son entre jambes, écrasant ses parties avec la semelle de ma rangers. Mon genou suit dans la volée pour lui fracasser le nez tandis que je pousse son crâne dessus.
Noah tombe à mes pieds, criant de douleur, une main sur son entre jambe et l'autre sur son nez qui dégouline de sang. Un seul regard suffit à l'autre bouffon pour comprendre qu'il aura droit au même traitement s'il m'approche. Il attrape son pote et part en l'aidant à se déplacer, nous laissant seul, Caden et moi, avec le troisième, qui a un sourire amusé plaqué sur la bouche.
- Tu sais que c'est pas son genre de faire ça, dit le jeune homme avec un regard appuyé sur Caden.
Ouais mais il va quand même ramasser demain, siffle ce dernier en me prenant à nouveau contre lui. Ça va ?
- Oui. (Je hoche la tête pour appuyer ma réponse et pose sur lui un regard rassurant)
- Il ne devrait pas boire autant. Il devient aussi con que Matt dans ces moments là ! Le pire c'est qu'il se souviendra de rien demain matin, ricane le garçon.
- La douleur sera toujours là.
- C'est sûr ! S'exclame-t-il en éclatant d'un rire clair et léger. En tout cas c'était superbe et super drôle de voir Noah se faire ratatiner par une fille aussi menue et petite que toi. Bravo !
- Merci. (Je lui sourit avec chaleur)
- Bon je vous laisse continuer, réplique Isaac en nous quittant, non sans un dernier sourire dans ma direction.
Je tourne la tête vers Caden et aperçois son regard contrarié. Ma main part toute seule vers son joue et la caresse. Ses yeux s'ancrent dans les miens et un sourire tendre détend les traits de son visage.
- On devrait retourner avec les autres, me dit-il en me tirant pour m'entraîner vers le bruit de la fête qui bat son plein.
Quelques mètres plus loin, nous entrons dans la clairière qui borde le lac, où le gros de la fête a lieu. J'ai la vague impression qu'il y a encore plus de monde que lors de mon arrivée. Je jette un regard un peu partout, à la recherche de Key et Lolye mais impossible de les trouver. Caden murmure à mon oreille que mon frère est en face, sur le 4x4 de Gavin, avec une fille sur les genoux. Inévitablement, mon frère finira la soirée avec la fille en question dans son plumard, la faisant discrètement sortir avant l'aurore pour éviter de croiser l'un ou l'autre de nos jeunes frère et sœur.
A notre entrée dans le secondaire, Kate nous a fait asseoir à table pour avoir une grande discussion sur le sexe et ses conséquences. En accord avec notre père, elle nous a permis de faire venir qui on voulait sous leur toit, du moment qu'on était responsable et que les visiteurs de passages étaient partis au petit matin, pour éviter les questions embarrassantes des plus jeunes. Je n'ai jamais eu besoin de mettre en pratique cette consigne personnellement mais Sawyer est devenu un expert en la matière. Ça a été un gros sujet de désaccord entre Kate et notre père d'ailleurs. Kate étant une pure américaine, elle ne trouve pas normal que des adolescents aient une vie sexuelle aussi ouverte, surtout si jeune. Hélas pour elle, notre père est européen et la question de la sexualité est traitée de manière extrêmement différente en Europe.
Mon père, irlandais, a rencontré ma mère, anglaise, durant leurs études à Londres. Nous avons vécu dans la banlieue londonienne durant deux ans. Puis nous avons déménagé à Copenhague, Milan et Valence, avec un très léger séjour de quelques mois en Argentine,  en l'espace de cinq ans. Nous avons enfin arrêté cette course folle a Monroe, un an avant le décès de ma mère.
Caden a à peine le temps de me tendre un gobelet de bière avant que des sirènes retentissent au loin. Comme je le pensais, le banc des fêtards a tellement grossi que ça a alerté le bureau du shérif. En quelques secondes, nous voilà encerclés par des feux de grosses voitures. Je vois tous les élèves partir en courant dans les bois, des voitures s'enfuir à toute vitesse et un tas de policiers arriver vers nous en criant. L'agitation est telle que j'ai l'impression de ne plus rien entendre à part une cacophonie horrible qui me vrille les tympans. Les mains sur les oreilles, j'essaie de me protéger la tête de la douleur que ça crée. Sans succès.
Caden m'agrippe par la taille et me tire pour me mettre contre lui. En quelques minutes, tout est fini et quand je relève la tête, je me retrouve nez à nez avec un adjoint du shérif au regard courroucé. Il m'attrape le poignet et m'entraîne avec lui vers une voiture tandis qu'un autre fait de même avec Caden.
Sans m'en apercevoir, je me retrouve au poste de police, dans une cellule avec cinq autres adolescents, Caden dans la cellule d'en face, lui aussi entouré d'autres élèves. Il se rue sur les barreaux qui nous séparent.
- Ça va Sasha ? Me demande-t-il d'une voix que je trouve trop tranquille à mon goût.
- Oui. Mon père va me t... t... tu... me tuer !
- C'est la première fois que ça t'arrive ? Veut savoir le jeune homme avec un rire léger.
- Bien sûr !
- T'inquiète pas. Je connais le shérif, il veut nous faire peur mais ça finit rarement mal pour nous.
Sur ses mots, un homme d'un certain âge entre et se place devant les deux cellules. Malgré son air furibond, je ne peux m'empêcher de lui trouver une mine sympathique. Il ouvre la cellule ou je suis et fait signe à mes co détenus qu'ils peuvent sortir. Je tente de faire de même mais il me barre le passage.
- On ne se connaît pas encore tous les deux ? Me demande-t-il, un sourcil en l'air.
- Non.
- Bon, tu restes là pour le moment alors. (Il se tourne vers l'autre cellule). Mills, Carter et Miller vous restez là. Les autres vous pouvez y aller mais y'a intérêt que ce soit la dernière.
Les jeunes sortent de la cellule en riant, clamant haut et fort qu'ils ont hâte de revoir le shérif le plus vite possible, si la prochaine fête est aussi cool que celle- ci. Le shérif les regarde sortir en secouant la tête, un air attendri tout de même, puis il tourne son visage vers moi et plonge ses petits yeux bleus clairs dans les miens.
- Et bien, on va aller faire connaissance mademoiselle ! Me signale-t-il en faisant un geste du doigt pour que je le suive.
- Détends toi surtout ! Me crie Caden d'un ton plein d'humour.
- La ferme Miller ! S'écrie le shérif en me faisant passer la porte qui mène aux bureaux.
J'entends Caden éclater de rire et me retrouve assise sur une chaise, devant l'imposant du shérif. Un coup d'œil sur la pendule m'indique qu'il est une heure du matin.
- Tu sais que tu n'as pas l'âge de boire ?
- Oui.
- Et pourtant ton test d'alcoolémie est positif, rétorque le shérif avec un air faussement sérieux.
- Oui.
- Tu sais ce qu'il va se passer ? Je vais devoir appeler tes parents.
- Ok.
Je vois le vieil homme hausser les sourcils. Exposer une plaidoirie de défense est totalement hors de mes compétences. Pas que je ne saurais pas quoi dire, je suis assez intelligente pour savoir ce qu'il faut dire dans une situation comme celle-ci, mais aucun mot ne pourrait s'enchaîner dans ma bouche. Il vaut donc mieux que je me contente d'une mono syllabe.
- Je n'arrive pas à savoir si c'est de l'arrogance ou de la stupidité, mais tu as l'air bien tranquille pour une gamine alcoolisé qui va se retrouver devant ses parents, grogne le shérif. Ton nom ?
- Sasha Gallagher.
- La fille de Morgan Gallagher, le nouveau promoteur qui bâtit l'es résidence à l'extérieur de la ville ?
- Oui.
- C'est un chic type, sourit le shérif, relevant une fossette au menton et un éclat brillant dans ses yeux cernés. Alors Sasha, es tu stupide ou arrogante ?
- Non. Bègue.
Le sourire du shérif s'efface instantanément, il me fixe perplexe. Je soupire et me redresse sur ma chaise. Avec un geste de la main, je lui demande si je peux prendre le bloc et un crayon. Il opine doucement, sans cesser de me fixer. Je lui tend le bloc quelques minutes plus tard. Je vois un sourire amusé se dessiner sur sa bouche au fil de sa lecture. Il relève la tête et continue de me fixer comme s'il voulait sonder mon âme.
- Caden Miller, hein ? Dit-il avec un ton bourré de sous-entendu que je n'ai aucun mal à comprendre.
- Oui.
- Et ben, tu as du courage ma petite. Ce pauvre gosse a bien besoin d'un peu de gaieté dans la vie  et je suis persuadé qu'une fille aussi drôle que toi va lui faire un bien fou.
Cette fois, c'est moi qui lui jette un regard perplexe. Sans que je puisse lui poser une seule question, il se lève et me dirige vers la sortie.
- Le petit va sûrement te raccompagner. J'espère ne pas te revoir avant un moment.
Il me ferme carrément la porte sur le nez, je reste debout sans comprendre. Une main se glisse sur ma hanche, je sens un souffle contre ma nuque. Je frémis délicieusement.
Ça va, il t'a pas fait trop peur ? Murmure la voix rauque de Caden.
- Non, ça va.
- Allez viens, je te ramène chez toi.

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