Chapitre 1

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Au revoir, Madame, me disaient-ils avant de sortir de la classe.
Ils sont si mignons et adorables. Encore une journée qui s'achève sur une bonne note. Je rangeais mes affaires pendant qu'ils sortaient dans le plus grand des calmes comme recommandé par mes soins. Mon regard fut, cependant, attiré par une petite silhouette près de la porte. J'ai pas eu du mal à reconnaître mon ancienne élève de l'année dernière. Elle semble triste et au bord des larmes. Je lui fais signe de venir sans crainte. Ce qu'elle fait en se positionnant derrière moi le temps que les autres sortent totalement.

Elle se met à pleurer.

Moi: ma chérie, pourquoi tu pleures ??

Je lui enlève son sac et la prends dans mes bras. Elle me sert si fort que j'en ai des frissons. Je ne sais pas encore ce qui la met dans cet état mais ça lui fait vraiment mal.

Moi: ça va aller je suis là mon ange.

Hanna: maman m'a frappé ce matin.

Mon cœur se serre aussitôt.

Hanna: cette robe est moche je ne voulais pas la portais et je lui ai dis mais elle m'a crié dessus j'ai commencé à pleurer et elle m'a frappé avec son chargeur. En classe on s'est moqué de moi à cause de la robe.

Elle se remet à pleurer de plus belle.

Pour si peu ?? Y en a vraiment je n'arriverai jamais à les comprendre. Elle n'aimait pas la robe, c'est pas un crime, c'est pas comme si elle avait commis une bêtise et pour être vraiment sincère, ce modèle de robe  a largement fait son temps. Déjà même le tissu je ne le connais pas, la robe fait dix fois sa taille avec des manches en oreille d'élèphant. Sa mère se croit peut-être encore en son temps.

Moi: arrête de pleurer. C'est pas jolie de te voir pleurer. Tu sais peut-être que c'est cette robe qu'elle peut t'acheter. Peut-être qu'elle n'a pas beaucoup d'argent et qu'elle voulait t'acheter quelque chose. Faut pas pleurer ainsi et elle ne devait pas non plus te frapper. Tu es intelligente et très sage. Ça va passer et pour tes camarades de classes il ne faut surtout pas leur prêter attention sinon il aura toujours de quoi se moquer de toi. Si tu les ignores ils vont vite te lâcher mais si tu leur réponds ou que tu pleures ils seront toujours là pour se moquer de toi. Tu comprends ??

Hanna: oui.

Moi: pour ta maman ne t'en fais pas. Ça va lui passer ce n'est pas de ta faute. Tu es très belle et c'est pas cette robe qui va prouver le contraire.

Hanna: je voudrais bien avoir une maman comme vous. C'est facile de vous parler et vous écouter puis vous remontez le moral et après on se sent bien mieux.

Moi: fait beaucoup d'efforts pour la rendre fière comme ça vous pourrez vous entendre. Allez sourit maintenant.

Hanna: vous êtes la meilleure.

Moi: rentre vite. Les rues ne sont plus très sûre. Ne parle pas aux inconnus et ne les approche pas. Marche très vite jusqu'à chez moi.

Hanna: d'accord.

Je lui donne à boire puis elle me fait un bisou avant de partir en courant. Dès qu'elle s'en va une larme m'échappe. Ma sensibilité ne pouvait pas passer outre. Pourquoi il faut toujours utiliser les coups. J'y crois rien à ce que je lui ai dis mais que pouvais je faire d'autre ?? Je n'allais sûrement pas la monter contre sa mère. Elle est si mince et fragile. Peu importe la raison, en venir aux mains ne causera qu'un grand fossé entre vous deux.  A quoi bon ??

Je prends mes affaires et sors de la classe il fait vraiment chaud.

Mr.Diop: tu vas vite ressembler à une sénégalaise. Il fait vraiment chaud.

On me taquine souvent du fait que je sois naturellement clair de peau. Mes origines toucouleur sûrement.

Moi: pourtant je suis sénégalaise.

Diop: dagua fé rakh (tu es une intruse). Cette journée était bien ??

Moi: oui très bien et toi ??

Diop: des turbulent mais on gère. Tu veux que je te dépose ??

Moi: non vas-y rentre. Je suis pas loin. En plus l'heure de la prière va pas tarder.

Diop: d'accord comme tu voudras. On se dit à Lundi.

Moi: in cha Allah

Je m'en vais moi aussi. Je ne suis qu'à quelques minutes de l'école. Dans un immeuble où je loue un petit appart modeste et pas cher. Je fais vite fait mes ablutions et me dirige vers la mosquée. Je m'y rends tout les vendredis.

Seize heures, les cours de renforcement du soir jusqu'à dix-huit heures. Il fait moins chaud mais la chaleur se fait ressentir. De retour chez moi, une bonne douche s'impose et après j'ai reçu un message de ma petite sœur, la cadette, qui me disait qu'elle n'avait pas de stylo et si je pouvais lui envoyer de l'argent pour en acheter. Laisser moi rire s'il vous plaît. Je l'appelle en appel vidéo.

Moi: juste un stylo vraiment ??

Adji: bah oui et en plus c'est toi qui avait dit que maintenant tu prenez notre scolarité en charge alors envoie.

Moi: impolie.

S'en est suivi tout un discours soit disant pour me rappeler mes paroles. Maintenant que je travaille je prends leurs scolarité en charge. Ça va alléger mon père un peu. Il en a grand besoin. J'ai discuté avec eux tous.

Adji est la cadette et Alpha le cadet. Se ne sont pas des jumeaux, Adji est plus âgée de seulement un an et sept mois. Puis il y a Aïssatou, trois ans plus jeune que moi et étudiante en pharmacie. Heureusement qu'avec son bourse c'est moins dure à gérer. Mon père Abdallah et ma mère Fatima, une vraie peulh. Et bien sûre moi, Diarra, bientôt vingt quatre ans et enseignante dans un école élémentaire public.

Après l'appel j'ai envoyé de l'argent à Aïssatou pour au cas où ils voudraient faire quelque chose. J'ai pas grand chose mais ils auront toujours leur part dans ce que je gagne. J'ai un salaire descent et les cours de renforcement me permettent d'obtenir plus aussi. Mon loyer n'est pas du tout cher et je sais comment gérer mon argent.

Après la prière du crépuscule je suis sortie pour aller sur le pond Faidherbe. Saint-Louis est une ville magnifique et pleine de vie. En plus c'est vendredi soir, il y a beaucoup de monde dehors. Les vendeurs ambulants, les enfants qui courent partout et les sorties en petit groupe. De plus, être sur le pond m'apporte du bien être. Être face à l'eau, respirer cet air frais, le décor naturel. Je laisse libre cours à mes pensées, bonnes comme mauvaises.

Faut le dire haut et fort, il est plus facile de survivre que de vivre. De ce fait, être dans des endroits comme ça qui nous font du bien est inestimable. Je n'ai pas fait beaucoup de choix dans ma vie, on les a plutôt fait pour moi mais les fois où j'en ai fais c'était plus souvent une mauvaise. Ce qui m'amenait à beaucoup de regrets, de doutes et de confusion. J'ai été déçu et blessée à plusieurs reprises, mal comprise au moment où j'avais besoin qu'on le comprenne, délaissée au moment où j'avais besoin d'appuis. Quand je regarde en arrière je ne suis pas très fière de moi mais je peux encore faire de bonne chose tant que je suis encore en vie. Cette solitude que je me suis imposée m'y aide énormément même si parfois je meurs d'envie d'avoir une bonne compagnie.

Bref, sur le chemin du retour j'ai fais des bourses, le supermarché n'étant pas encore fermé. Demain est un nouveau jour et je ferai en sorte d'être encore meilleure qu'aujourd'hui. C'est tout ce qui compte.

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