1-Décembre 1892

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Ashah

"-Bonjour Anne, comment vas-tu aujourd'hui?

-Oh, comme d'habitude tu sais, juste un peu folle et aigrie.

-C'est que tout va bien alors!"

Je lui souri et elle fit de même, ce genre d'échange étant devenu commun. J'appréciais la nature sarcastique d'Anne, d'autant plus qu'elle dénotait avec son côté profondément bon. Nous avions gardé contact après la fin de ma cinquième année, et même si je lui avais caché la nature de mon départ de Poudlard et de mon long voyage, j'étais sûre qu'elle n'en savait pas moins. Elle n'avait pas changé, ni son allure, ni son caractère, ni sa coupe de cheveux. Le seul changement était infime: la malédiction lui créait des rides. J'étais revenue début septembre pour ma septième année, et depuis, j'étais venue la voir à trois reprises. Comme lors de mes précédentes visites, je m'étais assurée que son oncle ne soit ni présent, ni au courant. Ma présence auprès d'Anne me vaudrait bien plus que les interrogations du ministère lorsqu'il m'y avait trainée, cette fois.

Je m'installais à genoux, face au lit de mon amie. D'un regard, elle me signifia qu'elle était prête. Si elle avait peur, elle n'en montra rien. C'était une jeune femme courageuse, d'autant plus que les effets de ce traitement douloureux n'étaient pas garantis. Il y avait certes une amélioration de la condition d'Anne, mais je n'avais aucun moyen d'évaluer la durée du traitement. Et le temps était précisément notre plus grande menace.

Je pris d'une main la fiole que j'avais préparée à l'avance, et de l'autre ma baguette. J'en sortis le fluide blanchâtre et épais. Me préparant, je pris une grande inspiration avant d'introduire le liquide sous la peau d'Anne, qui s'agrippa immédiatement à son drap en réponse, contenant de peu un grognement de douleur. Avec ma baguette, je déplaçai alors le liquide à travers son corps, et de ma main libre, je suivais le mouvement, imprégnant le liquide resté en surface de magie ancienne, la laissant me guider, ressentant les traces du maléfice, les attirant à moi par le biais du liquide. La sueur perlait sur mon front, alors que les respirations d'Anne se bloquaient puis accélèraient, s'adaptant au rythme de la douleur que le traitement lui provoquait. Ma main gauche, dont les doigts étaient immergés d'une phalange dans le liquide, me brûlait. La session touchait à sa fin. Je resserrai ma prise sur ma baguette, extrayant le fluide du corps endoloris de ma pauvre patiente, et y arrachant ma main gauche afin de reprendre le flacon avant d'y replacer le liquide à présent d'un noir fumeux. Les sessions ne duraient que peu de temps, mais leur intensité était absolue.

Je remballai mon matériel et me levai pour faire une tasse de thé à Anne pendant qu'elle se remettait doucement. La petite maison des Pallow n'avait pas bougé, si ce n'était l'absence marquante de tout ce qui aurait pu rappeler l'existence de Sebastian. Pourtant, le sourire d'Anne suffisait à me le rappeler. Ma foi.

Installées à la petite table, nos tasses fumantes, un silence paisible s'était installé.

"Tu sais, on pourrait peut-être en parler à Salomon. Commença mon amie à frange.

-Ne dis pas de bêtises. Il ferait une syncope à ma simple mention, ménage le le pauvre.

-Mais non, rit-elle, je sais qu'il est très têtu mais-

-Mais rien du tout, Anne, il m'étriperait à vue."

Et ça n'avait rien d'une exagération, les deux fois où j'avais eu le malheur de croiser sa route après que nos chemins se soient séparés, il avait montré une agressivité digne d'un fangieux aussi aigri qu'affamé.

Anne rit, probablement gênée et amusée à la fois, avant de reprendre:

"Ashah... une année et demi s'est écoulée depuis cette soirée... peut-être que vous devriez-

Prix Cruel - Hogwarts Legacy - Sebastian PallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant