ASHAH
J'avais pris quelques temps avant de me décider. Le pour, le contre, tout s'emmêlait. Mais comme toujours, je n'avais pas le temps. Je retournai chez Anne bien plus tôt que prévu, encore hésitante quant à la manière d'aborder le sujet avec elle. Je doutais de l'efficacité d'une approche directe. "Salut Anne, ton oncle t'empoisonne depuis le début, c'est une super coïncidence ça dis donc!". Nan, vraiment très moyen. Je n'étais même pas sûre de ce que j'avançais à vrai dire. Mais il valait mieux prévenir que guérir, et j'étais déjà en retard sur ce point depuis belle lurette. Je restai plantée sur le pas de la porte, jouant avec mes doigts, sentant l'angoisse monter en moi. Je ne voulais pas la perdre. Pas après tout ce que nous avions traversé. Parce-que c'était mon amie. Parce que c'était mon seul moyen d'entrevoir son sourire. Je soupirai. L'égoïsme était une tare qui ne m'avait jamais quittée, après tout.
Devant l'absolu de la situation, je poussai la porte, qui grinça légèrement, comme à son habitude. Mais cette fois-ci, il y avait quelque chose de terrible dans ce son, presque lugubre. Le poids de la culpabilité sur mes épaules embuait ma vision. Mon amie à frange, ne sachant rien de la raison de mon hibou ou de ma présence, semblait presque aussi nerveuse que moi. Je m'assis en face d'elle. Nous restâmes un certain temps comme ça, dans le silence aujourd'hui bien lourd. Toujours incertaine, je me lançai.
"Anne, est-ce que tu me fais confiance?"
Ma question devait sonner comme une accusation, mais elle était capitale. Mon interlocutrice eut un air surpris d'abord, pensif ensuite.
"Oui, absolument. Me répondit-elle enfin.
-Peux-tu me croire aveuglément, sans me poser de question?
-Je... hésita-t-elle, je peux."
Son regard était décidé, sa décision prise. Sa posture droite et ferme, son regard téméraire, sa voix claire, tout en elle montrait sa force de caractère et d'âme. Je repris.
"Ne bois plus la concoction de Salomon. Tu ne dois pas éveiller de soupçon chez lui, trouve un moyen, je t'en conjure."
Ma visite avait été bien plus brève qu'à l'accoutumée. J'avais pris à Anne un échantillon de la fameuse préparation qu'elle ingérait religieusement depuis tant de temps. Je devais faire des recherches, l'analyser au plus vite, me rendre compte de mon erreur, me défaire de cette culpabilité. Que tout revienne à la normale.
L'air frais me frappait le visage, dégageant mon front au passage. Ma cicatrice à découvert, je traversais le village d'un pas lent, laissant le crachin marteler mon corps. Ce soir, je ferais le chemin à balais.
Volant à travers la vallée, j'étais assaillie par les pensées que j'avais essayé en vain de fuir jusque là. Loin du bruit des couloirs et des halls toujours plus vivants, loin des cours prenants, loin des petites quêtes du quotidien, elles étaient maintenant libres de m'envahir, me submerger. J'étais inquiète. Inquiète de l'épisode de violence dont j'avais été l'autrice, inquiète de cette perte de mémoire dont je ne comprenais rien. Y avait-il eu un élément déclencheur? La peur de perdre ma Poppy? Mais pourquoi cela n'avait-il pas été le cas en perdant Fig?
La mémoire du professeur menaça de m'arracher une larme. Plus qu'un mentor, il avait été un Père pour moi. Sa perte me semblait, parfois encore, insurmontable. Je n'étais même pas sûre qu'on puisse parler de deuil. Je n'avais en réalité réussis à faire le deuil de personne. Ni ma famille, ni mon enfance, ni Miriam, ni Fig...ni Sebastian.
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Prix Cruel - Hogwarts Legacy - Sebastian Pallow
Fanfiction"Dès que je l'avais vue, j' avais su: Elle serait mon tout, mon rien, mon absolue condition. Ma fin, si Elle le désirait. " Ashah ne s'attendait à rien, à son retour à Poudlard après une année entière d'absence. Et pourtant, entre vieilles promesses...