XXI

4 0 0
                                    

-Miwa: ... Toutes mes excuses, madame. Nous vous avons confondu avec un proche. Excuse-toi également, Tobio.

-Tobio: Toutes mes excuses, passez une bonne journée.

La jeune femme rousse aux cheveux courts acquiesce avec un sourire compréhensif et se remet en route. Les frère et sœur se regardent, l'un embarrassé de s'être encore trompé... et l'autre fatiguée d'être entraînée dans les péripéties de son cadet. En effet, cela fait quelques jours que le schéma se répète encore et encore : Tobio se jette sur la première personne aux cheveux orangés et Miwa en subit la gêne avec lui.

-Miwa: Arrête. Si ça se trouve, on a mal compris.

-Tobio: Miwa. Non. Il est de retour au Japon. Tu l'as toi-même entendu de la bouche de Natsu... Je... Il est de retour. Il...

Il soupire de désespoir. Il se sent embarrassé. Sept longues années se sont écoulées depuis la douloureuse épreuve qu'ils ont traversé. Sept longues années... depuis que la personne qui lui était la plus chère lui a glissé entre les doigts pour une énième fois et a pris son envol en direction de l'autre bout de la planète. N'en a-t-il pas assez de ressasser le passé ? N'est-il pas plus qu'éreinté de poursuivre les cendres d'un amour inconditionnellement dévoué à lui arracher le cœur à chaque occasion donnée ? La réponse est oui. Pourtant, tout comme un ivrogne au vice rongeant son libre arbitre, il ne peut s'empêcher de s'enivrer de ce sentiment visiblement destiné à le tuer à petit feu.

Il a pourtant tout essayé. Il est passé par toutes les phases du deuil, un millier de fois. Ou plutôt, toutes sauf la dernière. Déni, colère, marchandage, dépression... déni, colère, marchandage, dépression... déni, colère... déni, dépression... déni.

Acceptation ? Non. Jamais. Si seulement...

Quoiqu'il en soit. Il faudrait une sorte de miracle pour qu'il se fasse une raison.

-Tobio: Tu penses que je suis stupide ?

-Miwa: Non... Tobio.

-Tobio: Regarde moi. Je... j'allais bien depuis presque cinq ans. Son prénom avait enfin arrêté de résonner dans ma tête. Je pensais... je pensais en avoir fini avec cette partie si misérable de moi mais voilà que j'entends par hasard que mon cher ex est supposément de retour et je... je pète un câble, ok ? Je me fais dessus à l'idée de le voir mais c'est tout ce que je souhaite, bon sang ! Je l'aime, Miwa.

Miwa pose sa main sur l'épaule de son frère pour lui exprimer sa compassion.

-Miwa: Il sait où te trouver s'il est effectivement de retour. Rentrons, d'accord ? Tu as un match important demain. Ce serait bête d'attraper froid maintenant.

Ah oui. Le match. Tobio avait totalement oublié qu'il ne pouvait pas se permettre d'être déconcentré. Après tout, il est le passeur titulaire de l'équipe nationale et demain, il joue la finale d'un grand tournoi amical organisé pour lever des fonds reversés aux hôpitaux d'enfants atteints de troubles psychologiques et psychiatriques. Une cause qui lui tient à cœur, naturellement. Rien d'autre ne doit occuper son esprit et pourtant... ce n'est pas gagné.

-Tobio: ... C'est vrai.

Les deux jeunes gens se rendent à l'appartement tokyoïte qu'ils partagent en ce moment. Ils ont de nouveau emménagé dans la capitale après tant d'années dans la préfecture de Miyagi. Miwa fonce à la cuisine et s'empresse de préparer deux énormes tasses de chocolat chaud "anti déprime". Elle rejoint assez vite son petit frère dans le salon et s'assoit à côté de lui dans le canapé. Elle lui tend l'une de ses concoctions sucrées à outrance sur lesquelles flottent une montagne de petites guimauves et une avalanche de crème chantilly et Tobio grimace en voyant le résultat.

ⒽⒶⓅⓅⓎ ⒸⒺⓃⓉⒺⓇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant