Chapitre 12

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-Draco, c'est...

-Pathétique, je sais.

Harry passa une main sur sa joue, essuyant la larme qui la dévalait. 

-Non. Triste. Ca me brise le cœur de te voir comme ça. Et ça me met en colère de savoir que tant d'hommes se sont servis de toi et de ta détresse. Les erreurs de tes parents n'étaient -

-Arrête.

Le silence pesant. Draco avait reculé autant que possible. Le brun avait bien comprit son message, alors il ne tenta pas de le toucher, mais il ne bougea pas pour autant. Il voulait lui montrer qu'il serait là quand même, et que rien de ce qu'il dirait ou ferait pourrait lui donner envie de fuir. 

-Ne fais pas ça. Ne sois pas aussi gentil avec moi, alors que tu as toutes les raisons du monde de me détester. Ne dis pas que les erreurs de mes parents ne sont pas les miennes. J'étais fier d'être un Malefoy. J'étais fier d'être leur fils. J'étais fier qu'ils aient servis le plus grand mage que le monde sorcier n'est jamais connu. J'étais prêt à faire souffrir tellement de personnes. Tu ne comprends pas ce que c'était pour moi.

-Je n'y ai jamais cru.

Draco eu un petit rire. Evidemment que Saint Potter allait être parfait. 

-Oui. Tu étais fier d'être un Malefoy, quand tu avais dix ans, et que tu idolâtrais tes parents, comme tous les enfants. Tu sais, j'étais fier d'être un Potter. Et je le suis toujours. Mais je n'admets pas que mon père ait pu torturer Rogue de cette façon durant toute leur scolarité. Je peux aimer mes parents, et être contre leurs idées, ou certaines de leurs actions. Bien sûr, c'était plus compliqué pour toi. Tu as grandit avec eux, et tu les as aimé. Mais cela ne fait pas de toi un monstre pour autant. Tu es Draco, avant d'être Malefoy. Tu étais un enfant, comme moi. Comme tous ceux qui ont participés à cette guerre. Et si ça peut te rassurer, Voldemort était loin d'être le plus grand mage de l'histoire.

-Vraiment ? Et qui détiens ce titre d'après toi ?

Le blond était sarcastique pour cacher ses larmes. Le changement de conversation était le bienvenue, alors que le nœud dans sa gorge se faisait plus grand. 

-Grindelwald bien sûr !

Harry se fit une place sur le fauteuil, alors que le blond se lovait dans ses bras. Et durant les heures suivantes, il parla. Il parla de Dumbledore, et de son ancien amour. Il raconta l'histoire de Grindelwald, de la baguette de sureaux et de créatures magiques. Il inventa peut-être un peu, aussi. Tout pour changer les idées de l'être qui était lové dans ses bras et qui s'endormaient doucement. 

Il se dit qu'il devait être vraiment épuisé. Une vie à se battre contre ses parents, ses croyances, ce qu'on était au fond, et toute un style de vie. Et d'un seul coup, ne plus rien avoir. Se retrouver seul au monde, sans la fortune qu'on nous avait promis, sans les grands rêves qui étaient réduit à néant. 

En fait, assez ironiquement, Harry se rendit compte qu'ils avaient vécus leurs vies à l'opposé l'un de l'autre.

Draco était l'enfant parfait, d'une famille parfaite, et riche. Qui n'a jamais réellement connu la chaleur d'un foyer, et dont les parents avaient choisit de se battre pour le côté obscur, car c'était plus facile. Et puis, aujourd'hui il avait tout perdu, il était fuit comme la peste. De son côté, Harry était le miracle caché. Détesté toute son enfance, qui, d'un seul coup, avait découvert la richesse et la popularité. Dont la mère l'avait aimé au point de mourir pour qu'il vive. Et aujourd'hui, malgré la richesse et la célébrité, il était seul. Personne ne l'approchait pour connaître Harry, mais plutôt pour être celui qui avait mit le grapin sur le sauveur du monde sorcier. Mais il savait qu'avec la personne dans ses bras, ce n'était pas le cas. Il pouvait enfin se sentir en sécurité, et avoir droit, peut-être à un peu de bonheur. Mais il savait aussi que la vie avec lui ne serait pas facile.

Qu'il le veuille ou non, Draco était désormais un homme brisé. Il avait développé des besoins qui seront dur à satisfaire, et à combler. Mais Harry ne pouvait s'empêcher de vouloir être l'homme qui arriverait à le sauver. Hermione lui avait dit un jour qu'il avait le complexe du sauveur. Que depuis ce combat contre le professeur en première année pour la pierre philosophale, et le destin que Dumbledore avait mit sur ses épaules depuis, il ne pouvait s'empêcher de vouloir sauver le monde entier. Et c'était peut-être vrai. C'était sûrement vrai. Mais il ne parvenait pas à voir le mal qu'il y avait à vouloir sauver un homme. Cet homme en particulier. Ce blond. Il voulait être celui qui arriverait à le libérer de ses démons. 

Fichu syndrome du sauveur.

Alors ils passèrent la journée dans les bras l'un de l'autre, à apprendre à se découvrir doucement. Apprendre à quel point ils avaient changés depuis leurs années à l'école des sorciers. 

Et Harry découvrit quelque chose. Peut-être le savait-il depuis toujours, mais il ne l'avait pas réalisé. Entre la guerre, sa relation avec Ginny, les études, toute la reconstruction, la célébrité qui n'a fait que s'accentuer, il a passé quelques années sans avoir l'occasion de s'asseoir pour réfléchir. 

Il comprit qu'il était amoureux de Draco. Pas au premier regard. Pas depuis quelques jours. Non, il avait toujours aimé Draco. Comme un enfant confus d'abord, quand on ne sait pas ce que c'est et qu'on y accorde aucune importance. Puis comme un adolescent en colère, qui ne comprend ses propres sentiments, et qui ne comprend pas pourquoi il serait attiré par la personne qu'il déteste. Pourtant, il se souvenait de toutes ces fois sur les balais où il admirait Draco de loin. Il se souvient de son obsession pour lui en sixième année. Il se souvient de cette jalousie dévorante quand il l'avait vu danser au bras d'une étudiante lors du bal de l'hiver, durant le tournoi de la coupe de feu. Il se souvient d'avoir sentit son cœur se briser quand il s'était éloigné avec Rogue dans la forêt, pour rejoindre les rangs de Voldemort. Il se souvient aussi de cette rage, cette envie de tuer qu'il avait ressentit en voyant pour la première fois la marque sur son bras.

Cette fois-là, il avait presque faillit le tuer d'ailleurs.

Harry comprit que depuis toutes ces années, ces émotions intenses, dévorantes, qu'il n'avait expliquées que par la haine qu'il vouait aux mangemorts et à Voldemort étaient un masque. Un masque qui couvrait l'amour qu'il lui portait, qu'il ne pouvait pas assumer. Parce que c'était un garçon, un Malefoy, un serpentard. Quelqu'un qu'il ne pouvait héroïquement pas aimer.

Et il comprit alors autre chose. Maintenant ? Était-ce de l'amour, réellement, ou juste son besoin de le sauver, et de prouver que toutes les souffrances de sa jeunesse n'étaient pas en vain, et que Draco Malefoy pouvait l'aimer aussi.

Quand on nous a traités en héros pendant autant d'années, comme une personne exceptionnelle même quand on a rien fait, quand 10 mois sur 12 on est la personne la plus importante du monde, et puis qu'on retourne dormir dans un placard, avec des personnes qui préfèrent nous haïr, il est difficile d'avoir une opinion claire de ce que l'on est. Alors quand on a une personne en face de nous qui nous renvoie nos défauts, et qui nous oblige à mieux faire, à ne pas se reposer sur ses acquis, on a tendance à s'accrocher.

Et Harry ne voulait pas que Draco soit là juste pour ça. Non, il voulait pouvoir l'aimer réellement, pour lui, en tant qu'être humain, pour ses qualités et ses défauts. Pour les moments où il allait le faire rire, et ceux où il allait le blesser. Il voulait être capable de le rendre heureux.

Il regarda la tête blonde qui lui racontait une anecdote sur son enfance, l'écoutant à moitié. Comme un monstre tapi dans l'ombre, l'empêchant de respirer, l'angoisse commença à monter. Le monde disparaissait doucement derrière un brouillard épais. Draco n'était plus là, sa voix ne pouvait plus l'atteindre. Le monde se resserra autour de lui, figeant le temps et l'espace, bloquant sa respiration. Haletant, les larmes lui montaient aux yeux, alors qu'il cherchait de l'oxygène.

-Je ne vais pas y arriver. Je ne peux pas. Je ne vais pas y arriver. Je n'arrive pas à respirer. Aide moi...

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Désolée pour l'attente et merci pour votre patience ! Je réfléchis à la suite des événements, parce que ce n'est pas facile de trouver quoi raconter. Mais je vais faire de mon mieux promis !

Le serpent menotté [FanFic Drarry - BDSM - -18ANS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant