War of hearts { EN PAUSE}

Chapitre 8

- Amélia -

Dimanche 10 mars 2024 (Djeddah, Arabie Saoudite)

L'ambiance est studieuse mais surtout silencieuse aujourd'hui. C'est la course, et plus personne ne plaisante, en tout cas pas dans les garages Mercedes, d'aucun des deux côtés. George est déterminé à aller chercher la première place qui lui a échappé la semaine dernière, et Mick vise un podium : il ne part pas loin et ça serait son premier. Autant dire que les objectifs sont clairs, annoncés et surtout élevés. Après tout c'est la Formule 1 donc l'excellence.

Hier soir, j'ai pu discuter un peu avec Mick avant qu'il ne retourne à l'hôtel et finalement il semblait moins déçu que je ne l'avais imaginé de sa quatrième place et au contraire, je l'ai trouvé déterminé, tout comme il l'est aujourd'hui. George l'est tout autant, et si une part de moi est un peu frustrée de ne pas avoir eu mes petites chamailleries habituelles avec les deux, je sais que c'est pour la bonne cause parce qu'ils sont dans l'état d'esprit idéal pour nous faire un week-end solide. En tout cas je vais croiser les doigts pour.

Puisque je ne gère pas la partie piste des photos mais seulement le garage et les évènements annexes, je rejoins Toto pour observer la course depuis l'îlot principal. Son air est sérieux, cependant il est beaucoup plus détendu que je ne le suis. En même temps, les choses se présentent bien : nos pilotes sont en formes, les monoplaces rapides, pas de raison de stresser comme je le fais. Ce n'est pas de ma faute, je n'ai pas autant l'habitude que lui : depuis toutes ces années il a su apprendre à gérer mes émotions, de mon côté ce n'est pas encore le cas.

Je stresse parce que j'ai à coeur de les voir réussir, tant l'équipe parce que j'en fais partie, que Mick et George parce que je les apprécie énormément ce qui signifie que je veux les voir heureux et épanouis. Or ce sont des pilotes donc leur humeurs est liées à leurs résultats, et puis même, d'un point de vue objectif ils le méritent. Chaque week-end ils donnent tous ce qu'ils ont, je dirais même qu'ils s'investissent pleinement depuis janvier : ces bons résultats seraient donc une récompense plus que juste.

« Tu sais que tu es plus stressée qu'eux ? se moque mon parrain alors que je me place à ses côtés.

- Ne te moque pas, je n'ai pas l'habitude de gérer la pression comme vous.

- Je sais, reprend-t-il en passant un bras dans mon dos. C'est pour ça que c'est rafraîchissant de t'avoir avec nous : un vrai rayon de soleil, et un petit porte bonheur. »

Il conclut avec un clin d'oeil et alors que je lui souris, je sens mon coeur s'alléger un peu de tout ce stress que je cumule grâce à ce petit échange. Toto a toujours eu cet effet réconfortant sur moi, déjà toute petite il savait calmer mes chagrins. C'est donc ainsi, dans une ambiance plus légère que nous observons le départ qui est donné quelques minutes après. Un départ agité dont nos pilotes ont su éviter les pièges car ils conservent tous les deux leurs positions ... en espérant que cela tienne, voire même qu'ils puissent progresser.

***

Les deux derniers tours sont un enfer et je crois bien que mon coeur va lâcher avant la fin, mon corps tout entier même. D'abord j'étais frustrée parce qu'après un abandon de Sainz j'ai cru que la course se finirait sous Safety Car une situation irritante car les pneus de Mick semblaient avoir une seconde vie et lui qui s'était retrouvé sixième après un second relai un peu compliqué venait d'entrer dans la zone DRS de Charles qui se trouvait alors troisième.

Puis ils ont annoncé que la course aller être relancée pour deux tours : deux tours de stress intense. Toto ne dit pas un mot à mes côtés, les ingénieurs sont tendus et ça s'active partout dans le garage, tandis que moi je serre si fort mes mains entre elles que la trace de mes ongles risquent de rester pour toujours ancrée dans ma peau. À bien y réfléchir, la fin sous Safety Car était peut être frustrante mais beaucoup moins angoissante que celle-ci car en réalité nous avons plus à perdre qu'à gagner.