Chapitre 15

191 15 129
                                    

- Amélia -

Samedi 30 mars 2024 (Londres, Angleterre)

Ce matin, bien que mon corps semble tout à fait reposé, j'ai un mal fou à émerger. C'est comme si un brouillard pesant m'entourait et me maintenait dans ma position initiale. Et pour mon esprit ce n'est pas mieux. En fait, si je m'écoutais là tout de suite je poursuivrais bien ma nuit pour plusieurs heures encore. Il faut dire que je suis tellement bien là tout de suite que je n'ai aucune envie de bouger : entre la chaleur et la douceur des draps, le calme absolu et cette petite sensation aussi étrange qu'inexplicable absolument merveilleuse qui m'enveloppe : pourquoi vouloir y mettre fin ?

Encore entre deux mondes ni totalement réveillée ni pleinement endormie, une autre élément de mon environnement commence peu à peu à s'imposer à moi : la main posée sur mon ventre. Nu. Petit à petit des images de la soirée de la veille commencent à me revenir et je réalise qu'en plus de ne pas être seule, je ne suis absolument pas dans mon lit. Dernier détail et non des moindres : la main posée sur mon corps n'est autre que celle de George. Oh bordel.

Comme électrochoc pour se réveiller cette prise de conscience à au moins le mérite d'être direct. Alors que je commence à m'agiter tout en revenant pleinement à moi je sens que je ne suis pas la seule à être réveillée. Ne pas paniquer, ne pas paniquer. Voilà ce que je me répète en boucle en réalisant que j'ai couché avec George cette nuit. Ne pas paniquer. Plus facile à dire qu'à faire.

C'est d'ailleurs un réel échec car je sursaute très clairement et sans discrétion lorsque ce dernier se tourne et vient déposer avec une grande tendresse un baiser sur mon épaule découverte. Réaction peu romantique et qui casse un peu tout le charme de ce réveil en douceur mais malheureusement totalement incontrôlée ... Si seulement je pouvais simplement agir normalement et ne pas paniquer inutilement, mais ça c'est dans un autre univers uniquement à mon avis. Comble de la gêne et du ridicule : rien n'échappe au britannique.

« Si tu cherches un moyen de fuir discrètement je peux prétendre que je dors encore tu sais, chuchote-t-il dans mon cou sans le moindre jugement alors que je lui tourne toujours le dos.

—Ne dis pas de bêtises. »

Un court silence se prolonge alors que je réalise bien vite que je ne dupe personne. Ni lui, ni moi.

« Bon d'accord l'idée m'a traversé l'esprit, j'avoue en marmonnant comme si cela pouvait éviter de rendre mes mots réels. Mais c'était juste un petit coup de panique au réveil, j'ajoute sincèrement en me retournant vers lui.

Sûre ? demande-t-il en plongeant ses yeux pleins de tant de doutes que je sens mon estomac se tordre à l'idée d'en être à l'origine. Si en réalité tu n'es pas à l'aise je ne veux pas ... »

Le faire taire en l'embrassant me surprend au moins encore plus que lui pourtant c'est exactement ce que je décide de faire de façon presque intuitive. Et tandis que nos lèvres s'unissent tendrement, tous mes doutes disparaissent. L'effet est d'ailleurs si instantané qu'il laisse rapidement place à un nouveau sentiment bien plus agréable et dévorant. Mon corps vient se lover contre celui de George et l'écart de température entre nos peaux qui se rencontrent à nouveau me fait frissonner. Ou peut être est-ce les doigts de George qui remontent lentement le long de ma colonne vertébrale alors que nos langues jouent désormais l'une avec l'autre dans un ballet sensuel.

« Arrêter d'essayer de me faire fuir Russell, je murmure finalement à bout de souffle presque contre ses lèvres.

— Ça dépend, commence-t-il alors qu'un sourire se dessine immédiatement sur son visage, si ça termine de cette manière à chaque fois, je pourrais être tenté de recommencer.

War of hearts { EN PAUSE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant