Chapitre 6 ~ Les gens heureux

393 29 4
                                    

Lando continuait de fixer les tatouages sur leurs poignets, même plusieurs nuits plus tard, alors qu'ils étaient assis dans l'herbe, sur les hauteurs de la ville, attendant que les feux du 4 juillet explosent au-dessus du lac de Volkstown. Le sourire de Lando refusait de quitter ses lèvres et il tourna la tête vers Carlos, sans vraiment quitter le ciel des yeux. Comme en réflexe, Carlos déposa un baiser sur sa tempe et Lando devina un léger sourire.

Il sourit à son tour, il n'y pouvait rien. Ce soir il se sentait plus serein qu'il ne l'avait jamais été avant cela. Son torse envahi d'une douce chaleur, son loup calme et satisfait par la proximité de sa moitié. Il était pleinement heureux et cette réalisation lui coupa le souffle.

—  Je t'aime, souffla-t-il si bas qu'il fut surpris que Carlos l'entende même avec son ouïe surentraînée.

Le lycan posa sa joue sur l'épaule de son compagnon et embrassa doucement son cou. Il souriait encore lorsqu'il murmura :

—  Répète un реu çа.

Lando eut un reniflement amusé, mais finit par obtempérer:

—  Je t'aime, répéta-t-il plus distinctement. Je crois que toute ma vie, je me suis demandé comment je me sentirais si je faisais un jour partie des gens heureux, sans avoir l'espoir de voir cette improbabilité se réaliser. Mais à l'instant, je viens de comprendre que je n'aurai plus jamais à me demander ce que ça peut faire. Parce qu'être ici, dans tes bras... ça me rend heureux.

Les yeux de Carlos avaient pris la couleur de l'argent, ils ne lui avaient jamais paru aussi sérieux, ni aussi brillants.

Sa main vint doucement prendre place sur son cou et il posa son front contre celui de Lando. Son sourire revint alors qu'il fermait les yeux.

Le jeune loup osait à peine respirer sous cette intensité soudaine qui menaçait de le noyer. Le pouce de Carlos passa sur sa mâchoire, sa joue, sa lèvre inférieure et finalement il lui fit pencher la tête et l'embrassa lentement.

Son baiser contenait toute la douceur et la tendresse qui aurait pu marquer le premier.

Lando se retourna pour s'asseoir sur les cuisses de son compagnon, une vague de chaleur s'emparait de son torse et se diffusait dans tout son corps.

Lorsque sa respiration se précipita, Carlos le calma d'une main caressant son dos, de ses doigts s'enroulant doucement dans ses cheveux. Il n'était pas encore prêt à quitter cette douceur cette lenteur qui plongeait Lando dans une sorte de transe merveilleuse.

Lando se souvint qu'après un incident avec son père, il s'était retrouvé sous sédatifs, voguant sur un petit nuage qui rendait tout brillant et lui donnait l'impression que rien ne pouvait l'atteindre.

Ce baiser lui fit un peu cet effet, sans les inconvénients du sédatif, il avait l'impression que rien n'existait au monde que lui : la douce pression des lèvres de Carlos sur les siennes, leurs langues qui se caressaient avec langueur. Quand le baiser prit fin, il était toujours intoxiqué à lui. N'existaient que ses yeux dans les siens, le parfum de sa veste en cuir, ses doigts qui le firent frissonner en jouant sur sa nuque, son sourire, son souffle chaud sur les lèvres humides du jeune loup,l'intensité de sa voix lorsqu'il murmura :

—  Si tu savais comme je t'aime Lando...

Le jeune loup ferma les yeux avec un soupir de contentement et se pencha pour embrasser son homme à nouveau.

Il n'y avait plus que Carlos, le monde n'était plus là.

Lorsque le premier feu d'artifice éclaira le ciel d'une lumière rose qui passa à travers ses paupières closes, il hésita à savoir s'il était réel ou s'il s'agissait de son cœur qui avait fini par exploser.

Carlos se détacha lentement de ses lèvres et lui accorda un sourire éblouissant. Il ouvrit doucement les yeux et sembla un instant tenter de retrouver sa voix.

—  Tu voulais voir le feu, dit-il sans lâcher Lando du regard.

Le jeune lycan hocha lentement la tète, incapable de parler. Carlos le déplaça pour le remettre au sol et reprit place derrière lui, l'attirant contre son torse.

Ses bras s'enroulèrent autour de la taille de Lando qui laissa aller sa tête contre l'épaule de son compagnon. Quand de nouveaux feux multicolores explosèrent dans le ciel, il respira à fond ce parfum qui pour lui était devenu synonyme de foyer et de sécurité. Le mélange de la nuit, du cuir, de leurs deux fragrances mélangées.

Le vent frais qui se levait n'avait pas autant à voir avec les frissons qui le parcouraient que les lèvres de Carlos qui parsemaient son cou de baisers papillons. Il avait beau chercher au plus profond de sa mémoire, il n'avait jamais connu une telle plénitude.

—  Carlos... souffla-t-il en le sentant sucer doucement la peau de sa gorge.

—  Hmmm ?

Mais il n'avait pas de réponse. Il se contenta de murmurer son nom à nouveau pour lui faire comprendre que tout y était contenu. Son monde résumé en six lettres : Carlos.

Lando ne savait pas s'il en comprenait la signification, mais il Iui répondit en murmure : «Lando...»

Silver Moon (Wolves Chronicles - tome 2) [Carlando + Piarles]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant