The Night We Met.

855 30 9
                                    

Un mois s'est écoulé depuis mon arrivée dans une capitale japonaise étrangement silencieuse, se transformant jour après jour en véritable décor de fin du monde. Le prix de notre survie ici ? Un précieux visa, acquis à travers une série de jeux malveillants, ressemblant à s'y méprendre aux jeux de notre enfance, mais avec des enjeux mortels.

Quand tout cela a débuté, j'étais avec Yoky, mon frère jumeau. Il était venu me chercher à l'issue de ma garde en tant qu'interne en médecine. C'était un jour radieux, la mélodie de la vie vibrait à chaque coin de rue, puis brusquement, une explosion de couleurs a inondé l'azur au-dessus de shibuya. Intrigués et sans aucune explication, nous avons été terrassés par l'obscurité, pour s'éveiller plus tard dans une version altérée de notre ville.

Actuellement, je suis en sécurité dans un lieu qui s'appelle " la plage ". Je déteste cet endroit où l'on nous fait croire que nous sommes protégés et en sécurité du reste monde. La vérité est que nous sommes prisonniers d'une prison dorée. Les jours s'enchainent entre les jeux et la fête. Une véritable zone de débauche où tous les excès sont autorisés.
Ici, mon frère s'épanouit, s'associant avec des types dont la moralité dans leurs affaires de tous les jours semble douteuse.

Un gigantesque mur se présente à moi, parsemé par les symboles habituels d'un paquet de cartes - les cœurs, les trèfles, les carreaux et les piques -, celles que l'on a gagnés étant marqués d'une croix à mesure que nous les ramenons.

Un claquement de porte derrière moi interrompt brusquement le fil de mes réflexions.

_" oh, regardez qui nous avons là. " s'exclame une voix familière, tranchant le silence

_" Niragi... Que me vaut le plaisir de ta venue ? " Ma voix est froide.

_" Attention à l'intonation de ta voix Princesse." Il s'approche, trop proche. " Tu vas participer à quoi ce soir ? "

Je pose finalement mon regard remplit de dégoût sur lui, ce type me répugne. Sous sa belle gueule se cache le pire des enfoirés. Il use de son grade pour faire plier ses adversaires avec pour seule menace, son fusil accroché dans son dos en permanence.

Pivotant sur moi-même, je me fraye un chemin vers la sortie, m'assurant de cogner son épaule au passage. Son souffle agacé atteint mes oreilles, laissant échapper un sourire moqueur de ma part.

Suivant le trajet du corridor devant moi, je suis aussitôt interpellée par les détails architecturaux. Le plafond s'habille de moulures finement ciselées, tandis qu'une moquette rouge vieilli et douteuse enlaidit le plancher. La luminosité faible conforte l'ambiance sinistre, en adéquation avec les personnalités qui dominent cet endroit.
Alors que je m'approche de la porte ouvrant sur le hall principal, j'aperçois mon frère en grande conversation avec aguni, un colosse. Je les dépasse sans leur accorder le moindre regard.

Mes pieds me mènent en haut d'un escalier qui donne sur la grande entrée de ce bâtiment. Tout est fait de marbre blanc. Au cœur de la pièce trône le souverain de ces lieux - qu'on surnomme le chapelier - les yeux ancrés sur la scène extérieure, où une foule ivre danse frénétiquement au son de la musique.

_ " Alors t/p, as-tu choisis ton jeu ? " Me lance-t-il sans prendre la peine de lever les yeux.

_ " Le cinq de pique. "

_ " Choix audacieux, l'effort physique." Il esquisse un sourcil amusé, souriant doucement " il serait sage d'enfiler une tenue adaptée à l'occasion."

Comme si j'ignorais les règles... Bien sûr que je vais revêtir une tenue adaptée, ici le maillot de bain est de mise. L'intérêt ? Peu de chances de dissimuler une arme dans un textile aussi réduit.

J'atteins le dressing, un espace vaste regorgeant de tenues diversifiées. Après quelques instants de fouille, je parviens à sélectionner un pantalon noir, des baskets, le tout agrémentés d'une veste à capuche noire. Favorisant ainsi le confort au détriment de l'esthétique.

Habillée pour sortir, je me détache de la solitude de ma chambre et du bâtiment pour rejoindre les marches dehors, où j'attends patiemment mon chauffeur. La fraîcheur de la nuit caresse mon visage, et soudainement, un bruit de moteur fend le silence. Rapidement je monte dans la voiture et m'affale sur les sièges en cuir

Le pont qui surplombe l'océan lorsque nous quittons " la plage " offre une vue où seules les ondulations argentées de la lune sur l'eau se détachent dans l'obscurité. A l'horizon, la nuit tokyoïte est rompue par l'éclat des enseignes lumineuses qui révèlent l'emplacement des arènes.

Ici et là, des lampadaires diffusent une lumière timide qui rythme la pénombre. La nature reprend ses droits, de la verdure escalade les parois des immeubles abandonnés et quelques fleurs jonchent le sol.

Je sors finalement du véhicule qui redémarre au quart de tour.
Devant moi s'étend le terrain du défi : un complexe résidentiel de dix étages, prêt à éprouver les joueurs.
Glissant les mains dans mes poches, je franchis le seuil du bâtiment, et alors que je passe, un bip caractéristique me répertorie comme participante au jeu.

Juste en face de l'entrée, une table accueille un alignement impeccable de téléphones, surmontée de l'avertissement minimaliste et direct : "un par personne". J'en saisis un, et le processus de reconnaissance faciale s'enclenche aussitôt. Sans effort de ma part et en un mouvement fluide, je cache le cellulaire dans ma poche et enfonce ma capuche sur mon crâne.

D'un pas nonchalant, je me place dans un coin pour observer tout le monde. Des gars discutent sans comprendre qu'ils risquent leurs misérables vies, deux grand-mères sont assises sur un banc.
L'atmosphère est chargée d'une peur palpable à la vue des visages, j'explore la scène jusqu'à ce que mon attention soit attirée par quelqu'un. Un type avec une capuche vissée sur la tête, les mains dans les poches et en prime l'air dédaigneux sur le visage... Étrangement, ça me rappel quelqu'un.

Des sonneries retentissent et une femme parle de façon robotique. Je déteste ce timbre de voix et bien plus encore depuis que je suis ici.

* Nom du jeu : Chat. *
* Règle du jeu : Fuir la chose. *

Déjà du monde s'affole. Quelle bande d'innocents, le but du jeu n'a pas encore été donné qu'ils cèdent à la panique. Ils sont faibles... Vraiment faibles.

* Difficulté : cinq de pique. *

_" Ça signifie quoi ? " Demande un homme effrayé.

_" C'est une épreuve physique. Chaque symbole a une signification. " Dis-je en soufflant.

_" C'est quoi les autres alors ? "

_" Ça y est mon niveau de sociabilité est écoulé. Débrouille-toi ! "

* But du jeu : Trouver dans un temps imparti la zone sécurisée.*
* Temps imparti : Vingt minutes. Passé ce délai la bombe fera exploser le bâtiment.*

L'instant où le chronomètre démarre est le signal de mon ascension au 7e étage en ascenseur. A mon arrivée, je lance des regards scrutateurs dans toutes les directions, puis élis domicile en fin de couloir. Un point de vue privilégié sur la totalité du bâtiment s'ouvrant à moi.

* La chose est libérée. *

The moon and the sun. 🌙☀️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant