Je m'élance à travers les couloirs et m'arrête devant la porte de Chishiya. En entrant discrètement, je fouille sous le matelas et y découvre la carte tant convoitée, que je glisse aussitôt dans ma poche avant de filer m'installer à l'extérieur.
La sensation de l'eau de la piscine qui effleure mes pieds est une pure délectation. Le jardin semble inhabituellement paisible, peu peuplé. Bercée par le murmure de l'eau et le frémissement des feuilles, je me laisse emporter vers ma quiétude intérieure, trouvant dans la solitude un réconfort familier.
Le calme est de courte durée, le blond me rejoint et s'installe à mes côtés.
___ " Tu n'as pas remis mon matelas correctement. "
___ " Tu parles de quoi ? "
___ " La carte... "
___ " Je n'ai pas ta fichue carte. "
Il sourit tout en regardant devant lui. Je me lève en croisant les bras sur mon torse.
___ " Fouilles les poches de mon kimono. Je vois bien que tu ne me crois pas et j'imagine que tu as déjà été dans ma chambre vérifier. "
Chishiya se redresse, s'approche et me fait face. Avec une délicatesse calculée, il écarte le tissu de mon kimono, frôlant subtilement ma peau. Une onde de plaisir me traverse, éveillant une nuée de papillons imaginaires dans mon abdomen. Ses doigts s'immiscent progressivement dans les poches, et son expression se fige dans une moue de confusion.
___ " Je te l'ai dit, je n'ai rien volé. "
Il me dévisage avec suspicion, son regard descendant furtivement vers ma poitrine et faisant accélérer légèrement mon cœur.
___ " Malin ! Tu sais que je n'irais pas la chercher ici ! "
___ " Bah alors t'es timide ?" ma voix est joueuse. " Mais je vois toujours pas de quoi tu parles. "
Je fais volte-face et m'aventure à nouveau à l'intérieur du bâtiment. Le souffle d'exaspération de Chishiya me chatouille l'arrière du cou et à peine ai-je franchi le seuil que je tombe nez à-nez avec le chapelier visiblement mécontent.
___ " Un problème chef ? " dis-je.
___ " Chishiya a perdu la carte.. "
Je souris discrètement en me plantant face à lui.
___ " Oh oui, je sais, en allant vers la piscine, je l'ai trouvé. " je glisse ma main dans l'échancrure de mon maillot pour en retirer la carte et l'exposer fièrement devant mon regard triomphant. " Je venais justement te la donner. "
Chishiya est à l'entrée, un léger rictus accroché au visage. Le chapelier prend la carte puis se tourne vers le blond.
___ " On va aller discuter tous les deux Chishiya. Merci t/p grâce à toi la carte et en lieu sûr dorénavant. "
___" Ouais, en lieu sûr. C'est certain. " dis-je en étouffant un rire.
Je vois Chishiya suivre le chef, il me regarde encore et je comprends à son expression que je vais le regretter. Peu importe, œil pour œil, il le saura la prochaine fois qu'il s'en prend à moi.
Je m'exile dans ma chambre pour le reste de la journée.
Alors que j'observe les dernières lueurs du jour depuis le seuil de ma fenêtre, une présence interrompt ma solitude en pénétrant dans ma chambre.
___ " t/p, c'est l'heure. Tu pars au sept de pique. Habille-toi et sors, la voiture attend. "
Je hoche la tête et vois mon frère quitter la pièce. J'enfile mon éternelle tenue en n'oubliant pas de mettre ma capuche sur mon crâne. Je traverse le bâtiment les mains dans les poches puis je grimpe dans l'auto. En pivotant, chishiya apparaît à mes côtés, son visage marqué par un hématome qui s'étale sous son œil droit.
___ " Sympa ton maquillage !" Dis-je
Il reste muet, et bientôt, le moteur s'éveille, nous guidant silencieusement vers le jeu de pique. Notre véhicule s'immobilise sur le bord de la chaussée au cœur de Tokyo, avec l'imposant gymnase municipal trônant face à nous.
À l'intérieur, nous prenons un téléphone chacun et allons attendre avec la vingtaine d'autres participants. Chishiya me fixe, je ne baisserai pas le regard. Après tout, c'est lui qui a lancé les hostilités.
Un bip retentit et la voix nous demande de suivre les flèches. Nous pénétrons finalement dans un vaste espace où d'innombrables cordes pendent du plafond, surplombant un gouffre béant d'environ quinze mètres.
La voix résonne à nouveau, le jeu est simple. Il va falloir s'accrocher aux cordes, si nous tombons, nous sommes éliminés. Le temps imparti est de 45 minutes. Ça va être très long.
La corde en main, je m'hisse avec détermination. Un nœud habilement réalisé avec mon pied gauche me sert de point d'appui et à l'instant où le temps se met à courir, mes yeux se ferment, canalisant toute ma concentration sur mon contrôle physique.
À peine le chrono atteint-il dix minutes qu'un participant glisse, et avant même d'atteindre le sol, un laser le traverse. Je jette un œil autour et m'aperçois que Chishiya est sur la corde à côté de la mienne. Des gens gémissent sous la douleur, certains essaient d'en faire tomber d'autres jusqu'au moment où l'un d'eux réussit. Une femme crie au scandale puis nous comprenons grâce au laser que tous les coups sont autorisés.
Je grimpe un peu plus haut et vois le blond faire de même. On ne se parle pas mais nos yeux ne se lâchent pas non plus.
********
Ça fait trente minutes que nous sommes ainsi, mes mains sont moites et mes jambes tremblent légèrement. Chishiya paraît plus éprouvé que moi ; l'inquiétude est peinte sur son visage, trahissant le doute qu'il atteigne le terme de cette épreuve.
Je commence à me balancer vers lui, laissant apparaître encore plus de stress dans ses yeux. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de lui.
___ " Arrêtes tes conneries t/p!! " me souffle-t-il.
___ " Fais-moi confiance ! "
___ " Non dégage. "
___ " Oh mais tais-toi bon sang, t'es usant comme mec."
Sans céder, je maintiens mon effort et mes doigts s'emparent enfin de sa corde. Le compte à rebours indique dix minutes restantes. J'enroule délicatement ma jambe libre autour de sa taille, provoquant son air surpris, suivi par le mouvement de son bras qui trouve refuge sous le mien.
___ " Attrape ma corde. Ça te fera un appui plus fort. " lui dis-je.
Lorsqu'il réalise que mon aide est sincère, il se hâte de suivre mes instructions, rapprochant nos corps dans un contact inévitable.
___ " Pourquoi tu m'aides ? " me dit-il.
___ " Je vais manipuler qui si tu meurs. "
___ " Pas faux. "
Nous passons les dernières minutes dans le silence, nos muscles souffrent de cette position si peu naturelle pour les êtres humains.
* Félicitations, jeu terminé. *
Chishiya relâche son étreinte, puis nous descendons lentement le long des cordes. Atteignant finalement le sol, mes jambes tremblantes protestent lorsqu'il s'agit de marcher.
Le blond me tend une main que je repousse comme si ma dignité venait d'en prendre un coup. Je me détourne avec empressement pour rejoindre la sortie et en passant devant la table, j'arrache la carte et la dissimule dans ma poche d'un mouvement rapide.
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The moon and the sun. 🌙☀️
Фанфик- Ils avaient juste besoin que quelqu'un les regardes de la façon dont ils regardaient le monde. - ♠️♦️🃏♥️♣️ " Ça fait maintenant un mois que je suis ici. Dans ce Tokyo vide de ses habitants. Cette ville si convoitée d'habitud...
