Tout le monde le sait. Dans notre monde, il y a ceux qui sont faits pour s'entendre avec les gens. Leur approche perce la frontière de la zone personnelle d'autrui, et ils peuvent communiquer avec beaucoup d'aisance, ils deviennent facilement proches des autres. Ils transmettent une sorte de virus que j'appelle la sympathie. Ce virus lâché, l'agent pathogène peut propager ses germes (non dangereuses, je vous rassure !) et contaminer autant de personne qu'il le souhaite. Ces agents ont un nom : Les extravertis. Pourquoi ? Parce qu'ils sont extras, je suppose.
Puis, il y a ceux qui ne sont pas du tout fait pour s'entendre avec tout le monde, ils peinent à percer la barrière et sont littéralement inexistants aux yeux des autres, certains sont bien contents de l'être. Ceux-là, ils transmettent un autre virus... Dont je refuse de donner l'identité, mais je peux vous donner leur nom : Les introvertis. Pourquoi ? Eh bien parce qu'ils n'ont rien d'extras, peut-être !
Malheureusement pour moi, j'ai toujours été dans la seconde zone. Personne ne me remarquait, personne ne me parlait et personne ne voulait de moi. Je suis apparemment trop différent, et aussi loin que je me souvienne, je l'ai toujours été, en plus d'être seul. Je n'ai qu'une famille aimante et soucieuse de l'état de ma vie "sociale", mes parents m'ont toujours harcelé pour que j'ai une vie de garçon ordinaire, des passe-temps normaux (même si j'en ai), des amis sympas, une vie quoi ! Pour moi, ce serait le rêve, mais ma réalité est moins agréable qu'ils le souhaitent.
Autour de moi, des groupes se forment, le brouhaha se fait plus intense, et le conducteur gueule encore plus, n'en pouvant plus de cette agitation. Depuis mon siège, j'aperçois cette lueur noir envieuse dans son regard. Est-il dans le club des "Pas-Extras" ? Les rires redoublent de plus belle et certains élèves se mettent au défi de faire craquer le conducteur du bus en lui lançant le plus de boulettes possibles. Sa fureur n'est que plus forte, mais ces étudiants ne dégagent aucune peur en voyant son regard.
Ce spectacle ne donne pas envie d'être conducteur de bus, pas même pour deux heures.
Bref, je finis par fixer le décor changeant de New York. De banlieues, nous passons de buildings, et de buildings, mon regard se perd dans la jungle urbaine, une merveilleuse forêt de gratte-ciels toujours stoïques, toujours majestueux et l'océan coloré ou fade que crée la masse de citadins. Nous sommes à Manhattan.
Je ne vis pas le temps passer, encore moins cette personne venir vers moi.
_ Hey !
Au début, je n'y prête pas attention. Mais c'était effectivement à moi qu'on parlait. J'ai tourné la tête pour le voir, et il m'aveuglait presque avec son sourire éclatant et ses yeux amandes qui dégageaient ce virus : La sympathie. Je n'ai pu m'empêcher de le regarder comme l'on regarde un ovni apparaître sous nos yeux.
_ Ça va ? Demande le garçon.
Une seconde... Qu'est-ce qu'il me veut Sunshine Boy ?
_ Euh... Oui. Dis-je, blasé.
_ Tu ne t'ennuie pas là ? À parler avec personne ? Fait Sunshine Boy.
Je suis toujours seul, je voulais le lui dire, mais la pitié et l'inconfort dans son regard vert amande ne me plairont pas. Je me contente donc d'une autre réponse, une demi-vérité.
_ Si, juste un peu. Ai-je menti en forçant un sourire.
_ Je peux m'asseoir avec toi ?
Je le regarde, ahuris. Ensuite, je mets une telle attitude sur le compte de la pitié.
_ Te sens pas obligé de me parler.
Le rêve ne m'était pas permis, car je suis certain de ne susciter rien d'autre que la pitié et l'inacceptation des hommes pour ma personne. Mais ce garçon, je ne le savais pas encore, allait faire toute la différence. Ce garçon changerait tout.
_ T'inquiète, ça me fait plaisir !
Une tornade de bonne humeur se retrouve juste à côté de moi, une tornade parlante, un porteur du virus "Sympathie". Je le fixe, comme un imbécile, pendant qu'il parle. C'est un garçon plein d'entrain, celà se voit dans son sourire et son regard, de plus il est beau avec ses boucles brunes et ses yeux verts. Moi je me trouvais horriblement laid avec ses cheveux blonds platinés (plus blanc que neige) et ses yeux gris froids.
_ Au fait, je m'appelle Éric et toi ?
_ James. Dis-je.
_ Ravie de te rencontrer, James !
Je continuais de le regarder, n'y croyant pas. Il parle, encore et encore. Un vrai moulin à parole ! Je ne fais que l'écouter, mais, c'est avec plaisir. Il me raconte ses anecdotes, me parle de ses passe-temps, ce qu'il aime faire et je constate avec joie que nous avons quelques points en commun.
Éric Langston. Ce garçon m'a tout de suite intrigué. Quand je suis monté dans le bus, alors que des regards me lorgnaient avec arrogance et parfois dégoût, lui attirait l'attention et la joie, une pile électrique que tout le monde semblait apprécier. Je fus un peu jaloux, quand je l'ai vu. Avant de le connaître de nom, je l'avais surnomé le "Sunshine Boy" pour sa bonne humeur, cet entrain qui émanait jusqu'à maintenant en lui.
Il fût mon premier et meilleur ami.
_ James !
Je me réveille, terrifié à l'idée de rêver, mais non, notre rencontre est bien réel. Je souris à mon nouvel ami pour le rassurer de mon réveil, je quitte mon siège et le suit hors du bus, complètement vide. Là-bas, à l'extérieur, j'ai le souffle coupé court, les mots me manquent pour décrire ce que je vois.
_ Wouah !
Pas à Éric, en tout cas.
_ C'est fascinant. Dis-je, après un petit moment de silence.
Le bâtisse d'un blanc cassé et de gris fait tout de même British moyen-âgeux dans une ville aussi moderne que le Big Apple. Les nouveaux élèves y entrent, sans rompre le brouhaha remplis d'excitation, d'interrogation et autres propos que je ne peux comprendre. Dans cette foule de petits hommes, Éric me tient la main pour ne pas que je me perde, sérieusement !
_ Eh on est pas mariés ! Dis-je, les joues plus colorés que jamais.
_ C'est pour ne pas que tu te perde !
_ Je croirai entendre ma mère lors de mes huit ans, sérieux. Ai-je marmonné alors que nous nous dirigeons vers un tableau d'annonce.
_ C'est pour quoi ça ?
Éric inspecte le tableau, avant de me répondre :
_ C'est pour le duo de chambre...
Mon sang se glace. J'ai une chance sur des multitudes d'échec de ne plus le voir. Qu'est-ce qui dit que mon binôme sera aussi cool que lui ? Pourrai-je le voir dans les couloirs ? Suis-je un ami pour lui ? Éric se tourne vers moi, tout sourire.
_ On est dans la même chambre !
_ Vraiment ?
Je m'avance un peu plus vers le tableau. " James Kent & Éric Langston ". Mes épaules s'affaissent et je lâche un soupir de soulagement. Dieu est enfin de mon côté !
_ Tu vois ? On est fait pour être ensemble ! Plaisante-t-il.
_ La ferme, Sunshine Boy.
Il rigole, m'entraînant avec lui. Je m'étonne du son de mon rire, très peu répandu depuis que j'existe. Au milieu d'une énième discussion avec Éric, je me fais bousculé par quelqu'un, une fille, elle s'excuse rapidement - en plus d'une sincérité qui m'était rarement destiné- et finit par disparaitre dans la foule bruyante.
Une sensation étrange m'envahit en regardant dans la direction qu'elle a prise.
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Love, Lust & Secrets [ En Pause ]
RomansaJames, Éric et Isabella se sont connus à l'internat de Westbrook à New York, où ils ont tissé un fort lien. Quelques années plus tard, James, d'origine modeste, est à la tête d'une start-up en pleine ascension fulgurante, Éric est l'héritier d'un gr...