Chapitre 33

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— Sérieusement, maman ? Un bal de charité entre estyrians et mermailyainnes ? C'est la pire idée que t'ai jamais eu, grognai-je. Et t'en as déjà eus des merdiques.

Installée sur l'estrade de la salle qui allait être utilisée pour cette soi-disant grande occasion, je croisai les bras sur la poitrine pour lui montrer que je désapprouvais totalement son idée. Une soirée en commun avec les sorciers. Et puis quoi encore ? Elle ne voulait pas que j'épouse le prince, par la même occasion ? Je grimaçai rien qu'en y pensant. S'il y avait une frontière entre nos deux royaumes, c'était pour une bonne raison. Nous ne nous entendions pas. Je ne savais pas qui entre elle et le roi d'Estyriam avaient eu cette idée, mais elle était tellement pourrie que j'espérais bien que ce ne soit pas ma mère. Autrement, j'allais devoir la renier. Et ça me ferait chier.

Debout à côté de moi, Mike semblait apprécier cette initiative au moins autant que moi. Il examina notre mère de haut en bas, avant de secouer la tête. Je compris qu'il allait dire une connerie au moment même où il ouvrit la bouche.

— Il t'as ensorcelé pour que tu penses que cette idée merdique est bonne ? s'enquit-il.

Je pouffai de rire et tapai dans la main qu'il me tendait pour approuver ses propos. Ses yeux pétillants de malice rencontrèrent les miens, et je sus ce qu'il avait prévu de faire sans même qu'il n'ait besoin de me le dire. Mon jumeau n'allait pas faire le moindre effort pour que cette soirée se passe bien.

— Les enfants, s'il vous plaît, souffla ma mère. Je sais que cela peut vous paraître étrange, mais consolider nos relations ne peut pas faire de mal à Mermailya. Je vous rappelle que nous devons traverser leurs terres à chaque fois que nous voulons nous rendre aux sources thermales. Vous participerez à cette soirée, et vous prendrez même part à son organisation en compagnie du prince estyrian. Nous devons rester en bon termes avec Estyriam si nous voulons garder l'accès aux termes.

D'un mouvement parfaitement synchronisé, Mike et moi tournâmes la tête vers notre génitrice. Pendant que je faisais la moue, Mike fronçait les sourcils, complétant parfaitement mon expression.

— Ton argument est merdique, commençai-je.

— L'accès aux sources thermales nous est accordé dans un traité, continua Mike.

— Donc si le roi estyrian commence à nous le refuser.

— C'est une déclaration de guerre, termina mon frère.

Le regard de la reine passa de Mike à moi à plusieurs reprises, avant qu'elle ne roule des yeux en rejetant la tête en arrière. Pour ma part, je me retenais de rire. La capacité que nous avions, Mike et moi, à dire une seule et unique phrase à nous deux en plusieurs fois me donnait toujours envie de rire. Surtout que la plupart des gens nous fixaient comme si nous étions des créatures étranges lorsque nous faisions ça. Notre mère ne réagissait plus comme ça depuis longtemps, mais c'était toujours aussi drôle de la voir perdue pendant quelques instants après ça.

Mike étant l'ainé à huit minutes près, c'est à elle qu'elle décida de répondre.

— Ce n'est pourtant pas une raison. Il faut faire des efforts pour préserver la paix, sinon même ce traité ne suffira plus pour que nous passions la frontière.

Je défiais le roi de simplement essayer de nous empêcher l'accès aux termes. Nous parviendrions à lui faire regretter des actes bien vite.

— Le roi d'Estyriam ne peut pas être pas être aussi con que ça, rétorquai-je. Il sait très bien que s'il nous refuse le passage, on pourra menacer de déclarer la guerre. Et entre des sirènes et des sorciers, on sait tous qui va gagner.

Ne jamais s'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant