Chapitre 12

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La lueur rose fluo de la robe qu'Eva était en train d'essayer m'aveugler quand elle fit un tour sur elle-même pour tester le potentiel de voltige de sa jupe. Les reflets du soleil sur le tissu me donnèrent de suite la migraine. Ne partageant apparemment pas mon avis sur sa tenue, Eva sourit à son reflet dans l'immense miroir que j'avais fait provisoirement installer dans la pièce commune de mes appartements.

— Qu'est-ce que t'en pense ? m'interrogea ma meilleure amie.

Assise sur l'un des canapés, je secouai la tête.

— Si tu mets ça le soir du bal, je t'interdis de m'approcher.

Elle fit la moue, avant de se retourner vers son reflet en faisant la moue. La tête penchée sur le côté, elle ramena ses cheveux sur son épaule droite comme si cela pouvait me faire changer d'avis sur la question.

— Toujours interdiction de m'approcher.

Elle soupira avant de finalement hausser les épaules.

— T'as raison. Trop clinquant.

— Ravie que tu en conviennes.

Je ne bougeai pas du safo pendant qu'elle retournait dans ma chambre pour passer une autre robe. Nous étions en plein dans nos essayages pour le bal et, malheureusement pour mes yeux, ce n'était pas la première tenue bien trop voyante que ma meilleure amie essayait. J'avais la vague impression qu'elle le faisait exprès. D'accord, nous étions des sirènes. La raison même de notre espèce était de se faire voir mais il y avait quand même des limites. Nous n'avions jamais eu besoin de nous habiller dans des couleurs aussi voyantes pour nous faire remarquer.

— Et essaie d'épargner mes pupilles, cette fois ! criai-je pour qu'elle m'entende malgré la porte fermée.

Elle me répondit en marmonnant, si bien que je ne compris pas un seul mot. Je roulai des yeux, certaine qu'elle allait mettre quelque chose d'encore plus osé que sa robe rose fluo, juste pour m'embêter.

Pour ma part, je n'avais pas encore commencé mes essayages. J'attendais qu'Eva ait terminé pour m'y mettre. Je n'étais même pas d'humeur à essayer des robes, alors qu'en temps normal, j'adorais ça. Je ne voulais même pas me rendre à ce bal. Savoir que j'allais devoir passer la soirée avec Dray suffisait à m'en dégoûter. Je ne parvenais pas à me réjouir de me retrouver en plein milieu d'une fête parce que je savais très bien que j'allais vivre un bal merdique. Je ne savais même pas quel genre de robe je voulais mettre.

Eva sortit de ma chambre habillée différemment, et je me tournai vers elle en redoutant presque de voir sur quoi elle avait jeté son dévolu. En découvrant sa robe, je sifflet d'admiration.

— Tu vois, quand tu veux.

Un immense sourire barra ses lèvres lorsqu'elle alla s'admirer dans le miroir. Elle semblait apprécier ma réaction, qui était bien loin de celle que j'avais eu quand j'avais aperçu ses quatre autres tenues. Dans celle-ci, Eva était superbe. Et il ne faisait aucun doute qu'elle le savait, à la façon dont elle observa son reflet. Je la soupçonnais presque d'avoir essayé les autres uniquement pour faire durer la séance shopping un peu plus longtemps. Tel que je la connaissais, c'était tout à fait possible. Elle adorait essayer des robes bien plus que de les porter.

— Elle met mon cul en valeur, tu ne trouves pas ? s'enquit-elle.

Je pouffai devant sa réflexion. Que son postérieur soit ou non mit en valeur pour la tenue qu'elle portait, il l'était tout de même. Je l'enviais parfois sur ce point.

— Il est admirable, comme toujours.

A travers le miroir, elle m'adressa un clin d'œil. Elle se pavana dans toute la pièce avec sa robe, commentant de temps en temps tel ou tel détail qu'elle demanderait au styliste de changer. La longueur, par exemple, ne lui plaisait pas car selon elle, elle n'était pas assez courte.

Ne jamais s'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant