Au fond du trou...

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Beaucoup diraient qu'il faudrait être fou pour ne pas avoir peur de la mort.

Allongé sur son lit, les yeux grands ouverts et fixant le plafond, ce n'est pourtant pas celui qui vient de perdre sa mère qui ne dort pas. Celui-ci, au contraire, ronfle comme une vieille voiture moldue.

Le seul dans cette chambre à ne pas dormir c'est Ron Weasley. Il n'a même pas essayé d'ailleurs.

Il sait ce que ça fait de perdre quelqu'un de si cher, de perdre un membre de sa famille. Sur le coup il avait eu du mal à le croire mais dans les grandes étapes du deuil, il n'avait fait que frôler celle du déni.

Au milieu d'une guerre, de l'ultime bataille, la colère avait pris le dessus et il avait fini par s'écrouler de tristesse dans les bras de sa nouvelle petite amie. Petite amie qui ne l'était pas restée bien longtemps d'ailleurs.

Que ressentait Blaise ? Il ne savait pas si en fixant le plafond et essayant de s'adapter au peu de luminosité il allait réussir à comprendre mais il ne pouvait se résoudre à fermer les yeux.

Comment son compagnon de chambre avait-il pu s'endormir aussi vite et aussi facilement après la terrible nouvelle qu'il venait d'apprendre ?

Au début de son existence, la vie de Ron Weasley s'était entièrement cantonnée à sa famille. Tout lui revenait. L'argent était pour la famille. L'amour était pour la famille. La tendresse était pour la famille. La reconnaissance, la joie, la peur, l'inquiétude, l'émerveillement. Il avait tout fait avec sa famille. Et puis il avait rencontré des amis. De vrais amis. Enfin. Après tout, il n'avait jamais retrouvé personne qu'il connaissait à Poudlard. Sa famille l'avait elle rendu seul ?

Là n'était pas la question pour ce soir.

Pour lui, pour les Weasley, pour Harry, pour Neville, pour Luna, leur famille c'est tout ce qu'ils ont et leurs amis et en font partis. Alors pourquoi ? pourquoi par la barbe de Merlin, Blaise n'avait eu aucune réaction ?!

Il faillit s'énerver et lui balancer son oreiller sur la tête mais se retint de justesse et préféra se lever pour calmer ses sentiments ailleurs.

En sortant il avait l'impression qu'il pourrait faire autant de bruit d'un dragon affamé, le métisse ne se réveillerait toujours pas, plongé qu'il est dans un sommeil profond.

Il sortit de leur appartement et descendit les marches jusqu'à la Salle Commune. Le silence était angoissant. Il savait que tous ses amis se trouvaient derrière ces murs alors n'entendre aucun son lui jouait des tours et son imagination lui envoyait déjà de faux scénarii dans lesquels il serait celui qui les retrouverait tous morts.

Il secoua la tête.

"Ron, il sont juste tous en train de dormir" se dit-il.

Certains philosophes disent qu'il faut plus avoir peur de la souffrance que de la mort en elle-même.

D'un pas feutré il finit de descendre les marches tandis que son cerveau s'habituer à l'obscurité. Il se rendit d'ailleurs compte qu'il voyait étrangement bien pour un lieu censé être sans aucune lumière.

Ron n'était peut-être pas aussi intelligent que Hermione mais il savait reconnaître la lueur d'un feu lorsqu'il en voyait un, même de loin.

Avec un léger sourire mi heureux, mi peiné il se dit qu'il allait retrouver Harry. Ce n'était pas rare que son meilleur amin soit pris d'insomnie et si le rouquin ne les avait pas toutes vues, ce n'est pas pour autant qu'il ne savait où il allait quand c'était le cas.

De loin il vit des cheveux bruns mais en avisant la silhouette il fronça les sourcils. Ce n'était clairement pas Harry.

Il faisait bon, chaud et le patchwork étrange de couleurs du lieu était pourtant étrangement apaisant alors il décida que la personne qui se trouvait ici n'était pas importante tant qu'il pouvait se poser un peu et loin de Blaise.

Le temps d'hierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant