Checkmate (Français)

12

   Le moment où j'ai ouvert les yeux, je me suis souvenu que je n'avais pas passé la nuit dans ma chambre. J'ai toujours aimé les rideaux transparents pour attraper les premiers rayons du soleil du matin, cependant, dans la chambre de Jarred, les rideaux étaient épais et sombres, bloquant la vue du ciel qui s'éveillait. Je me suis déplacé un peu et me suis figé. La chaleur qui émanait de son corps était comme une caresse sur ma peau. À cette proximité, il était impossible de sortir discrètement sans risquer de le réveiller. Je ne pouvais pas dire, à son souffle, s'il dormait profondément ou non.

   Alors, je suis resté immobile, réfléchissant à la manière dont je devrais m'échapper d'ici. Quand j'ai finalement décidé de me lever, j'ai été sursauté par une sonnerie forte. Mes yeux se posèrent sur l'horloge numérique noire sur la table de nuit, affichant 5h30 en rouge. J'ai été à nouveau surprise quand Jarred s'est penché sur moi pour éteindre le réveil. "Désolé pour ça." Les draps se sont froissés sur ma poitrine, le tissu lisse perturbé par son avant-bras le glissant alors qu'il se recouchait, maintenant incliné vers moi. "Bonjour. As-tu bien dormi ?"

   Les souvenirs de la nuit dernière étaient encore frais dans ma tête. Nous avions fait l'amour, encore et encore, et à chaque fois, il trouvait un nouveau moyen de me faire frissonner. À en juger par le sourire suffisant tirant sur ses lèvres, une vague de gêne menaçait de rougir mes oreilles.

"Je prends ton silence comme un oui," sa voix interrompit mes pensées. Acceptant que ma supposition était probablement correcte, j'ai éclairci ma gorge. "Je l'ai fait," ai-je murmuré. Aussi arrogant qu'il puisse paraître, la manière dont son sourire s'étendait sur tout son visage montrait ce que sa voix cachait. Il était vraiment heureux que j'aie passé un bon moment la nuit dernière. L'idée qu'il se souciait autant de mon plaisir faisait apparaître le sourire que j'avais initialement prévu de retenir.

   Ses yeux vagabondaient de mes lèvres à mon corps. Le drap ne protégeait que ma poitrine, laissant le reste de mon corps exposé pour qu'il puisse l'admirer sous tous les angles.

"Comment te sens-tu ?" demanda-t-il d'une voix basse. Sa main était à plat sur ma cuisse, massant doucement les muscles endoloris, ce qui me fit émettre un son de délice.

"Aussi bien que possible." Il hocha simplement la tête tout en restant concentré sur la tâche à accomplir. "Tu as beaucoup de choses en tête," parla-t-il bas.

"Comment tu le sais ?" Il haussa les épaules, son regard toujours fixé sur ma jambe. "La nuit dernière, tu étais plutôt tendue." Je laissai échapper un rire. "Je pense que nous pouvons convenir qu'une première fois avec un inconnu a tendance à me rendre nerveuse."

"Ah, donc je suis un inconnu maintenant ?" plaisanta-t-il d'une voix chantante, mettant l'accent sur le mot "inconnu". Sa main quitta ma cuisse et son absence se fit instantanément ressentir. Je me redressai contre la tête de lit, sentant toujours son regard sur moi.

"Une nuit ensemble ne signifie pas que nous nous connaissons, Jarred." Je regardai droit devant moi, espérant que mes paroles ne piqueraient pas autant qu'elles le faisaient sur ma langue.

"Pourquoi ne pas arranger ça ?" Je le regardai un moment. Un simple regard sur lui suffisait à déclencher un flot de culpabilité en moi. Jarred était tout ce que je pouvais désirer chez un homme. Intelligent, beau, attentionné, avec des objectifs et des valeurs fortes, et il comprenait l'importance de la famille.

   La nuit dernière, après notre première étreinte, je suis allée vérifier Sam avec la baby-sitter. Quand je suis revenue, il m'avait demandé si tout allait bien. La nuit dernière était censée être une aventure d'un soir, mais plus il explorait mon corps, plus il était difficile de lui résister. On aurait dit qu'il savait quelle corde toucher pour me faire chavirer.

   Cependant, je n'étais pas fan du vertige, et l'équilibre était exactement ce dont j'avais besoin dans ma vie en ce moment. Avec le retour de Colton, je ne pouvais pas risquer de m'embarquer dans une aventure qui pourrait bien compliquer les choses qui auraient pu rester simples.

   Remarquant bien trop tard que je le fixais toujours du regard, je me détournai et sortis du lit. Rassemblant mes vêtements de la nuit dernière, j'enfilai mes talons, n'acceptant alors l'embarras complet du "walk of shame" auquel je me préparais actuellement. Avec ma pochette maintenant en main, je le regardai. Soutenu par son coude, la douce lumière du soleil qui commençait à poindre à travers sa fenêtre le couvrait d'un air de mystère, son corps solidement sculpté l'incarnation d'une statue en bronze.

"J'ai passé un bon moment hier soir, Jarred. Mais ma position reste inchangée. Je ne recherche rien au-delà de ce que nous avons eu la nuit dernière." J'ai fait de mon mieux pour ne pas paraître nerveuse. J'avais réussi pendant les trente premières secondes, mais ensuite, il se leva, le drap glissant de sa taille, révélant tout.

"J'ai aussi apprécié la nuit dernière," dit-il, se tenant à quelques centimètres, "Si je ne peux pas t'avoir pour dîner, pourrions-nous passer directement au dessert ?" Je ne pus m'empêcher de rire. Les souvenirs de nous deux lovés dans le lit discutant du nombre de frontières floues entre la nourriture et le sexe se succédèrent dans ma tête.

"Tu as l'esprit mal tourné," dis-je, lui lançant un regard accusateur, tout cela dans un esprit léger. "Je ne le nie pas," rit-il, "mais écoute celle-ci." Il se racla la gorge et se tourna vers moi avec un regard brûlant exagéré. "Nous allons ensemble comme le beurre de cacahuète et la gelée."

"Je suis allergique aux cacahuètes," dis-je, peu impressionnée. "D'accord," murmura-t-il pour lui-même, et je ris pendant qu'il semblait plongé dans ses pensées à la recherche d'une autre phrase d'accroche ringarde.

"Es-tu de la sauce Sriracha ? Parce que tu me fais brûler le cœur?" "Tu devrais peut-être faire vérifier ça," suggérai-je, feignant l'inquiétude. Il rit et frappa ma tête avec un oreiller.

"D'accord, que dirais-tu de celle-ci," dit-il, et j'émis un bruit d'approbation, m'attendant à quelque chose d'amusant. "Es-tu de la nourriture mexicaine ? Parce que tu es la fille la plus épicée que j'aie vue toute la nuit."

Ma bouche s'ouvrit en grand et je ris, "C'est définitivement raciste." Il grimace et hoche la tête, "Ouais, celle-là était assez mauvaise. Je vais te trouver une bonne, je te le promets."

"Où trouves-tu même celles-ci ?" demandai-je, sincèrement curieuse. "Tu découvriras qu'AskReddit est un excellent remède contre l'ennui." Mon rire résonna dans ma tête, les sons semblant si loin qu'ils me ramenèrent au présent.

"Avais-tu besoin de Reddit pour celle-là ?" Il sourit, "Non, j'avais toute l'inspiration dont j'avais besoin juste ici." Hochant la tête, je commençai à reculer. "J'y réfléchirai."

   J'ai éteint une partie de moi-même pour pousser mes jambes à avancer. Pourquoi avait-on l'impression que je venais de mettre fin à quelque chose qui n'avait même pas commencé ? Qui sait, cela aurait pu commencer si j'étais restée ? Je suis montée dans ma voiture et ai regardé le bâtiment. Peut-être que j'étais têtue, mais quoi qu'il advienne ensuite nécessitait une douche, une tasse de café chaud, et mes pensées non influencées par sa langue convaincante et ses douces paroles.

Merci d'avoir lu ce chapitre.

N'oubliez pas de voter si vous avez aimé.

J'espère que tout va bien pour vous et que vous restez en sécurité.

Bisous ! Bisous !