En entrant dans la cellule, Kay fut surprise par le manque de réaction de la captive. Elle était assise sur le lit de fortune qu'on lui avait offert, les genoux ramenés à sa poitrine et le visage caché par ses cheveux bruns aussi ternes que le regard qu'elle gardait fixé au sol froid devant elle. Il fallut que la Mahr referme la porte derrière elle pour qu'elle daigne lui prêter attention, seulement du coin de l'œil et par pure méfiance, sûrement pour vérifier qu'elle ne pointait pas une arme vers elle. D'habitude, les quelques rares Mahr qui osaient s'aventurer ici ne s'enfermaient pas avec elle, lançaient leurs remarques désobligeantes depuis le pas de la porte et s'empressaient de repartir.
— Je ne viens pas te faire du mal, prévint Kay. Je voulais juste... te voir, je suppose.
L'Eldienne ne lui répondit pas. Balayant rapidement le lieu du regard, la jeune gradée comprit sans difficulté à quelles conditions de vie elle avait eu le droit depuis son arrivée sur le continent. Après tout, ils ne veillaient à sa survie que pour s'assurer que le Mâchoire ne leur échappait pas. Rien ne les obligeait à la traiter correctement.
— Ils ne te donnent pas à manger tous les jours, pas vrai ?
— Pourquoi est-ce qu'ils le feraient ?
Sa voix rauque suffit à Kay pour ouvrir son sac et en extirper la gourde qu'elle avait prévue pour cet exact moment. Si elle parvenait à lui faire comprendre qu'elle n'était pas vraiment une ennemie, peut-être pourraient-elles discuter.
— Bois.
La prisonnière avait beau faire preuve d'une fierté des plus tenaces, elle ne put refuser cette offre. Ses doigts froids et sales frôlèrent ceux de Kay lorsqu'elle s'empara du récipient et cette dernière aperçut enfin clairement son visage lorsqu'elle se redressa pour essuyer d'un revers de manche fatigué l'eau qui avait coulé le long de son menton. Son teint était pâle en raison de sa situation actuelle, mais elle devina qu'il devait être plus halé en temps normal. Des tâches de rousseur décoraient ses traits que les émotions avaient quitté. En croisant son regard éteint, dénué de la moindre ambition, Kay ne put que se dire qu'elle avait déjà l'air morte.
— Comment tu t'appelles ?
— C'est important ?
— Comment tu t'appelles ? répéta Kay sans lui répondre.
— Ymir.
La Mahr grimaça malgré elle. Ses parents devaient avoir eu une bien basse estime de leur enfant pour lui choisir un nom pareil, ou bien ils avaient été motivés par une potentiel renaissance de l'empire eldien. Kay s'efforça de ne faire aucune remarque à ce sujet, seulement motivée par l'envie d'en savoir un peu plus sur elle avant qu'il ne soit trop tard. Il fallait qu'elle comprenne, et peut-être cherchait-elle encore inconsciemment un moyen de sauver Porco du destin qu'on lui réservait. En vain, bien sûr. Magath avait déjà plus ou moins confirmé qu'il était apte à recevoir ces nouvelles capacités, que pouvait-elle face à cela ? Elle n'irait pas jusqu'à saboter l'opération en se débarrassant du Mâchoire ici et maintenant, même si l'idée l'avait déjà effleurée. Un seul coup de poignard et le Mâchoire échapperait au contrôle mahr, serait transmis à un nourrisson eldien quelque part dans le monde, loin de Porco. Kay l'aurait peut-être fait si elle n'avait pas eu tant à perdre.
— Ils se plaisent à raconter le contraire dans les journaux pour nous laisser un brin de mérite, mais on m'a dit que tu t'étais rendue volontairement, que tu n'as pas du tout lutté. C'est vrai ?
— Pourquoi écouter la version de Reiner si c'est pour en douter ensuite ? La confiance règne.
— Pourquoi ? insista Kay sans prêter attention à ses sarcasmes. Pourquoi est-ce que tu ferais ça ?
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𝗟𝗔 𝗣𝗟𝗔𝗖𝗘 𝗗𝗘𝗦 𝗠𝗢𝗥𝗧𝗦 ; porco galliard
FanfictionEnfants, Kay et Porco s'aiment avec autant d'innocence que d'imprudence, ne pensent qu'à s'amuser malgré leurs statuts sociaux différents et tous les interdits qui pèsent sur leurs épaules. Puis les années passent et viennent les tragédies et les re...