- Chapitre 13 -

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Ma tête commence à me faire mal alors que nous rentrons. Je suis affalée sur la vitre de la Mercedes d'Henry, pendant que la fraicheur de celle-ci m'aide à atténuer la douleur. J'aurai du anticiper l'appel d'Adam. Il n'a pas encore eu des nouvelles de sa fille depuis notre arrivée aux Etats-Unis. Une bonne mère y aurait pensé, m 'a t-il dit. Il a raison. Je suis vraiment une pauvre idiote. Heureusement, Henry ne m'a posé aucune question. Je n'aurai pas été capable de lui répondre sans sombrer davantage dans mes jérémiades. Ce que je peux être pathétique parfois.

La ville aux milles lumières défile sous mes yeux. Les rues sont animées, les visages souriants, des multitudes de rooftop jonchent les toits des immeubles. Les femmes ont sorti leur plus belle tenue pour marcher dans les rues New-Yorkaises. Il se dégage une telle légèreté. De nombreux magasins sont encore ouverts, attirants les passants. Business is Business. Ça plairait certainement à Lisa. 

Tandis que l'effervescence de la soirée s'éloigne, mon regard se fixe sur un immense building. Tant de choses ont changé depuis ma dernière visite à New York, au point que certains quartiers me semblent presque étrangers. J'ai l'impression de redécouvrir la ville, tandis qu'Henry conduit sa voiture, certainement hors de prix.

C'est une partie de mes bureaux.

— Comment ça ? dis-je soudainement sortant de ma bulle.

— Ce que tu regardes par la vitre. Ce building.

J'écarquille les yeux, surprise par cette annonce.

— Tu bosses là, c'est ça ?

— Oui. Je suis également le propriétaire du W.B.

— Du W.B ? Mon Dieu cet accent, il va vraiment falloir que je n'y prête plus attention.

— Le Winston Bulding. À l'origine, je ne voulais pas lui donner mon nom, mais tu connais ma mère, elle est trop fière pour me laisser faire autrement. Le reste de mes sociétés portent des noms différents, pour plus de tranquillité et de discrétion. Je lui ai cédé ce plaisir-là.

— Le reste de tes sociétés ? Mais de quoi parles-tu Henry ? Je me redresse, décolle ma tête brulante de la vitre pour le regarder.

— J'ai plutôt bien réussi dans les affaires, me répond Henry, un demi sourire en coin aux bord des lèvres.

— Je vois ça ! Plus jeune, j'étais persuadée que tu finirais par travailler dans un magasin de jeu vidéo sur Brooklyn. Ma mère m'a dit qu'elle t'a vu sur le Times. Elle avait raison ?

— Certainement, je ne fais plus attention aux couvertures. Nous sommes presque arrivés.

— Encore une fois, je suis désolée pour ce soir. En fait, je suis désolée pour tout. Pour tout le mal que je t'ai causé durant toutes ses années. J'étais qu'une pauvre petite gamine égoïste, trop centrée sur moi même pour voir à quel point je te blessais.

Je me sens terriblement honteuse face à lui. J'ai ce besoin irrépressible de m'excuser encore et encore, pour être certaine qu'il comprenne, et pour me convaincre moi même. Le soulagement d'avoir enfin pu exprimer mes regrets est contrebalancé par le mutisme d'Henry. Il ne dit rien, les yeux fixés sur la route.

— Je peux mettre de la musique ?

— Oui bien sur. Connecte ton téléphone à l'écran.

— Je ne sais pas comment faire.

Je n'ai pas l'habitude de ce genre de technologie. Ma voiture est une vraie antiquité, mais elle a le mérite de fonctionner correctement. Henry m'explique rapidement comment faire, ses mains grandes et habiles naviguant facilement sur l'écran. L'informatique à toujours été une seconde nature pour lui, bien plus que pour moi. Tandis qu'il connecte mon téléphone, j'aperçois la liste des appareils déjà connectés à sa voiture. Il y a évidemment le sien, celui de Sam, apparemment son assistant, ainsi que ceux de Jenna et Beatriz. Une sensation étrange m'envahit, un malaise que je ne parviens pas à ignorer.

J'ai hâte de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant