Prologue

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« Livaï ! Livaï mon bébé, souviens toi de toujours rester bon envers autrui, quoi qu'il arrive dans ta vie, ne perds jamais de vue que tu es quelqu'un de bien et que je serais toujours fière de toi mon amour... »

Livaï se réveilla en sursaut, manquant de tomber à la renverse de sa chaise. Il se rattrapa de justesse en saisissant le bord de la table avant de basculer vers l'avant, ramenant la chaise sur ses quatre pieds.

Une fois stabilisé, il passa les mains sur son visage en soupirant, patientant le temps que son cœur retrouve un rythme normal. Il releva un visage fatigué vers la fenêtre de sa chambre où n'était perceptible qu'une obscurité effrayante n'étant rompue par endroit que par des lampadaires régulièrement alimentés en huile afin de laisser un peu de luminosité dans les rues souterraines des bas-fonds.

Livaï se leva et traversa sa chambre d'une étonnante propreté. La pièce était régulièrement astiquée par le jeune homme qui ne supportait pas voir la moindre trace de crasse dans son lieu de vie.

Le traumatisme de sa vie dans le lupanar ou travaillait sa mère afin d'assurer leur subsistance étant profondément ancrée en lui. Le lupanar... le lieu ou sa mère, plus connu sous le pseudonyme d'Olympia vendait son corps pour quelques bouchées de pain et de fromage. Le lupanar... lieu ou il avait vu sa mère pleurer encore et encore de subir l'humiliation d'être salie par les assauts de ces hommes retors et malsains. Le lupanar... lieu ou pourtant elle l'avait protégé de la duplicité et de la perversion des hommes qui lorgnaient sur lui.

Ses sourires... Ses sourires lui manquaient atrocement lorsqu'elle venait, une fois sa besogne accomplie et s'être lavée à se brûler la peau afin d'ôter la honte et le dégoût qu'elle avait d'elle-même, s'allonger près de lui, le serrant tendrement contre elle afin qu'il s'endorme, rassuré de sa présence à ses côtés.

La tendresse et l'affection de sa mère lui manquait. Son visage si beau et si lumineux disparaissait peu à peu de sa mémoire au profit de celui horrible et terrifiant qu'il avait observé durant trois jours sans manger et sans boire, attendant désespérément qu'elle ouvre les yeux pour le rassurer d'une voix douce. Un visage de mort, rendu squelettique par la maladie. Un visage terrifiant alors que la putréfaction le gagnait.

Si cet homme au grand chapeau n'était pas arrivé et ne l'avait pas sorti de cette chambre, s'il ne lui avait pas offert à manger ainsi qu'un toit sur la tête, s'il ne lui avait pas appris à se battre pour sa vie, lui enseignant qu'il valait mieux tuer qu'être tuer, il aurait péri comme sa pauvre mère, abandonnée de tous à son triste sort.

Livaï ouvrit la fenêtre, désespérant de sentir un souffle d'air frais sur son visage. Un vent d'air frais qui emporterai ses cauchemars les plus angoissant loin, très loin de son esprit tourmenté.

Au lieu de ça, ses narines furent assaillis par l'odeur putride de l'eau des caniveaux circulant un peu partout, lieu de déversement de toute la crasse et de la merde de la ville souterraine. Il referma presque aussi vite la fenêtre en lâchant une exclamation qui lui était toute caractérisée :
- Tch... même à cette heure l'odeur est encore atroce... Putain de trou à rat... Je rêve que d'une chose, sortir mon cul d'ici au plus vite !

Il s'appuya au mur, fixant l'extérieur à travers sa fenêtre. En contrebas, les pauvres âmes erraient, mendiant un morceau de pain ou faisant la charité. Les rares femmes « bien » sortaient entourées de leurs frères et père afin de les protégés de tous les charognards. Les autres, celles des maisons de plaisir, hélaient les hommes circulant dans les rues et en capacité de s'offrir leur service d'une voix roucoulante.

Livaï observa toute cette scène de cacophonie et de vice d'un œil vide, presque indifférent. Il n'éprouvait que dégoût pour ses hommes et pitié pour ces femmes, devant se forcer à sourire tout comme le faisait sa mère, pour survivre. Car là était la pire des choses pour une femme atterrissant dans les bas-fonds : le bordel.

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