Game 4 - Confiance

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Guep referme la porte d'un coup de pied avant de secouer ses bottes pleines de neige sur le tapis. Il accroche son manteau sur la patère et se dirige vers le salon. Un sourire attendri lui échappe lorsqu'ils les aperçoit devant le foyer.

Guep vient s'asseoir à leurs côtés, les yeux fermés, laissant la douce chaleur l'envelopper et redonner vie à ses membres glacés. Des babillements de protestation lui font soulever une paupière. Le petit agite la main vers le feu, son regard suppliant croisant celui, sévère et cerné, de Ponk.

« N'y pense même pas. Ça brûle. »

« Areuuuuuh... »

« Quand c'est joli, on touche pas. »

Guep pouffe. Ponk le dévisage.

« Tu te payes ma tête ? »

« Jamais je n'oserais. », ricane Guep.

Ponk lui donne un coup de coude amical. Ils échangent un sourire avant de reporter leurs regards sur le feu qui se consume lentement dans la cheminée. Guep prend tranquillement conscience que les changements effectués depuis l'automne ont portés fruit.

L'inévitable ralentissement hivernal y est certainement pour quelque chose, mais les journées, maintenant rythmées de manière beaucoup plus saine, le laissent détendu et il a enfin l'impression de vivre. Et, ironiquement, ils sont aussi efficaces que lorsqu'ils avaient atteint le paroxysme de l'épuisement.

La colère, la peur et le découragement qui rôdent dans son esprit sont ainsi plus faciles à ignorer. Parallèlement, la froideur qu'il s'impose lors de ses échanges avec Jérôme devient de plus en plus difficile à supporter. C'est pourquoi il se félicite intérieurement de chaque petites réussites que lui obtient la lente « progression » simulée de son propre comportement vis-à-vis du bébé.

Jérôme sourit, la main tendue vers lui. Guep soupire pour la forme, puis présente un doigt que le bébé saisit et secoue vigoureusement. Un léger sourire étire ses lèvres, reflet de celui qui éclaire le visage de Ponk.

***

Lorsque Ponk revient dans le salon, une caisse de bière sous le bras, il trouve Guep plongé dans la lecture du cinquième et dernier livre de leur misérable bibliothèque.

« Ça fait combien de fois que tu le relis, celui-là ? », lance-t-il.

« Assez pour le connaître par cœur. », grommelle Guep en le refermant d'un coup sec.

Guep jette un regard par la fenêtre. La lumière du lampadaire se reflète sur les gros flocons de neige qui s'écoulent en cascade depuis les cieux. Ponk lui tend une bouteille de bière, que Guep accepte avec un hochement de tête.

« Ça te dis, une partie d'échecs ? »

« Pourquoi pas. »

Sur le sol devant le foyer, une énième bataille fait rage. Ponk, les sourcils froncés, est entièrement concentré sur la partie. Guep le dévisage, amusé. Il est, une fois de plus, à un coup de gagner. Ponk, l'air victorieux, avance son cavalier.

« Échec ! », lance-t-il fièrement.

Guep se mord les lèvres pour s'empêcher de rire. Il capture le cavalier avec son fou biscornu.

« Échec et mat. »

Le visage de Ponk se décompose. Guep pouffe devant son air déconfit et lui tend la dernière bouteille de bière.

« Tu veux une revanche ? »

« C'est bon, j'ai mon compte pour aujourd'hui. », dit Ponk en prenant une gorgée. « D'ailleurs, c'est quoi le pointage ? »

Jusqu'au boutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant