Une fois dans la voiture, l'ami de Kaba, lui dit dans le dialecte de Bakunga, qu'il était étonné que je connaisse la pierre de Babowa. « Les gens lui voudront du mal, s'ils pensent qu'elle sait où trouver une telle pierre », dit-il ensuite. Kaba, paraissant d'accord avec lui, répondit qu'il fallait annuler la visite des autres villages et emprunter, si possible, un chemin différent pour rentrer à Bakunga. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je feignis alors de ne pas comprendre la langue qu'ils parlaient, afin qu'ils poursuivent librement leur conversation. Le véhicule démarra et Kaba me dit :
- Nous n'aurons pas plus d'informations que nous n'en avons déjà obtenues. Les villages suivants sont plus petits et moins hospitaliers. Je suggère que nous rentrions, à présent.
Bien que déçue par la tournure surprenante que prenaient les évènements, j'acquiesçai de la tête. Je sentais Kaba devenir de plus en plus nerveux, mais tentant de garder son calme au maximum.
- Nous avons de la chance qu'ils aient accepté de nous parler, sans exiger d'être payés au préalable, dit-il.
- Combien aurait-il fallu, sinon ? demandai-je.
- Vingt dollars, tout au plus, répondit son ami.
- C'est beaucoup d'argent ici, n'est-ce pas ?
- Pas tellement, me répondit-il. Les chefs de Babowa se faisaient des millions du temps où les mines tournaient.
- Où est passé tout cet argent ? demandai-je, curieuse.
- Hors de la région, et même hors du pays, m'expliqua-t-il. Il ne servirait à rien dans des villages où les maisons sont en terre cuite et en paille. Beaucoup d'immeubles dans les grandes villes du pays sont le fruit de cet argent.
- Il faut quand même reconnaître que beaucoup d'exploitants ont tout perdu lorsque des banques de la capitale ont fait faillite dans les années quatre-vingt. L'argent était exclusivement pour les chefs. Les entreprises minières préféraient enrichir une poignée d'individus plutôt que la population, m'expliqua à son tour, Kaba.
- Les chefs n'en avaient-ils pas suffisamment pour redistribuer à leurs sujets ? demandai-je.
- Certainement. Mais il fallait surtout ne pas attirer l'attention du Gouvernement central. La discrétion de ces activités minières permettait d'échapper aux obligations envers l'État et ainsi de maximiser les profits. Les gemmes de Babowa étaient extrêmement rares et donc très précieuses. Concernant l'objet que tu nous as décrit, d'aucuns pensent que c'est un mythe ou une pierre maléfique. D'ailleurs, il vaut mieux éviter de dire à quiconque dans cette région que tu en as entendu parler, me dit-il.
- Compris.
- Il y a un véhicule à nos trousses. Ce n'est pas bon, ça, s'inquiéta mon cousin.
- Quitte la route, comme ça, nous saurons s'ils en ont réellement après nous, suggéra son ami.
- C'est un pick-up et j'aperçois un homme armé à l'arrière. Êtes-vous sûrs qu'ils nous poursuivent ? demandai-je.
- Je ne saurais pas les semer. Je vais prétendre que je suis le fils du gouverneur de la région et que nous sommes ici avec son autorisation. Vous deux, ne mentionnez jamais, ni les pierres précieuses de Babowa, ni Shama, nous conseilla Kaba.
Kaba se gara sur le bord de la route, afin de laisser passer le véhicule qui nous suivait, mais celui-ci s'arrêta derrière nous, au lieu de passer. Deux hommes armés vêtus de noir en descendirent, puis le véhicule se remit en route et nous dépassa, avant d'aller se positionner devant le nôtre, de sorte à nous barrer le passage.
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Le Véhicule Des Vivants, Tome 1
Phiêu lưuLiza découvre dans la valise de sa défunte mère un objet lié au clan disparu des hommes-léopards, les assassins les plus redoutables de leur ère. Commence alors une quête qui éveillera de malveillantes attentions des quatre coins du monde, et soulè...