8. Le Message du Ministre

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En sortant des bâtiments du gouvernorat, Mutis remarqua que nous étions encore à l'intérieur. Il fit signe à son chauffeur de le ramener chez lui, puis de revenir nous chercher. Nous fûmes conduits dans la salle de réunion où se trouvaient déjà deux hommes. L'un était assis à une extrémité de la grande table et l'autre se tenait debout à ses côtés, prenant des notes. Nous prîmes place autour de l'énorme table, saluant de la tête les deux hommes qui paraissaient très occupés. Je reconnus alors celui qui était assis. C'était le jeune homme au gros SUV que j'avais aperçu au commissariat le jour précédent. L'homme qui prenait des notes debout se retira de la salle, peu après que nous nous soyons assis. Kaba, qui visiblement le connaissait bien, le suivit à l'extérieur de la salle.

Je fus, dès lors, seule dans la grande salle avec le jeune homme. Il se tourna alors vers moi.

- Je crois vous avoir déjà vue quelque part, Madame, me dit-il.

- C'est en tout cas la première fois que j'arrive dans ces lieux, lui répondis-je.

- Je crois même que c'était le week-end dernier, à mon arrivée à l'aéroport de la capitale, précisa-t-il.

- J'étais effectivement à cet aéroport le week-end passé, confirmai-je.

- Je suis à présent certain que c'était bel et bien vous. Je m'appelle Éric Mukendi et je suis le ministre régional des mines. Vous pouvez m'appeler Éric.

- Enchantée, Éric. Je m'appelle Liza, me présentai-je. J'accompagne mon oncle, qui a été convoqué par le gouverneur.

- Joli prénom. J'ai remarqué le fils de Monsieur Mutombo à vos côtés, tout à l'heure. Avez-vous aussi été convoquée ? me demanda-t-il.

- Nous sommes venus ensemble, mais je ne sais pas vraiment si j'ai été convoquée, lui rétorquai-je.

- Vous êtes bien la fille qui l'a accompagné à Babowa il y a deux jours ?

- C'est lui qui m'y a accompagné, en réalité. À Babowa se trouve le village natal de mes grands-parents maternels. Étant étudiante en sociologie, je tenais à enquêter sur les habitants de ce village.

- Par conséquent, nous vous avons également convoquée. Mais quelle coïncidence ! Ma mère aussi est originaire de là-bas.

- D'accord. Vous devez donc bien le connaître, dans ce cas ?

- Pas vraiment, malheureusement... Je m'y suis rendu très peu de fois avec mes parents, et c'était il y a longtemps. Mais je connais du monde là-bas. Nous avons peut-être des liens de parenté, vous et moi, dit-il avec un petit sourire.

- J'en doute fort. Plus aucun membre de ma famille n'habite à Babowa, aujourd'hui. Mais j'y ai croisé des personnes très intéressantes, comme par exemple, une femme qui faisait partie des sages de son village.

- Savez-vous que le territoire Babowa fut inhabité autrefois parce qu'infesté de panthères ?

- Oui, des villageois de Bena-Tshitolo me l'ont appris.

- En réalité, des humains commandaient ces panthères, m'expliqua-t-il.

- En êtes-vous sûr ? demandai-je, perplexe.

- Les panthères sont des chasseurs solitaires. De ce fait, il est naturellement impossible qu'autant de ces animaux se retrouvent dans un périmètre aussi restreint. Des chercheurs étrangers se sont même rendus là-bas pour tenter de découvrir ce qu'il s'y passait réellement.

Le Véhicule Des Vivants, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant