TSURUNE [Taiju Shiba x OC]

20 - Cinéma

Le vendredi soir, Yukino quitta le sanctuaire et salua au passage son oncle et sa tante qui regardaient la télévision dans le séjour.

– Je sors, à plus tard ! Bonne soirée !

– Bonne soirée à toi aussi ma chérie ! Dit sa tante. Ne rentre pas trop tard !

Une fois dehors, elle descendit les marches qui menaient à la rue et prit la direction de la gare. Taiju et elle avaient prévu de se retrouver devant la station de Okachimachi, dans le sud de Ueno.

Au début, Taiju avait insisté pour venir la chercher en moto, mais Yukino avait refusé.

– Je ne vais pas passer ma vie à porter des pantalons ou des jupes longues ! Avait-elle protesté. Vendredi, j'ai envie de mettre quelque chose de plus joli, alors je vais prendre le train !

Il avait bruyamment soufflé.

– Le train, c'est chiant et c'est long, avait-il répondu au téléphone.

– Peut-être, lui avait-elle dit. Mais c'est moi qui vais prendre le train alors je ne vois pas de quoi tu te plains.

– Et si jamais tu te fais emmerder ? Lui avait-il rappelé.

– Cette fois, je hurlerai de toutes mes forces !

Un silence était monté du combiné. Durant un instant, Yukino s'était demandé s'il était vraiment contrarié.

Puis elle l'avait entendu étouffer un rire.

– J'aurais envie d'être là juste pour voir ça, avait-il dit.

Finalement, ils étaient tombés d'accord pour se donner rendez-vous sur l'esplanade qui s'étendait devant la gare de Ueno.

Tandis qu'elle était bringuebalée par les secousses du wagon, Yukino surveillait les stations qui défilaient en réfléchissant.

Si jamais le film finit trop tard, se dit-elle, je demanderai à Taiju de me raccompagner. C'est moins gênant si ma jupe se soulève de nuit. Mais est-ce qu'il va penser à prendre un casque pour moi ?

Les attentions qu'il avait eues pour elle lors de leur premier rendez-vous l'avaient touchée, mais Yukino se demandait s'il serait de nouveau aussi prévenant ce soir.

Elle se laissa pensivement aller contre la porte, le regard perdu sur la ville.

Les lumières commençaient à s'allumer une à une au dehors alors même que la nuit n'était pas encore complètement tombée.

La main posée sur le verre, elle remarqua à quel point la ville paraissait lointaine depuis l'intérieur d'un wagon.

Quand on est à moto, songea-t-elle, on a l'impression de faire partie des rues...

Cette façon de filer en toute liberté, battu par le vent, lui plaisait beaucoup, elle avait hâte de recommencer.

Yukino pouffa de rire en réalisant la pensée qui venait de la traverser.

Il a raison, on va faire de moi une vraie racaille !

Une fois calmée, elle se demanda si c'était cela qui l'attirait vers Taiju Shiba, le risque, l'aventure, cet espèce de piment qu'il mettait dans sa vie.

Elle fronça les sourcils.

Est-ce que je suis le genre de filles qui s'amourache d'un garçon juste parce que c'est un bad boy avec des tatouages ?

Jusqu'à cette minute elle aurait dit que non, persuadée d'être une fille réfléchie qui ne se laissait pas dicter sa conduite par ses émotions et capable de voir plus loin que les apparences. Mais tout à coup, elle n'en était plus aussi sûre.