TSURUNE [Taiju Shiba x OC]

1 - Yukino Toma

Sur le quai de la gare de Kyoto, Yukino vérifia qu'elle avait bien son billet de train dans son sac.

Puis elle se dirigea vers sa mère qui se tenait à quelques pas de là.

Cette dernière avait l'air nerveuse et Yukino vint lui prendre les mains.

– Arrête de te faire du mauvais sang maman, dit-elle. Je pars juste étudier à Tokyo, rien de plus.

Sa mère inspira pour se détendre et sourit.

– Je sais, dit-elle, tu as raison. Mais Tokyo est si loin ! C'est une ville si grande ! Et on raconte tellement de choses horribles...

– Choses que tu devrais arrêter d'écouter maman, lui rappela Yukino.

Le journal télévisé aimait terrifier les téléspectateurs avec ses faits divers grossièrement exagérés. Yukino le savait bien.

Le haut-parleur annonça le départ imminent du Shinkansen – le train à grande vitesse japonais – pour Tokyo et Yukino lâcha les mains de sa mère.

– Je t'appelle aussitôt arrivée, dit-elle, et je te donnerai des nouvelles régulièrement, alors ne te fais pas de soucis.

Yukino se dirigea vers le train, sa valise à roulettes derrière elle.

Parvenue à l'intérieur, elle se retourna pour faire un dernier signe à sa mère depuis le sas d'entrée, avant de se diriger vers le wagon où se trouvait sa place.

Un sifflement monta sur le quai et les portes se fermèrent.

À travers la vitre, Yukino vit sa mère lui adresser un sourire un peu crispé et elle lui retourna un petit geste de la main.

Enfin, le train s'ébranla.

Yukino rangea sa valise au-dessus de sa tête avant de s'asseoir.

Elle avait le sourire aux lèvres.

Je quitte Kyoto !

Elle ne se tenait plus de joie.

Il lui avait fallu pas loin de huit mois pour réussir à convaincre ses parents de la laisser partir étudier à Tokyo dans le lycée de son choix, une institution privée réputée, le lycée Ikubunkan, un établissement réservé aux familles aisées, situé dans l'arrondissement de Bunkyō, un des quartiers les plus chers de la capitale.

Je ne vois pas pourquoi ils ont peur, se dit-elle tandis que le train s'éloignait de plus en plus vite vers les faubourgs de la ville, ça n'est pas comme si je partais faire un trekking de plusieurs mois à l'autre bout de la planète ! Je ne serai pas à plus de trois heures de la maison. Je pourrais les appeler tous les jours et même rentrer pendant les vacances scolaires !

Yukino ressentait du soulagement à l'idée de quitter Kyoto et la vie qu'elle y avait toujours menée.

Non qu'elle ait été malheureuse. Au contraire. Sa famille était merveilleuse. Son père, un prêtre shintō aux manières simples et à la voix douce, comme sa mère qui servait dans le même sanctuaire depuis qu'elle avait rencontré son époux des années plus tôt, étaient tous les deux des gens adorables.