TSURUNE [Taiju Shiba x OC]

40 - Styliste

Moins d'une semaine plus tard, Yukino avait convenu d'un rendez-vous avec Mitsuya, le jeune homme qui voulait faire carrière dans la mode et qui avait commencé à concevoir des vêtements sur son temps libre.

– J'ignorais que tu connaissais aussi Hakkai, lui dit-elle tandis qu'ils remontaient l'avenue qui traversait le quartier de Nippori.

L'endroit, situé dans l'arrondissement d'Arakawa, au nord de Tokyo, était réputé pour ses échoppes d'artisans tailleurs et ses boutiques de tissus, de la plus modeste à la plus impressionnante, comme le magasin Tomato, un supermarché de la confection qui occupait un immeuble de cinq étages à lui seul.

– Oui, je le connais bien, répondit Mitsuya. Hakkai et moi, nous faisions partie du même gang, Taiju ne te l'a pas dit ?

Il jeta un œil par-dessus son épaule. 

Taiju marchait derrière eux, les mains dans les poches.

La veille, il avait demandé à Yukino s'il était vraiment nécessaire qu'il vienne.

– Je ne servirai à rien Yuki, lui avait-il dit. Je n'y connais rien en chiffons et je vais me faire chier en plus.

Le regard silencieux qu'elle lui avait lancé l'avait réduit au silence.

– C'est bon, avait-il abdiqué, je viens, mais c'est vraiment pour te faire plaisir.

Elle s'était emparée de son bras.

– J'ai envie de passer du temps avec mon petit ami, lui avait-elle dit. Est-ce si grave que cela ?

À croire qu'elle savait exactement quoi dire pour l'amadouer.

Tous les trois se frayèrent un passage parmi les badauds venus faire des achats. 

La foule se retournait fréquemment sur leur passage, surpris par la haute silhouette de Taiju, mais ni lui, ni les deux autres n'en avait rien à faire.

– Tu voulais donc des costumes ? Reprit Mitsuya.

– Oui, répondit Yukino. Deux dans l'idéal. Je voudrais qu'il ait de quoi être présentable devant mes parents.

Mitsuya leva de nouveau un œil vers Taiju avec un sourire en coin, mais il ne dit rien.

– Je vois, dit-il, pas de problème, en plus ça me fera de la pub. Tu as déjà une idée de la coupe que tu souhaiterais ?

Il avait bien compris que c'était à elle qu'il fallait s'adresser pour ces détails.

– J'aime bien le style italien, dit-elle, mais je pense que ce qui lui ira le mieux, c'est une coupe anglaise. Quant aux costumes américains, on oublie tout de suite : il va ressembler à un gangster et maman ne va pas s'en remettre.

Mitsuya avait de plus en plus de mal à cacher son sourire.

– C'est noté, dit-il. La conception des costumes anglais est très codifiée, alors on trouvera des patrons assez facilement. En plus de ça, ils sont conçus pour des européens qui peuvent être de grande taille, ça tombe bien.