11 - Une valse à trois temps

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La porte de la petite boutique était tellement basse que Taiju dut se pencher pour entrer.

Une fois à l'intérieur, il jeta un œil autour de lui tandis que Yukino se dirigeait vers le comptoir, dans le fond.

L'échoppe était étroite et mal éclairée. Elle ressemblait à un bouge mal famé et l'odeur de renfermé qui y régnait prenait tellement à la gorge que Taiju grimaça une seconde. Il n'arrivait pas à croire que ce genre d'endroits existait encore à deux pas de Akihabara et de ses magasins qui vendaient des objets dernier cri.

Mais qu'est-ce qu'elle vient faire dans un trou pareil ? Elle n'a pas les moyens ou quoi ?

Pourtant Yukino était inscrite à Ikubunkan et ce lycée coûtait les yeux de la tête.

– Bonjour, dit-elle arrivée au comptoir. Je viens de la part de madame Toma. Nous voudrions savoir où en sont les réparations du kotatsu.

Le vieux, assis sur une espèce de tabouret haut, lui jeta un regard mauvais. Il ne semblait clairement pas ravi de la voir. Il écrasa sa cigarette dans le cendrier posé à côté de son coude et ramena un registre vers lui.

Taiju rejoignit Yukino.

Pendant un instant, seul le bruit des pages emplit le silence. L'ombre que la haute silhouette de Taiju avait fait tomber sur le comptoir avait fait lever la tête un instant au vieil homme, mais il s'en était aussitôt désintéressé.

– Pas avant la semaine prochaine, dit-il enfin. Le constructeur n'avait plus la pièce en stock.

–Je vois, dit Yukino. Et vous pensez que la réparation coûtera le prix convenu ?

Le vieux claqua de la langue. Il paraissait irrité par ses questions.

Qu'est-ce que c'était que cette attitude, se demanda Taiju. Il espérait attirer des clients dans son gourbi comme ça ?

Il serra les poings, à deux doigts d'intervenir.

C'est pas mes affaires... Se raisonna-t-il.

– Je sais pas, grommela le vieux bonhomme. J'attends la pièce. Je verrai ensuite si votre machin n'a pas d'autres problèmes.

Yukino sourit.

– Très bien, je comprends, dit-elle. Dans ce cas je dirai à ma tante que nous en saurons plus la semaine prochaine.

Taiju n'y comprenait rien. Pourquoi souriait-elle comme ça ? Ce vieux débris était en train de se foutre d'elle et elle ne paraissait même pas s'en rendre compte.

Cette fille ne s'énerve jamais ou quoi ?

Tous les deux ressortirent et, une fois sur le trottoir, il s'immobilisa.

Est-ce qu'il devait s'en mêler ?

Il hésita en regardant la boutique derrière eux.

– Ce mec se fout de vous, dit-il enfin.

– Ah oui ? Répondit Yukino en levant les yeux vers lui.

– Ouais, reprit Taiju toujours sans la regarder. Il n'y a qu'à voir la tête qu'il a faite quand tu lui as demandé combien ça allait coûter. Il veut vous escroquer.

– Vraiment ?

Yukino ne s'était pas départie de son sourire. La situation semblait beaucoup l'amuser.

– Oui, poursuivit Taiju. Il va sûrement vous dire que la pièce n'est plus disponible ou bien qu'elle est beaucoup plus chère que prévu, un truc comme ça...

TSURUNE [Taiju Shiba x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant