TSURUNE [Taiju Shiba x OC]

37 - Le Grand Bleu

Yukino s'installa sur le canapé tandis que Taiju glissait le DVD dans le lecteur.

Il la rejoignit, s'assit à côté d'elle et lança le film, la télécommande en main.

– C'est la version longue, lui apprit-il, elle dure presque trois heures, tu es sûre que c'est celui-là que tu veux voir ?

Elle ramena ses pieds sous elle et se blottit contre lui.

– Oui, répondit-elle sans quitter l'écran des yeux.

Elle avait envie de découvrir ces choses qu'il aimait et qui le faisaient vibrer.

L'écran grésilla, il vira au noir, puis une tache bleue grandit au centre jusqu'à l'envahir complètement. Deux enfants apparurent, pieds nus au milieu des rochers qui bordaient une plage de méditerranée, et Taiju passa un bras autour de ses épaules.

Dehors, la pluie continuait à tomber, mais Yukino ne l'entendait plus. Toute son attention était concentrée sur l'écran.

L'acteur qui jouait Jacques Mayol – Jean-Marc Barr – était d'une stature bien moins impressionnante que celle de son rival interprété par Jean Reno. Pourtant il se dégageait de son personnage une prestance presque effrayante. Comme s'il n'était pas vraiment de ce monde.

C'est un acteur incroyable... Songea-t-elle.

Les images étaient toutes magnifiques. On sentait que le réalisateur n'avait rien laissé au hasard. Les plans subaquatiques surtout, étaient à couper le souffle et Yukino se surprit plus d'une fois à retenir sa respiration avec le sentiment d'être auprès des plongeurs.

Paradoxalement, c'était les scènes qui se déroulaient à l'air libre, en ville notamment, qui étaient les plus oppressantes. Les bruits, les couleurs, l'agitation, tout semblait calculé pour donner une impression d'angoisse et de lourdeur.

Sans doute pour rendre les scènes sous-marines encore plus légères...

Cette vision était celle de Mayol, comprit-elle, un homme attiré par les profondeurs plus que de raison.

Yukino avait une idée assez précise de la façon dont l'histoire allait se terminer et elle se blottit un peu plus contre Taiju.

De temps en temps, elle leva les yeux vers son visage, mais il avait le regard rivé sur l'écran et une expression intense sur les traits.

Elle n'avait pas besoin de lui demander à quel personnage il s'identifiait. La tension qui traversait son corps chaque fois que Jacques Mayol plongeait, répondait pour lui.

Cet amour des grands espaces, cette admiration pour les créatures marines, puissantes et impitoyables, tout cela, c'était des choses qu'il comprenait.

Lorsqu'à la fin du film, Mayol se laissa sombrer dans les abysses en compagnie d'un dauphin, Yukino sentit le bras de Taiju se resserrer autour de ses épaules. Avant de plonger, la compagne de l'apnéiste lui avait révélé qu'elle était enceinte, mais cela n'avait pas suffi à le retenir.

Le générique commença à défiler sur l'écran et tous les deux restèrent là, silencieux, comme hypnotisés.

– Ça t'a plu ? Murmura finalement Taiju.

– Oui, beaucoup, répondit Yukino. C'était vraiment magnifique... Je comprends que tu aimes ce film.

Elle leva le visage vers lui et les prunelles ambrées de Taiju plongèrent dans les siennes.

Le temps parut un instant suspendre son vol entre eux, puis Taiju vint prendre sa joue et leurs lèvres se rejoignirent.

Il les effleura d'abord de baisers à peine esquissés avant de s'emparer de sa bouche avec douceur. Yukino aimait le contact de ses lèvres sur les siennes, ses baisers un peu rudes et pourtant empreints de tendresse. Elle avait l'impression qu'elle ne pourrait jamais s'en passer.