TSURUNE [Taiju Shiba x OC]

22 - Miko

Yukino regarda la moto de Taiju s'éloigner dans le jour naissant. Une foule de pensées se pressait dans sa tête.

Je t'aime Yuki.

Elle effleura ses lèvres du bout des doigts.

Yuki... ?

Elle étouffa un rire. Personne ne l'avait jamais appelé comme ça avant. Même ses parents préféraient Yukino chan.

Va pour Yuki, se dit-elle en reprenant le chemin du sanctuaire, une vague chaude au creux de la poitrine.

Taiju accéléra et le vent frais de l'aube qui lui fouettait le visage, lui rendit un peu ses esprits.

Je l'aime...

Il n'avait aucun doute, il était fou de cette fille. Il pensait à elle nuit et jour, chacun de ses sourires, chacun de ses gestes lui faisait manquer un battement de cœur et lorsqu'il la quittait, c'était comme si c'était un bout de lui qu'il laissait en arrière.

Oui, ajouta-t-il pour lui-même, mais je sais comment finissent les gens que j'aime...

Les visages tuméfiés de Yuzuha et de Hakkai revinrent flotter devant ses yeux et une bile amère lui brûla la gorge.

L'autre chose dont il était certain, c'est que les gens pour lesquels il avait des sentiments aussi forts feraient mieux de se tenir loin de lui.

Parvenue en haut des marches, Yukino s'arrêta pour regarder le soleil qui se levait lentement au-dessus du toit du sanctuaire. Dans quelques heures, cet endroit serait plein de monde, mais pour l'heure, il n'appartenait qu'à elle.

Le calme des lieux toutefois contrastait avec le feu qui avait embrasé son cœur.

Elle porta la main à sa poitrine et sourit.

Un peu plus tôt, elle n'avait pas donné de réponse à Taiju, surtout parce qu'il ne lui en avait pas laissé le temps. Aussitôt après lui avoir dit qu'il l'aimait, il était parti en faisant rugir son moteur et il l'avait laissée là, sur le trottoir, stupéfaite par sa déclaration.

Mais moi aussi je l'aime, j'en suis sûre.

Elle se remit en marche vers les bâtiments.

– Quoi qu'il en soit, dit-elle tout haut, je ferais bien d'aller me coucher tout de suite, la journée va être dure !

Deux heures plus tard seulement, le réveil de Yukino sonna et elle le regarda d'un œil hébété.

Déjà... ?

Elle s'extirpa de son lit en titubant et rejoignit la salle de bain, au bout du couloir.

Il va me falloir une douche glacée si je veux me réveiller.

Contrairement au sanctuaire dont les bâtiments étaient anciens et dataient pour la plupart de l'ère Edo, la maison dans laquelle vivait la famille de Yukino était une villa moderne située le flanc des lieux saints. Ils y disposaient de chambres à l'occidental et de tout le confort moderne, comme des sanitaires à la japonaise. Les vieilles familles aimaient un certain niveau de vie.

Une fois apprêtée – elle avait enfilé le hakui blanc et le pantalon hibakama rouge des miko avant de nouer ses cheveux en queue de cheval – Yukino rejoignit sa tante pour les premières tâches de la journée.