Chapitre 1 : la rencontre

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~Anna

Il est huit heures du matin, je viens de me réveiller et ma chanson préférée passe à la radio. J'ai rendez vous avec ma meilleure amie que je n'ai pas vue depuis plusieurs années. Que demander de mieux ? J'ai le sentiment que je vais passer une merveilleuse journée.
Je chantonne en versant mes céréales habituels dans mon bol. Je regarde par la fenêtre : le ciel est beau et dégagé et le soleil brille malgré l'heure. Cette journée s'annonce parfaite.

Une fois mon petit déjeuner prit, je me dirige vers la salle de bain. Ma salle de bain est la pièce que je préfère dans mon petit appartement. Je le partage avec ma colocataire, Ambre, mais elle travaille, aujourd'hui. Ambre est une fille extraordinaire qui m'a accueillie dans cette nouvelle ville qui m'étais inconnue, et je ne l'en remercierai jamais assez. C'est une fille en or qui m'a accompagnée dans mes projets, et c'est le genre de fille à fêter la moindre petite victoire.

L'année dernière, j'ai publié mon premier roman. J'ai passé deux ans acharnés à l'écrire, et j'en suis très fière, il m'a rapporté beaucoup d'argent. Du moins, assez pour convaincre ma mère et ma sœur que je n'avais pas forcément besoin de toutes ces études idiotes de médecine pour gagner ma vie correctement.
Cependant, l'argent a commencé à manquer, et j'ai été forcée de trouver un nouveau travail à mi-temps, pour pouvoir consacrer du temps à écrire un nouveau livre. J'ai donc été embauchée dans une librairie non loin de chez moi, et ça me plaît vraiment, de vivre au milieu de tout ces livres. Je me sens enfin vivante, en liberté.

Je m'observe quelques minutes dans mon miroir. J'ai une mine affreuse. J'essaye de m'entretenir comme je le peux, mais je me demande comment toutes ces filles aux peaux parfaites font. Je réunis mes cheveux en une queue de cheval haute, pigmente mon visage d'un peu de fard à joue, relève mes cils avec du mascara, applique du baume à lèvres, et voilà, je suis fin prête. Je n'aime pas être trop maquillée, mais j'adore rajouter quelques détails qui font toute la différence. Je me dépêche de me vêtir, et je pars en vérifiant plusieurs fois que j'ai bien fermé à clefs mon appartement. L'année dernière, Ava, la voisine du dessous, s'est fait cambriolée, alors je veille toujours à fermer la porte à clefs, au cas où.

Lorsque je sors a l'extérieur, une légère brise me chatouille le visage. Je commence à marcher en savourant la douce météo. C'est agréable.

Je marche tranquillement en réfléchissant à ce que je pourrais faire cet après-midi, lorsque j'entends une voix m'interpeller. Je me retourne, et, un touriste —où ce qui me semble en être un— me demande le chemin pour aller au Golden Coffee, le café ou j'ai justement rendez-vous avec ma meilleure amie. Aimablement, je lui propose de l'y emmener, puisque c'est là où je vais. Il accepte dans un sourire et me suis sans rien dire. Je jette un coup d'œil dans sa direction, et il me semble qu'il vient de détourner le regard. Il me regardait ?

Nous marchons encore quelques mètres silencieusement, sans que l'un de nous ne daignent adresser la parole à l'autre, puis je le lance.

- Alors... commençai-je tandis il tourne la tête dans ma direction, étonné. D'où venez vous ? Je ne vous ai jamais vu ici.
- Oh... j'ai rendez vous avec un ami de longue date. J'habite en, enfin, je... je suis anglais.
- Oh ! lâchai-je en hoquetant de surprise. Il parle drôlement bien français, pour un Anglais, mais c'est vrai que maintenant qu'il me le dit, je reconnais un peu l'accent britannique dans sa voix.
- Et...vous ? me demande-t-il.
- J'ai rendez vous avec une amie aussi, lui répondis-je en souriant.

C'est alors que je me mets à penser à elle, et le stress revient. Alice est ma meilleure amie depuis l'école maternelle, et c'est comme ma sœur. Je passais mes étés avec sa famille, et toutes nos vacances aussi, on les passait ensemble, ainsi que les week-ends, et parfois même les soirs après l'école. Nous étions voisines, ce qui facilitait grandement la tâche. Nous avons toujours été dans la même classe. Nous étions fusionnelles et rien ni personne ne pouvait nous séparer. Ou plutôt si : en terminale, elle s'est rapproché d'un garçon, Arthur, et m'a « abandonnée » pour ce garçon. Depuis toutes petites, nous rêvions d'aller à l'université de Paris-Saclay pour étudier la littérature. Mais ce garçon, Arthur donc, il voulait faire ses études à Marseille, et Alice a voulu le suivre. Elle m'a laissé tomber pour un simple mec. Je lui en ai voulu, énormément. Ça m'a rendu triste, et j'ai perdu le goût de vivre. Déjà que ma vie était compliquée à la maison, je perdais la seule personne qui me restais. Je me demandais qu'avais-je fais pour qu'elle me fasse ça. J'étais même désespérée au point d'accepter d'aller à l'école de médecine à laquelle ma mère voulait que j'aille. Plus tard, j'ai appris qu'Arthur était en fait un manipulateur, qu'il couchait avec d'autres filles en secret, et qu'il était même très violent avec Alice. Il avait des troubles mentaux... évidemment, ça a détruit ma meilleure amie, et moi par la même occasion. Je me suis juré, ce jour-là, de ne jamais tomber amoureuse. Peu de temps après cette rupture difficile, Alice est revenue dans notre village d'enfance pour vivre avec ses parents, le temps du choc. Moi, entre temps, j'ai arrêté les études de médecine pour me consacrer à fond dans l'écriture. Et, nous sommes aujourd'hui, et je suis heureuse, malgré le fait que j'ai peur de revoir cette fille qui comptait tellement à mes yeux dans le passé. Je me demande si nous allons réussir à rattraper le temps qui s'est écoulé sans se voir. Nous avons chacune beaucoup changé, je n'en doute pas...

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant