Chapitre 6 : rapprochements et éloignements

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~Anna, deux semaines plus tard.

- Merci.

J'ai réussi à reprendre des forces. Je ne peux pas courir, et essayer au maximum de ne pas faire battre mon cœur vite. Ambre et Lewen sont restés avec moi et m'ont soutenus tout le long de cette épreuve.
En réfléchissant, ils sont vraiment mignon ensemble... même si, il y a toujours cette part de jalousie malsaine en moi, qui voudra avoir Lewen pour moi toute seule et qu'aucunes autres filles ne l'approche. Et puis, après tout... il m'a donné un surnom.
Anna, ressaisis-toi.
Non, comme je le disais, ils sont très mignons. Je suis quand même contente de voir mon amie s'épanouir avec un garçon.
Je me demande quand même si ils se sont déjà embrassés. En tout cas, jamais devant moi. Et s'ils avaient déjà fait l'amour ?

Je reprends mes esprit et vois Ambre me fixer bizarrement. Elle prend la main de son copain et l'entraîne à sa suite hors de ma chambre. Je soupire, exaspérée.
Mon téléphone se met à vibrer sur ma table. Persuadée que c'est un docteur, je décroche aussitôt.

- Allô ?
- Heu... salut.
- Marie ?! Qu'est-ce que...
- Attends, Anna. Avant de me crier dessus... il faut que je te dise un truc.
- Je t'en pris, lâchai-je sarcastiquement. Putain, il fallait que ça soit elle.
- Tu sais, depuis que tu es partie... et que papa a disparu, c'est plus pareil. Maman avait réussi à trouver un nouveau copain, et je pensais qu'il l'a rendait heureuse, mais en fait il l'a trompait chaque jour, et puis du coup-
- Abrèges, Marie.
- Oui, pardon. On a besoin d'argent. Anna, nous avons...
- Non. Marie, j'arrive à peine à payer mon loyer, comment veux tu que je...?
- Mais Anna, tu vas vraiment laisser ta sœur et ta mère dans cette situation ? Tu es vraiment égoïste.

Égoïste, égoïste, égoïste.

- Marie, non...
- Si, Anna ! Ta propre mère ! Ta sœur !
- Pourtant, vous n'avez rien fait quand...
- Quand quoi ? Tu sais très bien qu'à ce moment là maman avait des problèmes avec papa, et puis tu ne peux pas continuer à nous fuir de la sorte.
- Si, et c'est ce que je vais faire.
- Anna, non, atte-
BIP.

Et je me mets à pleurer, mes larmes intarissables coulant à flot le long de mes joues, de mon cou, de mon teeshirt, allant même jusqu'à mes draps. Noyée dans un océan de larmes, je continue à me répéter ces mots. Égoïste, égoïste, égoïste. On m'a toujours répété ce mot en boucle. À l'école, à la maison.
On me disait que je ne pensais qu'à moi. Que je m'inventais des problèmes. Que j'étais une menteuse. Une menteuse égoïste.

Alors je tente d'extérioriser tout ça en pleurant encore et encore, en me disant que tout est de ma faute et que je ne mérites rien ni personne, je suis prise dans une colère sans nom. Je vois rouge et je frappe tout ce qui me tombe sous la main, et hurle. Je m'étouffe dans mes sanglots et mon cœur bat vite, trop vite. Je dois me calmer mais je n'y parviens pas. Je fracasse mon bureau, mon miroir, tout dans cette pièce. Je sais que les risques sont forts en continuant, mais ma rage est telle que je continue à mort. Subitement, je me stoppe, les poings serrés, les jointures en sang, les joues rouges et trempées, et je m'écroule de douleur.
Je n'entends pas Lewen entrer. J'ai terriblement honte qu'il me voit dans cet état, qu'il voit que je n'ai pas réussi à me contrôler. Que je suis faible.

Je m'attendais à ce qu'il se moque de moi, ou prenne peur de vivre avec une folle pareille, mais au contraire. Il s'accroupit et passe ses bras fermement autour de mes épaules et sous mes cuisses pour me porter dans mon lit. Il dépose ensuite une compresse froide sur mon front, s'assoit au bord de mon lit et me prend la main. Lentement, il dessine des cercles sur ma paume avec son pouce, un geste étrangement réconfortant. Il ne pipe un mot, mais il m'apaise petit à petit. Je me demande ce que j'ai fait pour mériter tout ça, et je pleure de plus belle. Alors Lewen s'approche doucement et enroule un bras autour de mes épaules, l'autre tenant toujours ma main, et me laisse reposer ma tête sur son épaule. Épaule qui ne tarde pas à finir trempée par mes larmes.

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant