Chapitre 4 : surprise

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~Lewen

Je lui ai menti. Et je m'en veux. Terriblement.
La vérité, c'est que j'avais très envie de l'embrasser, l'autre soir. Je pensais qu'elle aussi, je pensais que c'était le bon moment, qu'elle m'avait dit qu'elle me détestait pour me faire réagir...

Je regrette d'avoir eu cette envie soudaine de poser mes lèvres sur les siennes. Tout ce que j'ai récolté, c'est une crise d'angoisse de sa part et de la culpabilité pour moi.
En plus, je vais rester chez elle pendant une durée indéterminée. Je me déteste. J'espère qu'elle n'a pas trouvé louche que je lui ai dit que je voulais lui dire d'aller se recoucher. Pourquoi je me serais approché autant, sinon ?

Je ne sais pas ce qu'elle a vécu, mais ça doit être des choses que j'ose à peine imaginer. J'ai vu tellement de terreur et de haine dans ses yeux... je me suis vite éloigné quand elle a commencé à pleurer et à trembler comme une feuille, mais elle ne s'en est pas rendu compte.

Et puis, quand elle a perdu connaissance...

Je suis resté avec elle. Pendant au moins trois ou quatre heures. Je ne parvenais évidemment pas à trouver le sommeil, et je n'allais pas me permettre de me coucher avec elle dans son lit, ou de la laisser toute seule. Alors je suis resté éveillé sur une chaise en la regardant dormir. Jusqu'au moment où elle a commencé à s'agiter, et puis, elle respirais en poussant des râles profonds... j'ai eu si peur. Mais, quand elle m'a serré la main, j'étais rassuré. Elle était certainement face à ses démons, mais elle était présente. Je suis resté avec elle le temps que ça aille mieux, mais c'était déjà sept ou huit heures du matin. Alors je suis parti.
Ce qui est vraiment étrange... c'est qu'elle ne se souvenait de rien, à son réveil. Rien du tout.

Plusieurs heures sont passées depuis son réveil, et pourtant, je ne pense qu'à ça. Qu'à elle. Et dire que je vais rester chez elle... j'ai de la chance que son canapé soit plutôt confortable, et puis, comparé aux cartons sur lesquels je dormais dans la rue, c'est un luxe.

Je me lève, bien décidé à aller parler à Anna. Elle est dans sa chambre depuis ce matin. Je suis parti lorsque j'ai compris qu'elle n'avait plus besoin de moi, et depuis, aucunes nouvelles d'elle.

Je frappe doucement à sa porte. Aucune réponse. Je commence à m'inquiéter pour elle, vraiment. Je toque avec plus d'insistance mais personne ne répond. Alors je décide d'ouvrir la porte. Et je comprends. Elle est affalée sur son lit, un filet de bave coulant le long de son menton. Dégoûtant. Sa tête n'est pas pas sur son oreiller, comme si elle s'était écroulée de fatigue. Je lui cale tant bien que mal son coussin sous sa tête en essayant de ne pas la réveiller, et fais glisser la couverture sur elle.
Et puis, enfin, je dépose un léger baiser sur son front. Je lui chuchote de bien dormir, et sors en fermant la porte. Il est bientôt treize heures, et l'autre folle n'est pas encore levée.

Je m'installe à la table de la salle à manger en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire. Ce serait malpoli d'allumer la télé, mais...

- Bonjour, mon amour !

Je jure en soupirant avant de me tourner vers Ambre avec un grand sourire.

- Hé.
- Ça va ? me demande la glue en s'approchant de moi. Je lui réponds froidement et elle se penche vers moi pour tenter de déposer un baiser sur mes lèvres. Heureusement, j'ai le réflexe de tourner la tête. Beurk. Elle rigole, à l'évidence très peu affectée par mon rejet et le dégoût qui, j'en suis sûr, se lit sur mon visage. Je m'empresse de reprendre mon expression neutre que je peine à maîtriser depuis que j'ai rencontré Anna, et la regarde préparer son petit déjeuner, alors qu'on approche des quatorze heures. Elle est exaspérante.

- Que fait Anna ?
- Elle dort.
- Quoi, mais elle a fait la fête toute la nuit ou quoi ? ricane-t-elle. Je serre les dents.
- Tu viens à peine de te lever, alors ferme-la un peu, tu veux.
- OK, si tu veux te la jouer comme ça, bébé.

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant