Chapitre 10 : frères et sœurs

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~ Anna

Je n'ai plus revu Lewen. Et... une partie de moi, aussi infime soit-elle, affirme qu'il me manque. Ce qui est faux. Enfin... je crois. Les sensations qui me hantent sont tellement contradictoires que je ne sais plus quoi penser. Je n'ai pas encore revu Ambre, elle est chez ses parents pour un mois. J'espère qu'elle va bien. Je suis allée voir un médecin qui m'a donné deux semaines de congés maladies pour que je puisse me remettre de ma blessure par balle mais aussi des traumatismes mentaux que la fusillade et mon enlèvement a créée en moi. Désormais, je sursaute à chaque bruit un peu brusque, et ne parlons pas des briquets. Je ne veux pas en entendre parler. Le docteur affirme que la cicatrice partira dans quelques mois, mais je sais qu'elle restera indélébile dans mon esprit.

Deux semaines plus tard, donc, je retourne au travail, avec une certaine appréhension. Je me demande si ma cheffe est au courant de la raison de mon absence, ou si le médecin lui a dit la vérité (car il s'est chargé de l'appeler à ma place, je ne sais pas pourquoi).

N'empêche, cette histoire m'a beaucoup inspirée par rapport à mon roman. J'ai avancé énormément en deux semaines par rapport à ce que je fais d'habitude.
Lorsque j'entre dans la librairie, j'aperçois ma patronne en pleine conversation avec un client. Je le salue quand on se croise et vais à la rencontre de Lina.

- Oh, Seigneur ! Anna, comment vas-tu ? Ton médecin m'a appelé, il...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'elle fond dans mes bras. Non habituée aux contacts physiques comme ça, je lui tapote maladroitement le dos, ne sachant pas quoi faire d'autre.

- Tu es courageuse de reprendre le travail après tout ça, me souffle ma supérieure, encore émue.
- Ça va mieux... et puis je pense que ça va me distraire, dis-je en souriant.

Aussitôt, je commence à travailler. Mes collègues ont prit du retard sans moi, alors je m'attaque directement à la tâche la plus chiante : récupérer les colis de nouveaux livres, les ouvrir, les trier, les mettre sur les étagères à des endroits stratégiques. Nous sommes à deux avec Zoé, la stagiaire, et nous passons la journée entière à réaliser toutes ces tâches. Une bonne chose de faite !

Le soir, je rentre chez moi, épuisée. Ce qui se passe en ce moment est juste... fou. Ma vie a déraillée, complètement. Déjà qu'elle était dure à vivre, maintenant...

Je ne fais que penser à ma mère, et ne peux m'empêcher de me dire qu'elles sont peut-être en difficulté, avec ma sœur, par ma faute en plus... parce que je n'ai pas assez d'argent, parce que je n'ai pas les moyens de lui en donner...

Je me pose devant un film, quand on frappe soudainement à la porte. Bizarre... je n'attends personne.
J'ouvre la porte, et... surprise. J'écarquille les yeux, ébahie, et bégaye :

- Qu'est-ce... Marie !? Mais...
- Anna, s'il-te-plaît. J'ai fais de la route pour venir, laisses moi entrer...
- Oh, euh, oui oui bien sûr, entres... dis-je en me poussant pour laisser ma putain de soeur rentrer. Je ferme la porte derrière elle et lui sert à boire. Je sais très bien ce qu'elle va me demander, je pensais justement à elle tout à l'heure. Quelle ironie, vraiment.

- Anna...
- Quoi, Marie ? Tu as besoin d'argent ? Je n'en ai pas. Tu veux que je reviennes parce que tu n'es plus la fille préférée ? Non, merci, je lâche d'une traite en évitant de la regarder dans les yeux, pour ne pas voir ses larmes et qu'elle ne puisse pas voir les miennes aux coins de mes yeux.
- Anna, c'est... je ne vais vraiment pas bien, en ce moment. Papa est parti... ça, j'ai à peu près réussi à tourner la page, c'est vrai qu'il était pas un père exemplaire...

Ben voyons.

- Et donc ?
- Et, après tu es partie. Il est là le problème. Depuis que t'es plus à la maison, maman... a recommencé à boire de l'alcool. Et... à redevenir violente. Avec moi. Anna, j'ai besoin de ton aide...

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant