Chapitre 16 : enchères

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~ Anna

- Alors ? je demande lorsque Daisy, ma nouvelle amie, entre dans la pièce accompagnée de deux colosses. Elle relève la tête vers moi, et je vois qu'elle pleure à chaudes larmes. Elle s'effondre sur le canapé, et je la prends dans mes bras.
- Anna, il... hoquète-elle.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Il était là... Je l'ai vu... Mon fiancé... Il m'a regardé mais n'a pas enchéri du tout... Anna, je suis fichue, je vais mourir dans les bras d'un homme que je ne connais pas...
- Chut, c'est fini. On va trouver une solution, je te le promets.
- C'est... Inhumain de vendre des femmes comme ça... pleure mon amie.

Je lui caresse le dos mais ne réponds rien. Oui, c'est totalement inhumain, totalement d'accord.

- Anna, à ton tour ! Bouges-toi ! me hurle un homme. J'embrasse Daisy sur le front dans une vaine tentative d'apaisement et me lève, tremblante, pour rejoindre Nate, l'homme tatoué qui m'a enlevé.

Lorsqu'il m'a kidnappée, je me suis réveillée dans une chambre en compagnie de douze autres filles. J'ai sympathisé avec la rousse car elle était la seule à parler à peu près français. Nous avons un peu la même histoire, alors nous nous sommes comprises. Son fiancé est un fils de mafieux, et le père de celui-ci l'a kidnappée pour faire un point de pression sur son fils. Elle ne m'en a pas dit plus, mais je pense que ces mois passés dans une cellule ont du la faire énormément souffrir, car elle est blessée, et pas que physiquement. Elle attend que son prince Charmant vienne la sauver, mais... De ce qu'elle me dit, il n'a rien fait pour l'aider, lors de la « vente » si on peut appeler ça comme ça.
Quant à moi, j'ai été mêlée plusieurs fois aux problèmes de mafieux à cause de celui que j'aime, et j'ose espérer qu'il sera là, dans la salle, et qu'il me sauvera. Même si j'en doute, étant donné qu'il est je ne sais où, torturé loin de moi. De plus, après la déception de Daisy, j'ai peur d'être déçue aussi si j'en attends trop. Mais... L'espoir ne veux pas partir.
Il y aussi le fait que je vais me retrouver devant une armée d'hommes , et j'ai peur que l'on ne m'achète pour mon corps, même si c'est horrible de dire ça. J'ai peur qu'on me viole à nouveau, j'ai peur... J'ai peur des hommes, oui, c'est un fait.

-... ANNA ! hurle Robert, le commissaire-présentateur-je-ne-sais-quoi. Je reste figée devant le rideau mais Nate me pousse en avant et je me retrouve sur la scène, les projecteurs m'aveuglant presque. Je m'avance de mes pas hésitants et reste figée devant l'assemblée qui me fixent de leurs regards insistants, qui me reluquent de haut en bas pour « mesurer mon potentiel ». Je cherche du regard Lewen, en espérant fortement qu'il est parmi eux et qu'il va me sortir de ce cauchemar.
- Alors ? Personne pour cette belle blonde ? demande Robert en attrapant une mèche de mes cheveux entre ses doigts rugueux. Elle est française, en plus, rajoute-il pour susciter l'attention des spectateurs.

C'est alors que les hommes commencent à lever leur pancarte, enchérissant sur moi de plus en plus. Paniquée, je parcours pour la millième fois la salle du regard ; et enfin, je le vois : la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, les joues trempées de larmes, il me fixe des ses yeux émeraudes, sans y croire. J'attends qu'il lève sa pancarte, qu'il fasse quelque chose, mais il ne bouge pas d'un millimètre. Alors je me mets à pleurer, les larmes dévalant silencieusement mes joues, alors qu'ils continuent d'enchérir sur moi. Il va rester planté là, à me regarder combien de temps ? Il va me laisser entre les mains sales d'un autre homme ? C'est un véritable cauchemar. Il est mon seul espoir, et voilà qu'il m'ignore et fait comme si je ne suis pas là, sur cette scène, en train d'être vendue à des personnes malsaines, qui sûrement ne sauront pas prendre soin de moi. Mes larmes continuent de couler dans un silence absolu tandis que nous nous fixons du regard, moi le suppliant de me sauver, et lui, même s'il paraît choqué, restant indifférent.

Je ne l'ai pas souvent vu pleurer, à l'exception de cette fois, chez moi, mais il se cachait. Aujourd'hui, je le vois très bien. Même s'il est loin dans la foule, je vois ses joues mouillées et ses yeux rougis. Je vois ses lèvres sèches et son arcade blessée. Et même comme ça, il reste magnifique. Et puis je me rappelle qu'il a été kidnappé, et que ça m'étonnerai qu'il ai réussi à fuir pour venir ici, étant donné le choc visible sur son visage. Je dirais plutôt que ses ravisseurs sont là, dans la même pièce que nous, éparpillés au milieu des mafieux.

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant