Chapitre 12 : déclaration

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~Lewen

Je m'ennuie à mourir. Moi qui pensais que cette soirée serait mouvementée, que nenni. Moi qui pensait que ça allait finir en pleurs, cris, meurtres et tout ce qui va avec, ben... non. C'est une soirée banale : des strip-teaseuses qui se déhanchent sur les barres de pole dance, des gens qui boivent peut-être trop, des cousins cousines qui s'embrassent dans un coin comme s'ils ne faisaient pas partie de la même famille, ceux-ci qui baisent aussi dans les toilettes si fort qu'on entend parfois des gémissements...

Mais ce que je vois, moi c'est surtout une belle bande d'hypocrites qui font semblant que tout va bien, qu'on est une famille soudée. Peut-être qu'ils ne font pas semblant, mais ça m'étonnerait que la moitié d'entre eux arrivent à supporte tante Adeline...

Cependant, d'une certaine façon, je les jalouse. Oui, je leur en veux énormément, je les hais. Parce qu'eux n'ont pas tant de problèmes. Parce que moi, contrairement à eux, j'en ai beaucoup trop pour mon âge. Parce que moi j'ai des choix à faire que je n'arrive pas à assumer. Parce que j'ai des responsabilités. Parce qu'eux, même s'ils ne s'aiment pas, ne sont pas des ennemis. Tout le monde ici me voit comme un ennemi, ou presque.

C'est pourquoi je suis seul, un verre à la main, en train d'observer ce chaos étrangement calme. Une symphonie de gens malveillants et hypocrites qui parlent gentiment pour ensuite critiquer. L'atmosphère paraît détendue, mais elle est tout le contraire.

D'ailleurs, je n'ai pas encore vu mon père. Étrange, étant donné qu'il ne rate pas une seule de ses soirées, d'autant plus que celle-ci se déroule dans sa propre maison. Quoique, il est peut être en train de défoncer le cul à une cousine à peine majeure.

Je cherche du regard mes frères et sœurs, maintenant. Amelia est là, avec son lourdeau de mari, mon frère inutile aussi, mais... pas Archie, étrangement. Lui qui flâne pourtant avec une femme différente au bras à chaque fois. Peut-être que personne n'a voulu l'accompagner et qu'il n'assume pas de venir seul ?

Je sirote nonchalamment mon champagne en regardant une femme glisser du poison dans le verre de son mari —pauvre homme— et saluer les quelques personnes qui ont le courage de le faire, quand soudain la porte de la salle de fête s'ouvre avec fracas : c'est un nouvel invité qui veut apparement faire une entrée dont tout le monde se souviendra. Or, je ne connais qu'une seule personne capable de tout pour impressionner le monde : Archie. Je grogne et décide de me lever pour rejoindre le rassemblement qui s'est créé autour de mon frère.

- C'est qui, la femme à côté de lui ?
- Elle est vachement belle, regardes ! murmurent des gens de part et autre de moi. Intrigué pour de bon, je bouscule les gens pour pouvoir avoir une chance d'apercevoir la femme qui accompagne mon très cher frère, et vu que tout le monde me craint, la foule s'écarte sur mon passage. C'est alors que je les vois, enfin. Et... mon cœur rate un battement. Comment..?

Car la femme qui accompagne mon frère n'est autre qu'une jolie blonde que je ne connais que trop bien : Anna. Bordel, que vient-elle faire ici ! Solidement accrochée au bras de mon frère, elle salue les personnes qu'elle croise sans un regard pour moi. Pourtant, je sais qu'elle m'a vu. Je l'ai senti.

Pourquoi... comment... plein de questions se bousculent dans ma tête. La bouche grande ouverte, je suis chacun de ses mouvements. Sa robe en satin noire sans manches la moule plus que jamais, faisant ressortir les courbes harmonieuses de son corps de déesse, ses cheveux dorés sont relâchés et assidûment bouclés et son rouge à lèvre rouge sang lui donne encore plus un aspect de « femme fatale ». Je glisse mon regard vers ses mains : elle tient une pochette argentée, ses doigts fins sont rehaussés de quelques bagues et ses longs ongles sont peints du même rouge que ses lèvres. Je descends encore plus bas et suit la fente de sa robe qui part de sa cuisse jusque ses chevilles. Ses talons aiguilles argentés tintent délicieusement sur le sol, et je ne peux m'empêcher de contempler sa beauté sans pareille.

Le soleil éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant