Renaissance

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Les étoiles étaient venues se réfugier dans les yeux de Cleena, émerveillée par ce qu'était le ciel. Les livres ne mentaient pas, c'était d'une beauté à couper le souffle. Le vent lui caressa le visage et fit flotter ses cheveux. La jeune fille frissonna. 

Dans le monde souterrain, il faisait une chaleur presque étouffante à laquelle elle s'était habituée. L'air était sec et il faisait aussi chaud que dans une fournaise. Il n'y avait aucun mouvement d'air et l'odeur qui y régnait n'était pas des plus agréables. C'était un mélange de terre, de feu et de nourriture. 

À présent, Cleena sentait pour la première fois une odeur différente, beaucoup plus douce à son odorat. Elle avait l'impression de rêver. Le hululement d'une chouette la fit sursauter et son nouveau compagnon se retint de rire avec difficulté. 

La jeune fille regarda autour d'elle. Ils étaient dans une immense clairière et un peu plus loin se trouvaient des arbres dont le bruissement des feuilles lui parvenait jusqu'aux oreilles. Elle n'en avait jamais vu. Cleena fut fascinée par leur hauteur. Ils étaient aussi grands que les maisons ! Le vent avait l'air de s'engouffrer entre les branches, les secouant à son passage. 

Une chauve-souris vola juste au-dessus de sa tête et elle se baissa instinctivement, les mains sur sa capuche, comme pour se protéger. Elle ne put retenir un petit cri de sortir de sa bouche. Cette fois-ci, son compagnon se mit à rire franchement.

— Je t'interdis de te moquer de moi ! s'exclama Cleena.

— Je ne me moque pas, c'est amusant de te regarder découvrir le monde. Je ne voudrais pas te brusquer dans ta contemplation, mais il faudrait qu'on aille se cacher en forêt. Ici, on est visible de tous.

— Ah oui, c'est vrai, j'avais momentanément oublié la raison pour laquelle j'admire ce ciel.

— Comment peut-on oublier un truc pareil ?

Cleena se contenta de hausser les épaules en guise de réponse. Elle suivit l'homme surnommé Traqueur de la Nuit qui se dirigeait vers la lisière du bois qui s'élevait en face d'eux. Elle se fit la remarque que l'atmosphère du monde souterrain n'avait rien à voir avec la lumière de la nuit contrairement à ce qu'elle avait pu entendre. 

Certes, il faisait sombre dans les deux cas et c'était difficile de voir où mettre ses pieds. Cependant, l'éclairage de Spelunca était fait à partir des flammes qui brûlaient continuellement dans les lanternes accrochées un peu partout dans la ville. 

À la surface, c'était différent. C'était la Lune qui éclairait la Terre d'une lueur blanche, beaucoup plus étincelante. Elle avait un air féérique, alors que dans le bas monde, il y régnait plus une atmosphère venue des enfers.

Les deux nouveaux compagnons commencèrent à avancer vers l'entrée de la forêt lorsque Cleena s'arrêta brusquement. Le jeune homme crut qu'elle avait aperçu quelque chose ou qu'il y avait un souci et il sentit son cœur battre plus vite. Mais quand il vit la fille retirer ses chaussures, il poussa un soupir d'exaspération. Cette fille ne pouvait-elle pas faire comme tout le monde ? Cleena releva les yeux vers lui, un grand sourire aux lèvres.

— La sensation de l'herbe est si douce ! C'est si agréable ! s'exclama-t-elle. Tu devrais essayer !

Sur ces propos, Cleena tenta d'enlever les bottines du garçon qui se dégagea rapidement de son emprise.

— Ne touche pas à mes chaussures ! s'écria-t-il alors.

— Tu ne sais pas ce que tu rates, marmonna Cleena.

Ils continuèrent d'avancer en silence puis finirent par s'engouffrer dans la forêt. Cleena effleura l'écorce des arbres de ses doigts. C'était aussi rêche que ça en avait l'air. Elle ne voyait plus le ciel à cause des épais feuillages. 

Au coeur du Chaos - Les ailes du démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant